Letang Malkin Crosby

MANALAPAN, Floride – Kyle Dubas est comme un livre ouvert quant à sa philosophie et à son plan pour les Penguins de Pittsburgh.

L’équipe doit demeurer compétitive lors des dernières saisons de Sidney Crosby, Evgeni Malkin et Kris Letang, tout en se rajeunissant.

« C’est ce qui dicte nos décisions », a martelé Dubas, qui en est à sa première saison comme président des opérations hockey et directeur général des Penguins. « Comment demeurer compétitifs tout en nous assurant de ne pas arriver avec seulement des solutions à court terme qui vont placer l’équipe en mauvaise posture à long terme? Il s’agit de notre objectif. »

Le problème est que les Penguins vont vraisemblablement rater les séries éliminatoires de la Coupe Stanley pour une deuxième saison consécutive. Ils ont neuf points de retard sur la dernière place donnant accès au tournoi printanier avec 13 matchs à jouer. Ils se mesureront à l’Avalanche du Colorado au Ball Arena, dimanche (14 h HE; TVAS, SN360, SN-PIT, MAX, TNT).

Cela dit, Dubas garde le cap avec son approche, même si ça signifie qu’il devra peut-être prendre des décisions qui iront à l’encontre de ce que veulent les joueurs du noyau des Penguins et leurs partisans.

Prenez Jake Guentzel par exemple. Le populaire attaquant a été échangé aux Hurricanes de la Caroline le 7 mars en retour de Michael Bunting, d’un paquet d’espoirs et de choix au repêchage.

Guentzel a remporté la Coupe Stanley avec les Penguins en 2017 et il a été une de leurs vedettes pendant huit saisons, peut-être même le meilleur compagnon de trio que Crosby ait jamais eu. Mais son contrat venait à échéance. Et à 29 ans – 30 ans au début de la prochaine saison – il représentait un actif qui permettait aux Penguins de se rajeunir.

La transaction n’a pas été bien accueillie. Dubas s’y attendait.

« Tu marches sur un mince fil, et quand des joueurs ont du succès comme lui, si on pense que tu n’as pas tout fait pour le garder, on voit ça comme une déception, a-t-il dit. Je le savais en débarquant ici, et ça fait partie de mon rôle. Il y aura des décisions difficiles qui ne seront pas alignées avec ce que le public ou même les gens dans la sphère du hockey pensent qu’il faut faire avec des joueurs qui ont eu du succès avec l’équipe. Mais tu dois toujours faire ce qui est le mieux pour le succès à long terme des Penguins de Pittsburgh. »

Trouver l’équilibre est difficile, a admis Dubas.

« Ce n’est pas noir ou blanc; compétitionner pour la Coupe Stanley ou rebâtir complètement, a-t-il argumenté. C’est différent. La situation est atypique, et le portrait n’est pas clair comme de l’eau de roche en ce qui a trait à l’échéancier et aux transactions que nous devons faire. »

Ce qui signifie que Dubas va peut-être prendre d’autres décisions qui ne plairont pas aux gens, incluant ceux qui évoluent au sein de l’organisation des Penguins depuis longtemps.

« Souvent, je vais leur demander leur opinion, car elle est importante, mais je pourrais devoir aller à l’encontre de leur opinion, a affirmé Dubas. Ils ne seront pas nécessairement contents. Mais au fil du temps, si nous prouvons que nous avons pris les bonnes décisions, nous allons gagner leur confiance et leur respect. »

Dubas est bien au fait des risques, le plus grand étant que les Penguins pourraient se retrouver en milieu de peloton du classement de la LNH dans les dernières saisons de l’ère Crosby, Malkin et Letang.

Ce risque peut-il être atténué?

« Ce sont des choses ennuyantes dont personne ne veut vraiment parler, mais quand il est question des joueurs de ta formation, il faut que le département du développement des joueurs, de la recherche et développement, des statistiques avancées et du perfectionnement des habiletés soient optimisés et sur la même longueur d’onde, a répondu Dubas. Il faut qu’ils nous aident à éviter cette période d’errance qui guettent les équipes qui ont connu du succès et qui tentent de garder leur fenêtre ouverte le plus longtemps possible. En faisant cela, ils se retrouvent souvent avec une banque d’espoirs et de choix au repêchage bien mince. »

Mais tout repose quand même sur Dubas. C’est lui le responsable, après s’être nommé DG le 3 août, deux mois après avoir été embauché comme président des opérations hockey le 1er juin.

Il est essentiellement seul sur son île.

« C’est correct, a-t-il assuré. Je suis à l’aise avec ça. »

Il est d’avis que la situation est différente de son passage avec les Maple Leafs de Toronto, où il avait a été embauché en 2014 comme DG adjoint et avait pu passer trois saisons sous l’aile de Lou Lamoriello, qui s’est amené comme DG en 2015, avant de prendre les commandes de l’organisation en 2018.

« J’ai été là tout le temps, a dit Dubas. Ici, j’arrive à un moment différent, alors que le groupe vieillit et que le personnel et les joueurs sont ici depuis près de deux décennies dans certains cas. »

Dubas a également dû faire face à la critique à Toronto. Mais il a appris à composer avec la critique il y a 13 ans, quand il a été embauché comme DG des Greyhounds de Sault Ste. Marie dans la Ligue de hockey de l’Ontario en 2011. Il a appris que tu dois parfois être le DG qui prend des décisions impopulaires pour le bien de l’équipe à long terme.

« J’avais 25 ans, et (les Greyhounds), c’est la seule activité dans la ville. Tout le monde te connaît, toi et ta famille. Les gens n’hésitent pas à venir te voir et à te dire pourquoi ils ne sont pas d’accord avec tes décisions, a-t-il raconté. Je suis chanceux d’avoir pu vivre cette expérience ainsi que celle à Toronto. Nous allons faire des erreurs dans ce boulot, dont certaines qui seront très évidentes, et les gens auront raison d’être très critiques à ton endroit, parce que c’est mérité. Mais si tu laisses ces critiques avoir un impact sur ta prise de décision et sur ton plan, c’est ta fin. »

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