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NEW YORK – Le mot résonnait aux quatre coins du vestiaire des Rangers de New York.

« Chances » par ci, « chances » par là. Pendant que Mika Zibanejad parlait de chances ratées d’un côté de la chambre, Adam Fox faisait la même chose à l’autre extrémité. Le capitaine Jacob Trouba venait de quitter l’enceinte en tenant à peu près le même discours. Comme une chanson en canon.

« On a eu de bonnes chances, on a saisi des retours, mais on doit trouver une façon d’en mettre quelques autres derrière lui », plaidait Trouba après le revers de 3-2 des siens face aux Panthers de la Floride au Madison Square Garden, jeudi.

Le « lui » en question, c’est Sergei Bobrovsky. Le gardien de la formation floridienne a bien fait en repoussant 25 lancers, mais il n’est pas la raison principale pour laquelle les Rangers se retrouvent désormais en retard 3-2 dans la série.

En fait, les joueurs des Rangers ont vraiment mis le doigt sur le bobo. Leur manque d’opportunisme commence à devenir l’histoire de cette finale de l’Est, et le temps commence à presser.

« On savait que ce serait une série serrée défensivement, a souligné l’entraîneur Peter Laviolette. On avait vu leur façon de jouer en saison, et surtout en séries. On était au courant que ce ne serait pas du jeu ouvert et qu’on n’obtiendrait pas 40 chances de marquer par match.

« Le point étant que l’on doit profiter des chances que nous générons. On n’a pas été capables de le faire. On a eu des occasions, des chances… Ça n’a pas rentré. Et ce match s’est joué sur un but. »

Il y a bien sûr eu le but de Chris Kreider, qui a donné les devants aux siens en deuxième, et celui d’Alexis Lafrenière qui a de nouveau réduit l’écart à un but en toute fin de match, mais il n’y a pas eu le but assommoir. Celui qui aurait mis le feu au MSG et qui aurait ralenti les ardeurs des Panthers – autant que possible.

C’est plutôt Anton Lundell qui l’a marqué, celui-là. L’attaquant finlandais a donné les devants aux siens avec moins de 10 minutes à écouler pour mettre toute la pression dans le camp new-yorkais. Sam Bennett a fait 3-1 dans un filet désert, et Lafrenière a redonné un peu d’espoir aux siens, en vain.

« On a généré de bonnes chances en troisième, a fait valoir Trouba. On a obtenu quelques retours qui sont passés très près de rentrer. On a raté de peu et ç’a été la différence. Ce ne sont pas toujours des choses qu’on ne fait pas, il y a aussi des choses qu’ils font bien. »

La porte s’est ouverte

L’histoire du match ne s’est toutefois pas écrite seulement quand Lundell a jeté une douche froide sur le mythique amphithéâtre. Ça s'est passé bien avant.

Prenez le début de la deuxième période, par exemple. Kreider marque en infériorité numérique en tout début d’engagement, et les Rangers obtiennent un jeu de puissance, moins de deux minutes plus tard. L’occasion aurait été belle de doubler l’avance et de prendre le contrôle du match. Mais rien.

Même chose quand Niko Mikkola avec 6:58 d’écoulées à la troisième. Les hommes de Laviolette ont tourné, tourné et tourné sans toutefois défier Bobrovsky – ils n’ont dirigé qu’un tir au but. Une minute 24 secondes après le retour de Mikkola dans la mêlée, Lundell faisait 2-1.

FLA@NYR: Lundell brise l'égalité en 3e période

« Je ne sais pas comment expliquer le fait qu’on ne soit pas en mesure d’aller chercher ce fameux but, a avancé Zibanejad après une longue pause. Nous avons le meilleur gardien. Ils ont un très bon gardien aussi. On a eu des chances, mais ça n’a pas rentré. Il ne faut pas laisser ça nous affecter. »

Ça doit quand même commencer à tracasser les joueurs des Rangers. On a beau pointer du doigt l’inefficacité de l’avantage numérique – 1-en-14 dans la série – les hommes de Laviolette peinent aussi à marquer à forces égales. Jeudi, ils ont touché la cible en infériorité et à 6-contre-5.

Ils ont été limités à deux buts ou moins pour la quatrième fois de la série, eux qui en avaient inscrit au moins trois à leurs huit premières sorties de ce tournoi printanier. Les Panthers représentent bel et bien une bête différente.

EN PROLONGATION

Le chiffre du match : 6

Les Rangers ont inscrit leur sixième but en désavantage numérique dans ces séries, l’œuvre de Kreider au deuxième vingt. Les 15 autres équipes ayant pris part au tournoi printanier en totalisent huit.

Un réveil au bon moment

Le trio de Lundell, Eetu Luostarinen et Vladimir Tarasenko s’était fait bien discret au cours des 40 premières minutes. Les trois complices ont toutefois donné le ton avec quelques présences incisives en début de troisième période, obtenant quelques chances à l’embouchure du filet. 

Luostarinen est même passé bien proche de déjouer Igor Shesterkin, auteur de 34 arrêts, en ramenant la rondelle et en tirant entre ses jambes. Tout ça pour dire qu’on sentait que le but s’en venait.

« On savait qu’il était temps d’élever notre jeu d’un cran », a dit Lundell, qui a marqué son troisième des séries. « On voulait donner du rythme et de l’énergie au reste de l’équipe et on a fait de notre mieux. On a obtenu quelques chances et on a ensuite marqué. Ç’a été énorme pour nous. »

Le grand déblocage

Il fallait bien une infériorité numérique pour permettre aux canons des Rangers d’enfin débloquer. Kreider a enfilé son premier but de la série en acceptant la remise de Zibanejad, son premier point de la série, pour s’échapper et déjouer Bobrovsky en deuxième.

Zibanejad a ajouté une deuxième mention d’aide sur le but de Lafrenière, et Kreider a reçu l’autre. C’est du positif sur lequel bâtir pour les Rangers, qui auront grand besoin de leurs vedettes offensives au prochain match.

« Ils ont été bons ce soir, a dit Laviolette. Ils sont arrivés avec de bonnes intentions. Chris a été visible sur la patinoire et j’ai trouvé que Mika a réussi plusieurs bons jeux en lui refilant la rondelle. »

FLA@NYR: Kreider brise l'impasse en I.N.

Le Laffy des séries

Le rendement offensif de Lafrenière a fait couler beaucoup d’encre depuis le début des séries. Et avec raison. Avec ses huit buts et 14 points en 15 matchs, il est le quatrième meilleur pointeur de son équipe.

La feuille de match et les angles de la télévision ne permettent toutefois pas de prendre pleinement conscience de son apport sur la patinoire. L’attaquant québécois a tout simplement le couteau entre les dents. Il termine ses mises en échec et ne se gêne pas pour jouer du bâton derrière le jeu.

Il a de loin été l’attaquant offensif des Rangers le plus impliqué physiquement pendant le jeu et après les coups de sifflet. Parlez-en aux avant-bras de Mikkola…