Hyman Nylander Leafs

Il a été fascinant d'observer l'évolution des Maple Leafs de Toronto au cours des derniers mois. Après avoir fait maison nette dans l'équipe de direction au cours de l'été, les nouveaux responsables, le directeur général Lou Lamoriello en tête, travaillent maintenant à construire les fondations d'une puissance de la LNH. Ce qui ne manque pas de frapper, lorsqu'on s'y attarde de plus près, c'est de voir à quel point cette administration a travaillé vite et bien. Même si les résultats sur la glace ne payent pas de mine, la progression de l'organisation au cours des huit derniers mois a été saisissante.
Les Maple Leafs, s'ils étaient, après la saison dernière, relativement pauvres en talents, ont pour eux un avantage que peu d'autres équipes ont : un budget pour ainsi dire illimité. Si la convention collective impose, par les règles de plafond salarial, de salaire maximum ou encore sur les règles de rachat de contrat, un certain nombre de limites bien concrètes au pouvoir de dépenser des plus riches, les possibilités sont néanmoins nombreuses.

L'art d'utiliser son argent
Dès l'été dernier, les Maple Leafs ont ainsi montré qu'il ne suffit pas d'être riche, encore faut-il savoir dépenser son argent. Cette administration a montré, dès l'ouverture du marché des agents libres de l'été 2015, être pleinement consciente d'un phénomène que
le chroniqueur Travis Yost, de TSN, a si bien décrit
. Depuis le début de la saison 2005-06, la part des salaires consacrés à payer des joueurs âgés de 31 à 35 ans est passée de 35 à 25 pour cent.
Fort de ce constat, les Maple Leafs ont pigé, par les agents libres et par les échanges, dans ce bassin de joueur pour ramasser un groupe d'athlètes dont les contrats aux salaires raisonnables ne s'échelonnaient pas sur un nombre exagéré de saisons. L'objectif était ici limpide : vous signez chez nous et, si vous faites bien, on peut vous échanger à une équipe dans la course aux séries à la date limite des transactions dans la LNH.
Ainsi, comme
le soulignait James Mirtle dans le Globe and Mail
, des joueurs comme PA Parenteau, Brad Boyes et Michael Grabner ont en fait été surpris de ne pas avoir été échangés. Le marché, il faut le dire, n'a pas été ce qu'on pensait une fois rendu à la limite, la plupart des équipes de têtes affichant des formations déjà bien complètes.
Quand même, les Maple Leafs ont battu le marché en lançant la vente de saison quelques semaines plus tôt. L'échange monstre de Dion Phaneuf est un exemple parlant de cette volonté affichée par les Maple Leafs d'utiliser leurs goussets profonds pour préparer l'avenir. Le fait que, une fois réparti le salaire de neuf joueurs impliqués, Toronto se trouve à permettre aux
Sénateurs d'Ottawa d'épargner 4,5 millions $ en salaires l'an prochain a certainement pesé très lourd dans la balance
.
Au repêchage, quantité et qualité vont de pair
Mais il y a plus. Les Maple Leafs ont
tout de même sorti pas moins de 11 joueurs et un choix
au repêchage dans le dernier mois, en retour desquels on a ramassé 10 joueurs (pour la plupart en fin de contrat) et six choix au repêchage, deux par saison au cours des trois prochaines séances.
Au total, la cueillette est imposante : en juin, les Maple Leafs choisissent deux fois dans toutes les rondes à l'exception de la cinquième et de la septième. Et ils ont déjà deux choix de deuxième ronde supplémentaires d'accumulés en 2017. Le repêchage est un jeu de hasard auquel les grands gagnants sont ceux qui repêchent le plus souvent. On l'a compris à Toronto et on s'applique avec zèle à multiplier les lignes lancées à l'eau.
Un autre grand ménage à venir
On a lancé les auditions, lundi soir, contre le Lightning de Tampa Bay. Connor Carrick (21 ans), Nikita Soshnikov (22 ans), Kasperi Kapanen (19 ans) et, bien sûr, William Nylander (19 ans) ont connu leur baptême du feu. Avec, notamment, Mitch Marner (18 ans) qu'on devrait voir dans la LNH l'an prochain, ces joueurs forment le noyau de demain. Sachant que quelques collègues devraient s'ajouter de la cuvée 2016, on parle d'un noyau de joueurs qui va commencer à arriver à maturité en 2017-18, alors que les plus avancés d'entre eux auront entre 21 et 24 ans.
En plus de ces jeunes premiers, Nazem Kadri, Peter Holland et Jake Gardiner auront 27 ans, James Van Riemsdyk 28 ans, Morgan Rielly 23 ans, Jonathan Bernier 29 ans et Garret Sparks 24 ans. Ce sont ceux des membres de l'édition actuelle des Maple Leafs qui seront selon moi encore là.
Les autres, des joueurs comme Tyler Bozak (29 ans), Joffrey Lupul (32 ans), Milan Michalek (31 ans), feront partie de la vente de feu à pareille date l'an prochain ou, si on ne peut les échanger, seront tout simplement rachetés à l'été 2017.
Une reconstruction bien avancée
L'avenir des Maple Leafs n'est pas encore assuré, mais il faut souligner que les grands traits de cette reconstruction sont déjà bien établis, avec un noyau de joueurs connu et avancés. De la multitude de choix au prochain repêchage, seul celui qui devrait se trouver dans les cinq premiers est susceptible de s'y greffer. Les autres progresseront plus normalement et commenceront à arriver dans la LNH dans cinq ans.
En d'autres termes, même s'il y a encore beaucoup de travail à faire sur la glace pour donner à ce groupe naissant une identité gagnante (c'est pourquoi on a engagé Mike Babcock!), l'administration est déjà en train de préparer la relève de la relève. Dans une ligue de plus en plus jeune, c'est une discipline à laquelle toutes les équipes doivent désormais s'astreindre. La grande reconstruction torontoise n'est pas terminée, mais elle est déjà bien plus avancée qu'on ne pourrait le croire.