Quoiqu’il arrive d’ici la fin de la campagne, les Canadiens sont en voiture avec un jeune leader de la trempe de Suzuki et un arrière élite comme Hutson. Leur présence va tracer la ligne directrice à Montréal pour des années.
Tu as besoin de joueurs comme eux si tu veux aspirer aux séries éliminatoires et à la Coupe Stanley, mais leur impact ira aussi au-delà de la patinoire. Je pense qu’ils vont permettre au CH d’attirer de bons joueurs autonomes, ce qui n’a pas toujours été simple dans les dernières années. Le talent attire le talent, et toutes les équipes voudraient avoir un Suzuki et un Hutson dans leurs rangs. Le CH ne serait tout simplement pas au même endroit sans eux.
D’ailleurs, je me dois de prendre quelques lignes pour m’attarder au rendement de Hutson. J’ai joué pendant 17 saisons dans la LNH et je peux vous dire une chose : peu de défenseurs auraient été capables de servir une passe comme celle de Hutson pour Suzuki dimanche.
Il y a beaucoup de bons joueurs dans la LNH, mais peu de joueurs exceptionnels, et Hutson appartient à la deuxième catégorie. Les joueurs comme lui débarquent dans la LNH et sont dominants dès le jour 1. Pensez aux Sidney Crosby, Phil Housley ou Dale Hawerchuk. Ils ont eu un impact immédiat avec leur équipe respective, et on voit la même chose avec Hutson.
Je ne veux toutefois pas comparer davantage Hutson à ces trois joueurs, car je n’aime pas trop le jeu des comparaisons. On commence à dresser un parallèle avec le défenseur de l’Avalanche du Colorado Cale Makar, et c’est déjà exceptionnel en soi que Hutson soit mentionné dans la même phrase que lui. Cela étant, ces deux défenseurs ont un style qui leur est propre. Il n’y a qu’un seul Cale Makar, et je pense qu’il n’y aura qu’un seul Lane Hutson aussi.
À mon avis, Hutson est le favori pour remporter le trophée Calder à titre de recrue de l’année. Il est à égalité avec Victor Hedman au quatrième rang parmi tous les défenseurs de la LNH au chapitre des points (59) en 73 matchs et il est le meilleur pointeur chez les recrues de la Ligue.
Je vais prêcher pour ma paroisse, mais je n’ai pas le choix d’accorder une plus grande valeur à un point de défenseur plutôt qu’à un point d’attaquant. C’est ce qui fait que Hutson se démarque des Macklin Celebrini et Matvei Michkov, selon moi. Sans compter que les Canadiens sont dans la course aux séries en grande partie grâce à lui. Pour moi, c’est un autre facteur qui pèse énormément dans la balance.
Ne pas oublier les vétérans
On s’épate tellement du rendement des Hutson, Suzuki, Cole Caufield et Juraj Slafkovsky qu’on en vient parfois à oublier l’apport des vétérans.
Les jeunes équipes comme Montréal ont besoin de joueurs d’expérience pour guider les jeunes, notamment quand les choses vont moins bien. Le défenseur David Savard l’a démontré pas plus tard qu’il y a quatre jours, alors que le Tricolore s’apprêtait à affronter les Hurricanes de la Caroline après avoir perdu quatre matchs de suite (0-2-2).
« Peut-être qu’on devient un peu trop confortables dans nos séquences de victoires, a martelé Savard. On laisse des choses glisser un peu. On pense qu’on est peut-être meilleurs que ce qu’on est. On est bons quand on garde ça simple et que tout le monde prend ses responsabilités. »
C’est le genre de message qu’une jeune équipe doit entendre pour se ressaisir. Pour moi, ça témoigne de la place importante que les vétérans occupent dans le vestiaire et de l’ascendant qu’ils exercent sur leurs jeunes coéquipiers.
J’aime aussi le fait qu’ils ont tous accepté leur rôle, même s’il est parfois différent que par le passé. Je pense entre autres à Mike Matheson, qu’on aime critiquer. Il a accepté des responsabilités différentes en raison de l’émergence de Hutson, sans rechigner. Il fait passer l’équipe avant ses propres intérêts.
Un Josh Anderson a été placé dans un rôle de soutien, alors que l’on comptait sur lui pour produire offensivement par le passé. Aujourd’hui, l'ailier écoule des punitions et forme un trio d’énergie crucial au CH avec Brendan Gallagher et Christian Dvorak.
Ce ne sont que quelques exemples qui démontrent que pour être dans le fameux mix, tu as besoin d’un tout, et les vétérans en font partie, même s’ils ne sont pas sous les projecteurs.
*Propos recueillis par Hugues Marcil, pupitreur LNH.com.