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S'il voulait trouver une manière de faire parler de lui à l'approche de l'une des saisons mortes les plus chargées des dernières années dans la LNH - avec le repêchage d'expansion du Kraken de Seattle - Éric Gélinas n'aurait pas pu trouver meilleur moyen d'y parvenir.

Trois ans après avoir disputé son dernier match en Amérique du Nord, avec le Rocket de Laval, le défenseur québécois, qui s'aligne désormais avec le Rögle BK d'Ängelholm, a conclu la saison de la Ligue élite de Suède (SHL) au quatrième rang des défenseurs les plus productifs du circuit.
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Sa récolte de 34 points, dont huit buts, en 46 matchs lui a permis de maintenir la meilleure moyenne de points par match (0,74) chez les arrières de la Ligue. Son équipe a pris le deuxième rang du classement général et attend de savoir quelle équipe elle affrontera en quarts de finale des séries éliminatoires.
« Personnellement, j'avais mis la barre haut et je voulais avoir une grosse saison, a-t-il affirmé. Le fait d'avoir une aussi bonne équipe aide assurément au chapitre des performances individuelles. Dans l'ensemble, je suis pas mal content des résultats. »
« J'ai beaucoup aimé le côtoyer cette saison », a expliqué Moritz Seider, son partenaire à la ligne bleue et espoir des Red Wings de Detroit. « Il a beaucoup de plaisir à jouer et il a une énergie contagieuse. Il vit dans le moment présent. Il veut tout faire en son pouvoir pour avoir la chance de jouer à nouveau dans la LNH.
« Il le mérite parce qu'il est l'un des meilleurs défenseurs de la SHL. Je ne vois pas pourquoi une équipe ne lui donnerait pas sa chance. »
Gélinas a disputé son dernier match dans la LNH le 4 février 2017, alors qu'il portait l'uniforme de l'Avalanche du Colorado. Depuis, il a évolué dans la Ligue américaine de hockey (LAH), dans la Ligue continentale de hockey (KHL) et en est désormais à sa deuxième saison complète dans la SHL.
À presque 30 ans, il garde espoir d'évoluer à nouveau un peu plus près de la maison. Alors que sa saison tire à sa fin, LNH.com en a profité pour prendre des nouvelles de son aventure suédoise.
Ton équipe, le Rögle BK, vient de connaître la meilleure campagne de son histoire (31-12-9) et semble en bonne position pour faire un bon bout de chemin en séries. Qu'est-ce qui a été la clé de vos succès cette saison?
« Depuis que les deux frères Abbott - Cam est l'entraîneur-chef et Chris est le directeur général - ont pris le contrôle du club, ils ont fait du travail exceptionnel pour changer le visage de l'organisation et bâtir une équipe qui est dans les hauteurs du classement pour une deuxième année de suite. On vient de connaître la meilleure saison dans l'histoire de l'organisation. Nous sommes dangereux dans plusieurs facettes du jeu, et je pense qu'on pourrait faire des dommages en séries éliminatoires. »
Quand tu parles de changement au sein de l'organisation, est-ce que c'est davantage au niveau de la culture d'équipe ou bien au chapitre du talent des joueurs qu'elle recrute?
« Je crois que c'est une combinaison des deux. Ils consultent beaucoup les joueurs pour en connaître plus sur ceux qu'ils ont dans leur mire. La première question qu'ils posent, c'est à propos de leur personnalité. Ils ont bâti l'équipe avec des personnalités assez semblables. Je peux ouvertement dire que c'est l'année la plus agréable que j'ai eue du point de vue de la chimie. Tout le monde s'entend bien, et on a du plaisir à aller travailler chaque jour. Ils ont mis l'accent là-dessus à tous les niveaux de l'organisation, et ça donne les résultats qu'on voit en ce moment. »
C'est seulement ta deuxième saison complète avec l'équipe, mais on t'a déjà confié le poste d'adjoint au capitaine. Penses-tu que c'est parce que tu incarnes ce que les dirigeants recherchent au sein de leur équipe?
« L'expérience a beaucoup à voir avec ça; je crois qu'on est l'une des équipes les plus jeunes de la Ligue. Notre capitaine a aussi joué dans plusieurs ligues à différents niveaux, mais je suis l'un de ceux qui ont le plus d'expérience. J'essaie de partager ce que j'ai appris par le passé, que ce soit pour les habitudes de travail, la façon dont je m'entraîne sur la glace et en gymnase et à quel point je prends ça au sérieux. C'est ce qu'ils cherchent à avoir dans l'équipe.
« L'entraînement et la préparation sont des choses que je prends de plus en plus à cœur en vieillissant, et je suis bien là-dedans. C'est bon pour les jeunes de 18 à 20 ans d'arriver et de voir comment je m'entraîne et comment je porte attention aux détails. C'est ce qu'ils recherchent comme leader. »
La situation de la Suède a retenu l'attention au début de la pandémie. Comment s'est déroulée votre saison dans les circonstances?
« Il n'y a pas nécessairement eu d'arrêts dans la saison. Toutes les équipes ont été touchées à un moment ou à un autre. Il y a eu des matchs remis et la saison a été allongée de quelques semaines. Il n'y a pas eu beaucoup d'embûches mis à part le fait qu'il n'y avait pas de partisans. La Suède a été assez souple du côté des restrictions et ç'a été relativement facile par rapport à ce qui s'est passé au Québec.
« Il y avait quand même quelques restrictions comme les restaurants qui fermaient à 20h et une limite de huit personnes, mais je n'ai pas vécu avec le masque et il n'y a pas eu de confinement. »
Malgré le fait que les partisans n'avaient pas accès à l'aréna, est-ce que vous sentez un engouement dans la ville avec la saison que vous venez de connaître et le début des séries éliminatoires?
« On a senti le soutien des amateurs tout au long de la saison. Il y a eu beaucoup de conversations au sujet des réductions de salaire pour les joueurs en raison des baisses de revenus, mais ça n'a pas été si catastrophique parce que les partisans nous ont aidés grandement. Plusieurs détenteurs d'abonnements de saison ont décidé de faire un don à l'organisation au lieu de reprendre leur argent et ç'a fait une grande différence. On sent que si on gagne le championnat, cette ville nous traiterait comme des légendes pour le reste de notre vie. Ils sont fanatiques à ce point-là! J'ai hâte de voir ce que ce sera en séries. »