Décès du prolifique marqueur Mike Bossy
L'ailier droit québécois des Islanders de New York a été le deuxième joueur de l'histoire à réussir 50 buts en 50 matchs en saison régulière
© B Bennett/Getty Images
Un des plus grands francs-tireurs dans l'histoire de la LNH, Bossy a terrorisé les gardiens dans les années 1970 et 1980. Le Québécois natif de Montréal a réussi 573 buts en seulement 752 matchs, ajoutant 553 passes pour totaliser 1126 points en 10 saisons, au cours de sa carrière écourtée en raison de maux de dos. Il a dû se résoudre à accrocher ses patins au terme de la saison 1986-87, à l'âge de 30 ans seulement.
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« Marquer des buts était une obsession pour lui », a déjà affirmé son grand complice Bryan Trottier. « Ça le fâchait quand il n'en obtenait pas dans un match. »
Bossy a surpassé la marque des 50 buts dès sa première saison dans la LNH 1977-78 (53), mettant la main sur le trophée Calder à titre de recrue par excellence. Il allait enchaîner avec huit autres saisons de 50 buts et plus pour un total de neuf consécutives, un exploit inégalé.
Même Wayne Gretzky, qui a également connu neuf saisons de 50 buts et plus, n'a réussi que huit saisons d'affilée!
Bossy et Gretzky partagent le record du plus grand nombre de saisons de 60 buts et plus, soit cinq. Bossy possède toutefois le meilleur ratio buts-matchs de toute l'histoire, avec un but dans 76 pour cent des matchs.
Cinquante en 50!
Un fait d'armes dont il s'enorgueillissait a été de marquer 50 buts en 50 matchs au cours de la saison 1980-81 -- 36 ans après que Maurice Richard eut été le premier à le faire. Il a atteint le plateau de façon dramatique, le 24 janvier 1981, en déjouant le gardien des Nordiques de Québec John Grahame à deux reprises dans les cinq dernières minutes de la rencontre.
Son arrivée chez les Islanders en 1977 a propulsé l'équipe vers les plus hauts sommets. Avec 85 buts en 129 matchs en séries éliminatoires, un record au moment de sa retraite, il a été un ingrédient essentiel de la dynastie des Islanders, vainqueurs de la Coupe Stanley quatre fois entre 1980 et 1983.
Bossy a été le joueur par excellence d'une d'entre elles, en 1982, en remportant le trophée Conn Smythe.
Sur la scène internationale, il a aidé le Canada à être finaliste au tournoi de la Coupe Canada en 1981 et à remporter le titre en 1984.
Il a fait son entrée au Temple de la renommée par la grande porte en 1991. Les Islanders ont immortalisé son numéro 22 en 1992. À l'occasion du centenaire de la LNH, en 2017, il a été honoré à titre d'un des 100 plus grands joueurs de l'histoire.
Ultra précoce
Né le 22 janvier 1957, dans le quartier Ahuntsic de Montréal, Bossy est le sixième d'une famille de 10 enfants de Borden Bossy et de son épouse de souche britannique, Dorothy. C'est une « machine à scorer » dès qu'on lui met un bâton de hockey entre les mains. Il donne ses premiers coups de patin sur la patinoire aménagée à l'extérieur de la résidence familiale. Dès l'âge de 5 ans, il joue contre des enfants plus vieux. Il brûle les étapes jusqu'au moment de joindre les rangs de la LHJMQ chez les Nationals de Laval, à tout juste 16 ans.
Il se fait rudoyer, ses adversaires empruntant toutes les tactiques d'intimidation inimaginables. Ça ne l'empêche toutefois pas de remplir les filets, avec 309 buts en quatre saisons et plus.
Malgré ses exploits, plusieurs recruteurs le considèrent comme un joueur craintif et peu habile en défense. Au repêchage en 1977, 12 équipes lèvent le nez sur lui en première ronde, incluant les Canadiens de Montréal. Les Rangers de New York et les Maple Leafs de Toronto le font même deux fois, avant que les Islanders n'appellent son nom au 15e échelon. Le directeur général de l'équipe Bill Torrey ne croit pas en la chance qu'il a.
Bossy n'est pas le plus costaud (6 pieds, 185 livres). Même qu'à première vue l'entraîneur des Islanders Al Arbour le trouve chétif et sujet aux blessures. Il a tôt fait de comprendre qu'on ne devait pas se fier aux apparences.
« J'ai possiblement développé mes mains, que les recruteurs qualifient de « vives », et ma dégaine rapide par un mécanisme d'autodéfense plus qu'autre chose », avait écrit Bossy dans sa biographie anglaise intitulée "Boss: The Mike Bossy Story". « J'ai dû apprendre à faire des passes rapidement et à tirer vite afin d'éviter d'être frappé dès que j'avais la rondelle. »
Effectivement la cible de nombreux coups sournois, Bossy n'hésite jamais à décrier la violence au hockey. Il prêche par l'exemple sur la glace, lui qui se voit attribuer trois fois le trophée du plus gentilhomme, le Lady Byng.
Sa détermination et sa capacité à se faire oublier lui permettent de faire fi des agressions physiques. Il ne manque pas de cran et de confiance en soi. À son premier camp d'entraînement à New York, il lance à Torrey qu'il marquera 50 buts.
L'entraîneur Arbour lui donne l'occasion de le faire en le jumelant à Trottier et au robuste Clark Gillies. Les trois seront inséparables pendant plusieurs saisons, le trio héritant du surnom « Trio Grande ».
Après avoir réussi 53 buts, Bossy montre que la chance n'a rien eu à voir dans les succès qu'il connaît comme recrue, en enchaînant avec 69 filets à sa deuxième saison. Ça demeurera son sommet personnel.
En 1981-82, il amasse 83 aides et 147 points, des sommets à l'époque pour un ailier droit.
Bossy trouve même le moyen d'être à son mieux quand ça compte le plus. En 1982, il obtient sept buts en Finale, égalant un record de Jean Béliveau, permettant aux siens de balayer les honneurs de la série contre les Canucks de Vancouver. Un de ses buts, obtenu dans le match no 3, est peut-être le plus spectaculaire de sa carrière. Seule la lame de son bâton touche à la glace au moment où il soulève la rondelle du revers dans le haut des cordages.
Affecté par des maux de dos depuis quelque temps, Bossy dispute sa dernière saison dans la douleur en 1986-87. Ç'a été sa pire saison, avec un modeste 38 buts à sa fiche en 63 matchs. Il doit se résoudre à faire l'impasse sur « Rendez-Vous 87 », la série de deux matchs contre les Soviétiques présentée à Québec en remplacement du Match des étoiles. Au terme de la saison, il annonce sa retraite.
De retour à Laval, Bossy oeuvre dans la vente et comme analyste à la radio et à la télévision. Les Islanders le ramènent dans leur giron en 2006, en lui offrant un poste au sein du département des ventes et marketing. Il revient au Québec au tournant des années 2010, où il renoue avec les communications en joignant le réseau de télé TVA Sports à Montréal.