Demidov, comme dans un film

LAS VEGAS – « Vous savez, c’est formidable. C’est comme un livre, comme un film. Mais c’est pour moi. Oui, c’est cool. »

Ivan Demidov avait un immense sourire dans le visage en décrivant les sentiments qui l'ont envahi quand Céline Dion a prononcé son nom dans la Sphère de Las Vegas.  

Choisi au cinquième rang au total par les Canadiens de Montréal, Demidov flottait encore sur un nuage lors de sa rencontre avec les journalistes. 

« C’est un moment magique, a-t-il dit. J’en rêvais depuis mon enfance. Tous les joueurs rêvent de ce jour. Ce rêve vient de se réaliser. Je me suis fait repêcher par une ville incroyable comme Montréal. C’est incroyable. » 

Jeff Gorton et Kent Hughes répétaient depuis longtemps qu’ils avaient bon espoir de dénicher un espoir talentueux avec le cinquième choix. Les Canadiens ont probablement trouvé une pépite en misant sur le Russe.  

Demidov, décrit par plusieurs recruteurs comme l’attaquant le plus talentueux après Macklin Celebrini, a patienté un peu plus longtemps que prévu avant de grimper sur l’estrade. 

À la table du CH, la petite chute de Demidov était synonyme de pur bonheur. 

« Oui, Ivan était deuxième (sur notre liste), a raconté Hughes. Mais en réalité, personne n’a discuté de Celebrini, donc il était no 1 sur notre liste. On savait qu’on n’aurait pas Celebrini à cinq.

« Il y avait plusieurs gars très heureux à notre table, a poursuivi le DG du Tricolore. Il était le joueur qu’on visait depuis longtemps. On a fait tellement de repêchages simulés pour prédire les choix des équipes avant nous. En fin de compte, c’est arrivé comme on avait prévu. Sinon, on aurait essayé d’avancer. »

Si les Sharks avaient invité Joe Thornton pour présenter le premier de classe du repêchage, le CH a sorti un lapin de son chapeau en invitant une grande dame du Québec et de Las Vegas en Céline Dion. Un tour de force orchestré par Chantal Machabée.

« C’est spécial pour moi d’être ici », a dit la diva avant de prendre son temps pour dévoiler le nom de Demidov.

Malgré ses 18 ans, l’ailier droit connaissait Céline. 

« J’ai déjà regardé le film Titanic », a-t-il répliqué en souriant encore une fois.

Avant Céline, Martin St-Louis

Demidov était sur le radar du CH toute l’année. Il a rencontré Nick Bobrov, le co-directeur du recrutement amateur, à quelques reprises en Russie au cours de l’hiver. Le rapide attaquant l’a croisé à nouveau il y a quelques semaines lors d’un camp organisé par son agent (Dan Milstein) en Floride. 

À la veille du repêchage, Demidov avait obtenu un autre rendez-vous avec le CH, mais cette fois en présence de Gorton et de Hughes. Le jour J, il a fait la connaissance de deux anciennes gloires du Lightning de Tampa Bay. 

« Aujourd’hui, j’ai rencontré Martin St-Louis, a-t-il précisé. C’était incroyable. Martin St-Louis et Vincent Lecavalier… Je jouais au jeu NHL avec eux comme joueurs et j’ai maintenant eu la chance de leur serrer la main. »

Demidov, un charmant jeune homme devant les journalistes, a également séduit l’organisation montréalaise lors des différentes rencontres. 

« Il est un joueur offensif capable de marquer, mais il est aussi créatif et un bon fabricant de jeux, a expliqué Hughes. Sur patins, il est très agile, il peut bouger est-ouest et casser les chevilles des défenseurs. Son caractère est exceptionnel. Il a réalisé l’une des meilleures entrevues que j’ai vues d’un joueur. Quand tu rencontres un jeune de 18 ans qui a une aussi belle maturité et des propos aussi clairs, c’est impressionnant. Je pensais que je parlais à un jeune qui pouvait m’enseigner des choses. »

Hughes a aussi fait rire les journalistes en lançant que Demidov avait déjà un meilleur niveau de français que Gorton. 

Encore un an en Russie

Demidov a récolté 60 points (23 buts, 27 passes) en 30 matchs l’an dernier avec le SKA de Saint-Pétersbourg dans la ligue junior russe (MHL). L’ailier de 6 pieds et 192 livres a ajouté 28 points (11 buts, 17 passes) en 17 rencontres en séries. 

Sur le plan contractuel, Demidov a encore une saison à son entente à Saint-Pétersbourg. 

« Je finirai mon contrat en Russie, mais je m’attends à venir en Amérique du Nord l’année suivante (2025-2026) », a-t-il souligné. 

Avec l’ajout de Demidov au groupe d’attaquants, le CH a maintenant un noyau fort intéressant avec les Nick Suzuki, Juraj Slafkovsky, Cole Caufield, Kirby Dach et Alex Newhook.

Questionné sur la pression reliée à un marché bouillant comme celui de Montréal, Demidov a offert une réponse semblable à celle de Juraj Slafkovsky après le repêchage de 2022. 

« Je pense que c’est bien, a-t-il dit. Parce que ça démontre la passion des partisans, qui aiment vraiment le hockey. Moi aussi, j’aime le hockey. Ce n’est donc pas un problème pour moi. »

À l’image de sa rencontre lors de la journée des médias mercredi à Vegas, Demidov a encore répondu à toutes les questions sans l’aide d’un traducteur. 

« J’apprends l’anglais depuis un an et demi. Maintenant, j’aurai besoin d’apprendre le français. Je commencerai après le repêchage. Je connais un peu de mots. Je m’appelle Ivan, merci ! »

Demidov a une fois de plus dit qu’il était un mélange entre deux joueurs étoiles de la LNH : Jack Hughes et Kirill Kaprizov. Mais à l’extérieur du hockey, le Russe avait une idole dans un autre sport. Il a dévoilé son héros de jeunesse quand on lui a demandé s’il avait le talent pour devenir un joueur qui fera la différence au niveau de la LNH.

« Je pense que oui. Mon idole est Kobe Bryant. Cette saison, j’ai tenté de comprendre sa «Mamba» mentalité. Son instinct du tueur. Je pense que nous avons gagné beaucoup de matchs quand j’ai marqué des buts gagnants. Je pense que je peux faire la différence avec les Canadiens. »

Demidov ne se présentera pas au camp de développement du CH la semaine prochaine puisqu’il n’obtiendra pas un visa canadien à temps.