MONTRÉAL – Jordan Harris retrouvera Sean Monahan comme visage familier avec les Blue Jackets de Columbus, mais il renouera aussi avec celui qui l’avait repêché chez les Canadiens de Montréal en Trevor Timmins.
Ancien grand manitou du repêchage à Montréal, Timmins travaille comme directeur adjoint au recrutement amateur avec les Blue Jackets depuis la saison 2022-23, soit un peu moins d’un an après son congédiement du mois de novembre 2021.
« Il y a aussi du Trevor Timmins dans cet échange », a dit avec le sourire dans la voix Don Waddell, le DG des Blue Jackets, lors d’une discussion au téléphone avec LNH.com. « J’ai entendu de bons mots à son sujet. Trevor était très bien placé pour nous vendre Jordan, il le connaît depuis longtemps. »
« J’ai parlé avec Trevor ce matin, c’est lui qui m’a téléphoné, a renchéri Harris en entrevue à LNH.com. Trevor avait regardé plusieurs de mes matchs avant mon repêchage en 2018 par le CH. J’ai étudié à l’école secondaire avec l’un des neveux de Trevor au New Hampshire (Kimball Union Academy). J’ai toujours eu une bonne relation avec Trevor. Quand tu fais deux plus deux, tu comprends que ce n’est pas un hasard si j’atterris à Columbus. J’imagine qu’il a dit de bons mots à mon sujet avant la transaction. J’ai hâte de le recroiser. »
Sur le plan hockey, les Blue Jackets ont ajouté un jeune défenseur de 24 ans en Harris. Mais sur le plan salarial, ils ont aussi libéré un salaire de 8,7 millions $ pour les deux prochaines années en se départissant de Patrik Laine en plus de trouver une solution à une situation conflictuelle. Laine avait réclamé une transaction.
« Nous voulions un plus jeune joueur et un défenseur avec du potentiel, a affirmé Waddell. Jordan a joué 56 matchs l’an dernier, il peut jouer à gauche et à droite. Il offrira une bonne flexibilité, c’est toujours une bonne chose. Il est aussi un bon patineur et de ce que j’entends, il est une personne formidable. »
« Je m’attends à le voir se battre pour une place parmi nos six premiers défenseurs, a-t-il poursuivi. Il y aura de la compétition au camp, nous avons aussi de bons jeunes défenseurs. Mais c’est une bonne chose pour notre équipe. Je ne choisis pas l’équipe, les joueurs choisissent l’équipe selon leur rendement sur la glace. »
Des sentiments partagés
Harris avait eu un peu de temps pour voir la poussière retomber depuis l’annonce de son échange lundi. Mais il restait encore surpris.
« Oui, je suis encore sous le choc, a souligné l’Américain. Tu ne peux jamais t’attendre à une transaction sauf si tu le demandes. Ce n’était pas mon cas. Il reste seulement quelques semaines à l’été. Je ne pensais pas bouger. Mais quand je regarde l’échange, je comprends qu’elle a du sens pour les deux équipes. Quand tu es un joueur de hockey professionnel, tu dois vivre avec cette réalité. Ça reste toujours une possibilité. L’échange vient briser ma routine pour l’été et bousculer mes plans, mais ça fait partie de la vie. »
À Columbus, Harris profitera d’un nouveau départ. Il désirera s’établir comme un défenseur régulier au sein du top six après une saison à Montréal où il a parfois sauté son tour.
« Cette transaction peut représenter une bonne chose pour ma carrière, a noté Harris. Je veux jouer, je suis un compétiteur. Je ne pars pas pour Columbus en m’attendant à tout recevoir gratuitement. J’aurai besoin de gagner mon poste à la ligne bleue, de faire ma place. Je demande juste une chance honnête. J’espère que ça ira bien. Je suis excité à l’idée de vivre un nouveau départ. J’aurai l’occasion de montrer à un nouveau DG, à un nouveau coach (Dean Evason) et à de nouveaux coéquipiers ce que j’ai dans le ventre comme joueur.
« Mais en même temps, j’ai des sentiments partagés. Je suis triste à l’idée de partir de Montréal. Nous construisions une très belle équipe avec les Canadiens. Je connais le sérieux des dirigeants et des joueurs dans ce vestiaire. C’est triste, mais il y a aussi une belle lumière au bout du tunnel avec une autre chance à Columbus. »
Repêché au troisième tour par le CH en 2018, Harris a joué un peu plus de deux saisons à Montréal. Il a fait ses débuts avec le Tricolore à la fin de sa quatrième saison avec les Huskies de Northeastern.
Au bout du fil, le défenseur de 5 pieds 11 pouces et 189 livres a parlé avec émotion de ses jours avec le CH, l’équipe ennemie de la formation de son enfance, les Bruins de Boston.
« Je garderai toujours de beaux souvenirs des Canadiens et de Montréal. J’avais bâti des relations avec plusieurs personnes. J’ai joué mon premier match dans la LNH à Montréal avec l’équipe qui m’avait repêché. Je portais ce chandail avec une grande fierté.
« Ce n’était pas juste une équipe de hockey, c’était les Canadiens de Montréal. Il y a tellement d’émotions reliées entre les Canadiens, les partisans et la ville. Quand j’ai parlé à mes coéquipiers du CH et aux dirigeants de l’équipe hier, je leur souhaitais que le meilleur. Je n’ai pas d’amertume. C’est un cliché de dire ça, mais c’était vraiment spécial d’endosser ce chandail. »
Aucune nervosité pour Waddell
Âgé de 66 ans, Waddell a occupé le siège de directeur général avec les Thrashers d’Atlanta, les Hurricanes de la Caroline et maintenant les Blue Jackets.
Quand on lui demande si l’échange de Laine le rend un peu nerveux, l’homme de hockey a offert une réponse sans aucune hésitation.
« Non, je ne suis pas nerveux. J’ai déjà réalisé plusieurs transactions et j’ai échangé de gros noms comme Dany Heatley et Marian Hossa. Je dis toujours que j’espère que l’échange sera profitable pour les deux équipes. La prochaine fois que je téléphonerai à Kent (Hughes), je voudrai qu’il soit heureux au téléphone!
« Pour notre équipe, nous avions besoin de gagner en flexibilité avec le plafond salarial, pas juste pour cette année, mais aussi pour l’an prochain. Si Patrik peut bien jouer à Montréal, ce sera tant mieux. Je lui ai souhaité la meilleure des chances. C’est un échange de hockey. Je n’ai pas à gagner l’échange, j’ai besoin de conclure une transaction juste. »
« Il n’y avait pas beaucoup d’équipes qui pouvaient s’offrir le contrat de Laine, a-t-il continué. Montréal pouvait y arriver. S’il marque 50 buts, les gens se demanderont pourquoi j’ai conclu cet échange. Mais je sais qu’il n’aurait pas marqué 50 buts avec les Blue Jackets. Il ne voulait plus jouer pour nous. »