Samuel St-Hilaire a encore de la difficulté à y croire.
Près de 24 heures se sont écoulées depuis qu’on a cogné à la porte de sa chambre pour lui annoncer qu’il était l’un des trois gardiens retenus par Équipe Canada junior, mais il flotte toujours sur un nuage.
« Ç’a été une journée haute en émotions, a-t-il dit au bout du fil, jeudi matin. J’ai attendu seul dans ma chambre pendant deux heures avant qu’on m’annonce que je faisais partie de l’équipe. Le stress montait de minute en minute. Je ne peux même pas décrire comment je me sentais. J’étais juste sous le choc. »
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Dès qu’il a appris qu’il s’envolait pour la Suède – son quatrième voyage en avion après Toronto, Boston et Nashville – il a lâché un coup de fil à la maison, à St-Elzéar de Beauce. Ses parents ont eu à peu près la même réaction que lui.
« J’ai commis l’erreur de leur dire que j’allais rencontrer les entraîneurs à mon retour à l’hôtel, a-t-il raconté en riant. Pendant les deux heures qui ont suivi, ils m’ont harcelé par texto pour avoir des nouvelles. Quand je les ai appelés, on dirait qu’ils croyaient que je leur faisais une blague. »
C’est dire à quel point bien peu de gens s’attendaient à voir le gardien du Phoenix de Sherbrooke se tailler un poste au sein de cette équipe étoile. Pas parce qu’il n’a pas le talent nécessaire pour le faire, mais plutôt parce qu’il est parti de très loin pour en arriver là.
« Mon parcours n’est pas juste une leçon pour moi, mais pour tout le monde, a-t-il philosophé. Il y a deux ou trois ans, je me fiais beaucoup à mon talent et je manquais de maturité. Dans les deux derniers étés, j’ai travaillé comme un fou dans le gym et sur la glace, et j’ai pris soin de moi.
« C’est une belle leçon. Ça prouve qu’en travaillant et en croyant en soi, on peut se rendre où on veut. »
Le jeune homme de 19 ans a amorcé sa carrière junior sur le tard, l’an dernier, et a dû partager la tâche devant le filet du Phoenix. Ignoré au dernier encan de la LNH, ce n’est que cet automne qu’il s’est établi comme no 1 et qu’il est apparu, lentement mais sûrement, sur le radar des dirigeants de Hockey Canada.
« Il connaissait une bonne saison. Ce n’est pas seulement moi qui l’ai amené ici », a dit l’entraîneur du Phoenix, Gilles Bouchard, qui agira comme adjoint au Mondial junior. « Dans son cas, le processus a commencé il y a environ un mois et demi. C’était à lui de faire sa place. Je suis content pour lui, c’est une pas pire histoire. »
Une « pas pire histoire » qui a le potentiel de prendre une tournure encore plus intéressante. St-Hilaire a encore une dizaine de jours devant lui pour s’emparer du poste de gardien partant, lui qui est désormais en lutte avec son compatriote Mathis Rousseau et Scott Ratzlaff.
« Je sais que je suis capable d’avoir un rôle important dans cette équipe, a-t-il assuré. Je crois en moi. Je sais que je suis capable de faire gagner l’équipe. Je dois juste continuer sur cette lancée. »
Warren aussi soulagé
Pendant les deux derniers jours du camp de sélection, le défenseur Noah Warren avait une bonne idée que ses bons amis Tristan Luneau et Maveric Lamoureux étaient assurés de leur poste au sein de la formation finale. Il voulait absolument lui aussi faire partie de l’aventure.
« Ça m’a donné encore plus de motivation, a lancé Warren. C’était un petit boost de plus. Je savais que si je jouais de bons matchs, j’avais de bonnes chances de me retrouver avec mes deux chums là-bas. »
À l’instar de St-Hilaire, il a poussé un soupir de soulagement quand on a cogné à sa porte pour lui offrir les vêtements de l’équipe ornés de la feuille d’érable. Ses deux complices aussi.
« Tristan et moi, on voulait vraiment le voir faire l’équipe, a rigolé Lamoureux. Quand il faisait une grosse mise en échec ou un bon jeu pendant le match, on était bien contents. […] Il était stressé, mais il a bien fait ça. Il a gardé sa game simple, il a frappé, il a coupé des jeux et il n’a rien donné. »
La prochaine étape pour Warren sera de s’assurer d’un poste régulier au sein des trois premières paires de défense. Luneau et Lamoureux devraient en principe occuper le flanc droit des deux premiers duos, ce qui met la table pour une lutte entre Warren et Oliver Bonk pour le dernier poste.
« Le camp de sélection est terminé, mais il reste encore du travail, a-t-il conclu. On a encore deux semaines d’entraînement pour prouver notre valeur. J’ai ma place dans l’équipe, il reste mon rôle à déterminer. »