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MONTRÉAL -« C'est la première fois que je me sens comme une rockstar! »

Juraj Slafkovsky n'en revenait toujours pas. Sa courte expédition jusqu'au plateau de TVA Sports s'est transformée en véritable Slaf-mania dans les gradins du Centre Bell.
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Dès que les partisans l'ont vu réapparaître dans l'enceinte, près de deux heures après sa sélection au premier rang par les Canadiens de Montréal, ils se sont levés d'un trait et se sont mis à entonner le fameux « Olé! Olé! ». Et la coqueluche slovaque ne s'est pas gênée pour jouer le jeu.
Il a tapé dans les mains de ses nouveaux fans en passant devant eux et leur a même fait signe d'être plus bruyants quand il s'est assis aux côtés de l'animateur Louis Jean. En passant dans les coursives pour redescendre au niveau de la glace après l'entrevue, il s'est toutefois fait prendre à son propre jeu en acceptant de prendre un selfie.

Slafkovsky rencontre ses nouveaux partisans

Tout le monde voulant sa photo avec la vedette du moment, ç'a créé un mouvement de foule, et des gardiens de sécurité ont dû rapidement intervenir pour lui permettre de s'évader par l'ascenseur.
« Ils sont intenses, a-t-il remarqué. C'est pour ça qu'ils sont les meilleurs partisans au monde. »
C'est signe que le relatif anonymat dans lequel il vivait jusqu'à ce que le directeur général Kent Hughes prononce son nom au podium vers 19 h 25, jeudi, est désormais chose du passé. On l'a vite constaté en le suivant dans les coulisses de l'amphithéâtre montréalais dans les heures qui ont suivi sa sélection.
« On m'a dit que je devais lui remettre ça et qu'il devait la porter en tout temps », a plaidé un jeune accompagnateur, décidément bien décidé à faire son travail, en montrant une accréditation sur laquelle on pouvait lire « joueur repêché ».
« Ne t'inquiète pas, ça va bien aller sans ça. Tout le monde sait qui il est maintenant », a vite rétorqué un responsable des communications avec un brin de sarcasme. À 6 pieds 4 pouces et 210 livres, avec son chandail orné du numéro 1 et sa casquette des Canadiens, Slafkovsky était effectivement bien identifiable.
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Si les derniers jours - voire les dernières semaines - nous ont fait découvrir un jeune homme à l'humour pince-sans-rire et au sens de la répartie bien développée malgré un anglais qui demande encore un peu de travail, les trois heures passées dans son ombre nous l'ont fait apprécier encore davantage.
Surtout quand il a révélé qu'il portait des souliers trop petits pour lui et qu'il souffrait depuis qu'il s'était levé de son siège. Tout ça après avoir fait le tour du Centre Bell environ 12 fois pour se plier aux responsabilités qui viennent avec le privilège d'être le premier choix au total.
« C'est l'enfer, je ne sens plus mes orteils, a-t-il avoué en grimaçant. Je porte habituellement du 14, mais il ne restait que du 12 dans les magasins. Ce n'est pas grave, ça vaut la peine de souffrir pour ça. »
Le simple fait de le suivre et de le voir enfiler les entrevues et les requêtes à un rythme effréné était essoufflant. Dans les 50 premières minutes qui ont suivi sa sélection, le jeune homme a dû se soumettre à dix entrevues distinctes à différents endroits dans l'amphithéâtre montréalais.
On vous assure qu'il a effectué les 10 000 pas quotidiens recommandés. Probablement même plus.
Il a aussi visité les différentes stations pour les photos officielles - il a dû prendre la pose au moins une centaine de fois dans la soirée sans même avoir de temps pour se recoiffer. Le défi est quand même de taille quand on a une casquette bien enfoncée sur la tête depuis plusieurs minutes.
« Ça ne s'améliorera pas, j'ai tout essayé, a-t-il laissé tomber en sortant de la salle de bain au studio de Getty Images. Au moins, le chandail a de la gueule. »
Sont ensuite venues les stations de signatures d'items promotionnels, les demandes pour les différents réseaux sociaux et commanditaires de la Ligue, et on en passe. À travers tout ça, Slafkovsky tentait de jeter un coup d'œil aux messages qui ne cessaient d'entrer sur son cellulaire.
« Je dois m'assurer de répondre à mes amis de l'autre côté de l'Atlantique », a-t-il noté.

juraj autographes

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L'un des avantages d'être repêché par l'équipe hôtesse du repêchage, c'est qu'on peut faire le tour du propriétaire immédiatement après avoir enfilé son nouveau chandail.
Plus de deux heures après avoir entendu son nom, il a pu entrer dans le mythique vestiaire des Canadiens pour la toute première fois. S'il était là pour répondre aux questions des partisans via la plateforme Twitch, tout avait été soigneusement placé pour lui procurer des frissons.

Slafkovsky entre dans le vestiaire du CH

Tous les chandails des joueurs de l'équipe avaient été soigneusement accrochés à leur casier et son numéro 1 avait été placé entre le numéro 22 de Cole Caufield et le numéro 14 de Nick Suzuki. C'était évidemment un clin d'œil à la déclaration qu'il avait faite à la séance d'évaluation des joueurs en soutenant qu'il était disponible si les deux attaquants cherchaient un gros ailier pour compléter leur trio.
Sa proposition a été entendue. Un peu plus de 24 heures après qu'il eut participé à une clinique pour de jeunes hockeyeurs en compagnie de Suzuki, entre autres, il a été accueilli sur le podium par son nouveau coéquipier.
« On n'a pas discuté de choses bien sérieuses hier, a-t-il expliqué de passage au balado de nos collègues anglophones, en mangeant un biscuit au passage. Il m'a parlé de la Lamborghini de Tomas Tatar! »
À noter que le nouveau venu a affirmé avoir une préférence pour le numéro 20 avant de constater qu'il appartenait au défenseur Chris Wideman. Ça pourrait lui coûter quelques dollars pour en prendre possession.
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Même s'il n'en est qu'à son deuxième séjour à Montréal - il était venu pour un camp de hockey dans ses jeunes années - Slafkovsky s'est déjà bien imprégné de la culture québécoise.
Il a d'abord dégusté sa première poutine, mercredi, et semble très au courant des particularités linguistiques de la province. Quelques minutes seulement après sa sortie du podium, une employée des Canadiens lui a demandé d'enregistrer un court message pour les partisans de l'équipe.
Spontanément, et sans qu'on lui demande, le gaillard de 18 ans a amorcé son message avec un « Bonjour! » bien senti. Il a dit devant les médias qu'il voulait se faire aimer des amateurs, et il sait manifestement comment s'y prendre.
Pour compléter son tour du chapeau fleurdelisé, le gros ailier a pu serrer la pince de la mascotte Youppi! qui l'attendait avec impatience dans le corridor adjacent au plancher du repêchage. Difficile de demander mieux comme entrée en matière.

youppi