Jacob Fowler rêve depuis sa tendre enfance d’endosser l’uniforme des Canadiens de Montréal, mais il n’a pas l’intention de brûler les étapes.
Le gardien originaire de la Floride, qui a des racines au Québec au sein de sa famille, a fait son choix pour la saison prochaine. Il poursuivra son apprentissage à l’automne avec les Eagles de Boston College.
« Je retournerai à Boston College pour une deuxième saison, a-t-il dit en entrevue téléphonique à LNH.com mercredi dernier. J’ai pris ma décision. Je ne sais pas encore combien de temps je resterai avec les Eagles. C’est une bonne question. Je me pose moi-même la question.
« J’ai seulement joué une saison à l’université. Je sais que la marche est grande entre la NCAA et le jeu chez les pros. J’ai parlé à des gardiens de la LNH qui ont aussi joué à BC (Boston College). Spencer Knight et Joseph Woll m’ont offert de précieux conseils. Ils m’ont guidé dans ma réflexion. Tous les joueurs ont un chemin différent. Il y a des gardiens qui peuvent faire le saut après une seule saison, d’autres le feront après quatre saisons. Je garde un esprit ouvert. Je ne sais pas, je pourrais être prêt après la prochaine saison. »
Fowler a retenu un message important de Knight et de Woll.
« Ils savent que le hockey chez les pros représente un autre monde. Ils m’ont dit de ne rien précipiter et de profiter de mes années à BC. Je passerai du temps avec mes coéquipiers et mes bons amis. Une fois chez les pros, ça devient un boulot. C’est différent comme ambiance. »
Pour un modeste choix de troisième tour (69e au total) à l’encan de 2023, Fowler s’est rapidement construit la réputation de l’un des plus beaux espoirs à la position de gardien.
À sa saison recrue avec Boston College, le gardien de 6 pieds 2 pouces et 201 livres a maintenu un dossier de 32-6-1 avec une moyenne de 2,14, un taux d’efficacité de ,926 et trois jeux blancs. Il a atteint la finale du Frozen Four, subissant la défaite contre les Pioneers de Denver.
« Cette saison était très spéciale pour moi, a-t-il souligné. Je débarquais à Boston College en tant que recrue, tout comme 10 autres joueurs au sein de l’équipe. Au total, il y avait 13 nouveaux joueurs avec les Eagles. Avec autant de nouveaux visages, il y avait plusieurs aspects inconnus. Nous ne pouvions prédire une aussi belle saison même si nous avions beaucoup de joueurs talentueux. Nous avons rapidement développé une grande cohésion. J’ai tellement eu de plaisir.
« Je n’avais aucune attente précise pour les victoires ou le taux d’efficacité. Je voulais simplement travailler le plus fort possible. J’avais besoin de réaliser les gros arrêts au bon moment et je désirais être un gardien fiable pour mon équipe. Le plus important était de gagner des matchs. Mais mes coéquipiers ont aussi facilité mon travail. »
Avec les Eagles, Fowler avait le bonheur d’être le gardien d’une formation très douée. Cutter Gauthier, Will Smith, Ryan Leonard et Gabriel Perreault faisaient tous partie de cette équipe.
« Oui, nous avions une grosse machine de hockey, mais je me retrouvais contre cette machine tous les jours à l’entraînement, a-t-il rappelé. C’était un gros plus et une raison pourquoi je voulais me joindre à Boston College. J’ai le sentiment que je me suis bien développé cette saison. J’affrontais de très bons joueurs tous les jours à l’entraînement, je recevais des tirs de qualité. Ils me forçaient à me surpasser. Je pouvais aussi analyser comment ils lisaient le jeu. »
Au chapitre des honneurs individuels, Fowler a fait partie des trois finalistes pour l’obtention du trophée Mike-Richter, décerné au meilleur gardien de la NCAA. Kyle McClellan, un gardien de 25 ans des Badgers du Wisconsin, a raflé ce titre.
Sur la scène internationale, Fowler a gagné la médaille d’or au Championnat du monde junior avec la formation américaine, participant à trois des sept matchs des siens. Trey Augustine, un choix de deuxième tour des Red Wings de Detroit en 2023, était le gardien partant pour la finale contre la Suède.
Le bleu-blanc-rouge dans le sang
À Nashville au mois de juin dernier, Fowler avait parlé de ses racines francophones et de son bonheur d’aboutir avec le Tricolore. Le sourire fendu jusqu’aux oreilles, il avait mentionné que plusieurs membres de sa famille résidaient à Montréal et dans la région de Québec. Plus jeune, il partait souvent de la Floride pour visiter sa famille.
« J’ai des frissons chaque fois que je pense au jour où je porterai le chandail des Canadiens, a affirmé le gardien né à Melbourne en Floride. C’est un rêve pour moi. J’ai ressenti un sentiment unique quand j’ai endossé ce chandail pour une première fois au repêchage. Je percevais aussi le bonheur sur le visage des membres de ma famille. Les Canadiens représentent une équipe spéciale. J’aimerais me retrouver dans le demi-cercle du gardien au Centre Bell devant les meilleurs partisans au monde. Je ne peux même pas encore l’imaginer. C’est comme si je bouclais la boucle avec mon héritage familial en provenance du Montréal.
« Il y a plusieurs Canadiens français au sein de ma famille. Ils ont toujours encouragé le CH. À mon premier jour comme gardien, j’avais un chandail des Canadiens. Quand j’y pense, je trouve ça vraiment spécial. Je me réveille le matin et je pense au jour où je ferai ma place avec cette équipe. C’est une grande motivation pour moi. »
Étudiant en communications, Fowler devait suivre un cours de langue étrangère à Boston College. Il a opté pour le français.
« C’est très important pour moi d’apprendre la langue, a-t-il mentionné. Je souhaite le faire par respect pour l’organisation et ses partisans, mais aussi pour mieux comprendre la culture québécoise. Il y a sept ou huit personnes dans ma famille qui parlent français très bien. Je voudrais suivre leurs traces. J’ai grandi en Floride, je n’ai pas eu la chance d’apprendre le français même si j’ai fait plusieurs voyages au Québec dans ma jeunesse. Je rattraperai le temps perdu. »
Quand il avait des questions lors de ses cours de français, Fowler avait le parfait voisin pour obtenir une réponse rapide. Gabriel Perreault, le fils de Yanic et choix de premier tour des Rangers de New York en 2023, a aussi suivi des cours en français. Son objectif était toutefois moins noble que celui du gardien puisqu’il est déjà bilingue.
En plus des cours dans la langue de Jean Béliveau à l’automne qu’il poursuivra, Fowler aura aussi un objectif précis sur la glace.
« Mis à part le départ de Gauthier pour Anaheim, je m’attends à voir sensiblement le même noyau l’an prochain, a-t-il précisé. Je sens que nos gros noms (Smith, Leonard et Perreault) ne veulent pas partir. Ils aimeraient jouer une autre saison afin de gagner le championnat national. Will (Smith) est un jeune originaire de Boston, il aimerait gagner à BC. Nous aurons comme mission de gagner le Frozen Four l’an prochain. »