Salming-story

TORONTO - Borje Salming était entouré de sa famille et de ses amis alors qu'il était assis sur un fauteuil roulant dans le corridor du Scotiabank Arena, le 12 novembre, attendant d'être honoré par les Maple Leafs de Toronto pendant une cérémonie d'avant-match.

Non, il ne pouvait pas parler. La sclérose latérale amyotrophique (SLA), aussi connue comme la maladie de Lou Gehrig, lui avait soustrait cette capacité. Mais ce soir-là, il n'avait pas besoin de parler.
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En voyant un visage familier, il leva lentement la main avec un pouce en l'air, puis la ferma en montrant son poing. Ce fut le geste le plus mémorable et le plus émotionnel qu'il m'ait été donné de recevoir, et probablement le meilleur qu'il me sera donné d'avoir.
Message reçu. Aucune parole requise.
« C'était sa façon de nous dire adieu », a mentionné un Darryl Sittler émotif, jeudi. « À vous, aux partisans, à la ville, à nous tous. »
Salming est décédé jeudi à la suite d'une courte bataille contre la maladie à l'âge de 71 ans. Il avait reçu le diagnostic en avril, mais ce n'est qu'en août qu'il l'a annoncé publiquement.
La maladie a affecté Salming à un rythme fulgurant. Même Sittler et Mark Kirton étaient en mesure de dire à quel point ils voyaient l'état de leur ancien coéquipier des Maple Leafs, qui est le meneur à Toronto chez les défenseurs pour les buts (148), les passes (620) et les points (768), se détériorer.
La SLA est une maladie dégénérative du système nerveux qui affecte les cellules nerveuses du cerveau et de la moelle épinière, entraînant une perte de contrôle musculaire. Plus de 800 personnes vivent avec la SLA en Suède, et 250 autres en reçoivent un diagnostic chaque année.
Une des premières personnes qui a contacté Salming à la suite du diagnostic a été Sittler, qui a joué avec lui à Toronto de 1973 à 1982. Sittler, qui a eu 72 ans le 18 septembre, a aidé Salming à composer le communiqué original pour exposer sa condition au grand jour, et a été son bras droit en Amérique du Nord dans les efforts pour aider son ami.
Dans ces efforts, Sittler a contacté Kirton, un ancien attaquant de la LNH qui a disputé 13 matchs avec les Maple Leafs entre 1979 et 1981 et pour qui Salming a été un mentor. L'homme de 64 ans, ayant lui-même reçu un diagnostic de la SLA en 2018, s'est aussitôt entretenu avec Salming pour l'aider, lui et sa famille, à encaisser le choc et pour lui prodiguer des conseils pour la suite.
Jeudi, c'est Kirton qui était sous le choc quand il a appris la nouvelle. En même temps, peut-être, et seulement peut-être, que Salming savait que le temps était venu.
« Il est mort d'une belle mort, a dit Kirton. Ce que je veux dire, c'est qu'il était entouré de sa famille. Il n'a pas laissé le monstre de la SLA le détruire.
« Laissez-moi m'expliquer. Il savait à quel point il serait un fardeau pour sa famille s'il continuait de se battre. Il savait ce qui se passait à cet égard. Il était un joueur intelligent, et un homme encore plus intelligent. »
En d'autres termes, a poursuivi Kirton, Salming a passé les deux dernières semaines selon ses propres conditions, aussi difficiles soient-elles.
Cela incluait de dire à sa famille qu'il voulait se rendre à Toronto pour prendre part au week-end du Temple de la renommée 2022, malgré l'usure de son corps.
« Il voulait être présent, il savait parfaitement ce qui se passait, a souligné Sittler. C'était tellement spécial pour lui. Ça se voyait. C'est une chose qu'on n'oubliera jamais. »
Durant la cérémonie du Temple de la renommée le 11 novembre, Salming se tenait, bras dessus bras dessous, avec Sittler d'un côté, Mats Sundin de l'autre.
Sundin, qui est originaire de Bromma, en Suède, a indiqué que Salming, le premier joueur suédois à être intronisé au Temple en 1996, a été un pionnier qui a donné l'espoir aux jeunes de son pays qu'une carrière dans la LNH était possible un jour.
Reconnu pour son attitude stoïque à titre de joueur, même Sundin, qui, comme son idole, a joué pour les Maple Leafs de 1994 à 2008, a versé des larmes en se tenant aux côtés de Salming.
Il était tout aussi ébranlé jeudi, comme j'ai pu le sentir dans le court message texte qu'il m'a envoyé.
« J'ai le cœur brisé. C'est une perte immense », a écrit Sundin en provenance de la Suède.
Kirton a raconté que Salming n'était initialement pas enthousiaste à l'idée de venir en Amérique du Nord, mais il a rapidement changé son fusil d'épaule.
« Quand Darryl et moi lui avons lancé l'idée dans un appel Zoom, il ne semblait pas vouloir venir, a dit Kirton. J'ai dit : "N'arrête pas de courir le risque. Ne laisse pas la maladie prendre le contrôle sur toi." Il est passé de secouer la tête à hocher la tête.
« Deux jours plus tard, Darryl et moi avons reçu le courriel disant qu'il viendrait (pour l'événement à Toronto). »
La semaine dernière, Salming a été honoré lors d'une cérémonie en Suède qui avait pour but de célébrer 100 ans de hockey suédois et il a reçu un prix de la part du commissaire adjoint de la LNH Bill Daly, ce qui a provoqué une ovation debout de près de 10 minutes des partisans sur place.
À la fin de l'événement, la femme de Salming, Pia, avait indiqué qu'il s'agirait de la dernière apparition publique que son mari ferait.
Une semaine plus tard, le voilà parti.
« Tellement tragique, a mentionné le Suédois Peter Forsberg, lui aussi membre du Temple de la renommée. Nous sommes tous redevables à Borje.
« Qu'un battant comme Borje n'ait aucune chance contre cette maladie démontre à quel point elle est horrible. »
Au moins, il repose maintenant en paix, nous laissant avec des souvenirs impérissables.
Dans ce cas-ci, un pouce en l'air qui ne sera jamais oublié.