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Sheldon Keefe n'a pas eu besoin de réfléchir bien longtemps au discours qu'il allait faire à ses joueurs au premier entracte, quelques instants après avoir vu son capitaine John Tavares
quitter le premier match de la série face aux Canadiens de Montréal sur une civière
.

« Nous devons continuer de pousser », a lancé l'entraîneur des Maple Leafs de Toronto à ses ouailles. « C'est notre tâche, et c'est ce que nous devons faire. Nous devons nous recentrer et lever notre jeu d'un cran pour l'équipe, et pour John. »
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Cette motivation d'enlever le premier duel pour le capitaine n'a cependant pas été suffisante pour permettre à la formation torontoise de prendre les devants dans la série. Elle est revenue avec un certain entrain, mais s'est butée à un Carey Price en grande forme dans un revers de 2-1.
En fin de compte, le choc à encaisser était peut-être trop imposant, non seulement au chapitre des effectifs, mais aussi psychologiquement. Tavares était bien mal en point après avoir accidentellement reçu le genou de Corey Perry de plein fouet au visage alors qu'il chutait. La scène était dure à regarder.
« Pour être honnête, ç'a été difficile, a ajouté Keefe. J'ai vécu beaucoup de situations dans ma carrière comme joueur et comme entraîneur, mais de voir ça survenir dans un aréna vide, c'était probablement la situation la plus inconfortable que j'ai expérimentée. Ç'a pris du temps pour nous remettre dans le match. »
« C'était horrible, a renchéri l'attaquant Nick Foligno. Ce n'est plus une question de hockey, c'est une question de vie et on pense à sa famille. Le match est relégué au second plan, peu importe les circonstances, quand tu vois quelqu'un souffrir de cette manière. Nous prions pour lui. »
Les Maple Leafs ont indiqué que Tavares était conscient, qu'il pouvait communiquer et que les résultats de la première batterie de tests étaient positifs. Il restera à l'hôpital pour la nuit puisqu'il devra se soumettre à d'autres examens. Tout ça, les joueurs ne l'ont su qu'après la rencontre.
L'inquiétude se lisait sur leurs visages ainsi que sur ceux des joueurs des Canadiens. Dans une tentative plutôt douteuse, et surtout infructueuse, de tourner la page sur cet évènement accidentel, Foligno a jeté les gants face à Perry dès la mise au jeu suivante.
Moins de deux minutes plus tard, Josh Anderson ouvrait la marque pour le Tricolore.
« C'est du hockey de séries, d'abord et avant tout, s'est défendu Foligno. On ne recule devant personne. Notre capitaine gisait sur la glace, je ne sais pas quoi dire de plus. On est là les uns pour les autres et nous sommes une famille. John souffrait, et je n'ai pas aimé voir ça.
« Peu importe comment c'est arrivé, nous nous sommes battus et nous avons réglé le dossier. Ça enlève toute zone grise. Je crois que ç'a permis à tout le monde de se remettre dans le bain. »
L'impact de ce duel à mains nues a été plutôt mitigé en première, mais les Maple Leafs ont retrouvé un peu d'aplomb en deuxième période après le discours de Keefe. Il faudra peut-être privilégier les mots à l'avenir.
Un test de profondeur
Si les 50 minutes qui ont suivi le départ de Tavares ont été plutôt difficiles mentalement, le prochain défi des Maple Leafs sera de lui trouver un remplaçant - ou plutôt de le remplacer en comité. Tavares a quand même été le troisième pointeur de l'équipe avec sa récolte de 50 points, dont 19 buts, en 56 matchs cette saison.
On ne pallie pas une telle absence avec le premier venu. Tout le monde devra en prendre un peu plus dans son assiette, et les ajustements devront se faire alors que la pression vient de monter d'un cran à Toronto.
« Notre profondeur est déjà mise à l'épreuve, a reconnu Foligno. C'est ce qui fait la différence pour certaines équipes. Je crois tellement en notre groupe et aux joueurs que nous avons sous la main. C'est une belle occasion pour celui qui entrera dans la formation de prendre la relève en attendant le retour de John. »
Reste à voir quelle sera la durée de son absence, si elle se confirme bel et bien. En attendant, les Maple Leafs devront limiter les dégâts et tenter de remporter le match de samedi avant que la série ne se transporte dans la métropole. On a tendance à l'oublier avec tout ça, mais les favoris tirent déjà de l'arrière dans la série.
« Nous avons confiance en notre groupe, a conclu le gardien Jack Campbell. Notre attaque est une arme, et ça n'a pas fonctionné pour nous ce soir. J'ai pleinement confiance en nos gars. Nous avons tous la foi et nous serons prêts pour le prochain match. »