La précision de Suzuki, la chance de Savard et enfin une récompense

NASHVILLE – La musique résonne en tout temps sur la rue Broadway. Il y a rarement des silences dans la capitale du country. Mais Nick Suzuki a trouvé une façon de couper le son à l’intérieur du Bridgestone Arena en marquant le but vainqueur d’un tir chirurgical en prolongation.

Suzuki a déjoué Juuse Saros d’une puissante frappe après un relais précis de Cole Caufield lors d’un rare quatre contre quatre en prolongation. Les Predators, qui avaient écopé d’une punition pour trop de joueurs sur la glace en fin de troisième période, venaient de revenir à égalité numérique quand Suzuki a touché la cible à la 17e seconde de la prolongation.

« C’est un bon sentiment, nous nous retrouvons enfin du bon côté après la prolongation, a noté Suzuki. Je ne sais pas s’il s’agissait d’un tir parfait, mais j’ai logé la rondelle au bon endroit en y plaçant toute la gomme. J’ai aussi profité d’un bon jeu de Cole. »

Après des revers en tirs de barrage contre les Panthers à Sunrise et le Lightning à Tampa, le CH a finalement connu un sort plus joyeux contre une autre bonne équipe, les Predators. Le bonheur se lisait dans les visages des joueurs dans le vestiaire de l’équipe adverse, mais aussi par les jaillissements qui résonnaient dans le corridor avant l’ouverture des portes.

On n’entendait pas du country, mais des cris de bonheur.

« On la cherchait cette victoire, ce n’était pas un match facile, a dit le défenseur David Savard. Elle fait du bien au moral. Les Predators traversaient une très bonne séquence. Nous n’avons pas arrêté. Il y a eu un gros but refusé en fin de rencontre aussi (Michael McCarron qui a redirigé une rondelle plus haut que la limite permise avant de récupérer un retour). »

« C’est un voyage difficile, mais on joue vraiment bien, a renchéri Martin St-Louis. C’est agréable d’obtenir un bon résultat avec une victoire. Je suis content pour les gars. Ils le méritent. »

Avant le passage du CH au Tennessee, les Predators représentaient l’équipe de l’heure dans la LNH avec huit victoires d’affilée. Ils n’auront pas la chance de battre leur record d’équipe qui tient depuis la saison 2017-2018 avec dix victoires.

Un coup de billard

Si Suzuki a inscrit un but grâce à un tir parfait, c’était tout le contraire lors du deuxième filet des visiteurs. Seulement six secondes après le but de Brendan Gallagher, Savard a marqué le deuxième des siens avec un simple dégagement. La rondelle a fait un drôle de bond dans le coin de la patinoire pour revenir dans le filet alors que Saros attendait pour la récupérer derrière sa cage.

« C’est le numéro un dans la catégorie du but le plus étrange de ma carrière, a répliqué le défenseur à la grosse barbe. L’angle était assez bizarre. J’ai perdu la rondelle de vue quand elle a touché à l’extension de la bande (baie vitrée). C’est beaucoup, beaucoup de chance. Mais après ce jeu, Saros sortait un peu moins de son filet. »

Joshua Roy a également eu son mot à dire. Il a marqué son deuxième but de la saison à son 17e match dans la LNH. Il l’a fait à un moment crucial. C’est lui qui a créé l’égalité 3-3 en battant Saros d’un tir précis en se servant du défenseur Luke Schenn comme écran et après un rare revirement du capitaine, Roman Josi.

« J’avais des chances depuis plusieurs matchs, mais je ne marquais pas, a souligné Roy. Ça fait du bien d’en obtenir un. Il y a une belle complicité au sein de notre trio. »

Roy et ses compagnons de trio, Alex Newhook et Joel Armia, ont passé beaucoup de temps en territoire ennemi. Le numéro 89 a aussi fait le bonheur d’une joyeuse bande de Beaucerons qui avait voyagé à Nashville pour ce match. De sympathiques individus croisés par un pur hasard dans un établissement où on ne vend pas uniquement de l’eau la veille du match.

Le gros trio des Preds

Ryan O’Reilly (un but, deux passes), Filip Forsberg (un but, une passe) et Gustav Nyquist (un but, une passe) ont connu tout un match dans une cause perdante. Ils ont dicté le jeu du début à la fin, rendant la vie difficile aux Kaiden Guhle, Mike Matheson, Jordan Harris et Jayden Struble notamment.

« Ils sont un très bon trio, ils se complètent vraiment bien, a précisé Suzuki. Ils sont aussi bons offensivement que défensivement. À mon avis, le trio d’O’Reilly ne reçoit pas assez d’éloges au sein de la LNH. »

Suzuki a envoyé des fleurs pour un trio rival, mais c’est le type de compliment qu’il obtient souvent de la part de joueurs des équipes adverses.

Jake Allen a bloqué 25 tirs pour obtenir la victoire. Le gardien originaire du Nouveau-Brunswick n’avait pas gagné sur une patinoire adverse depuis le 18 décembre contre les Jets à Winnipeg.

Le chiffre du match : 25

Auteur de son 25e but de la saison, Suzuki se retrouve maintenant à un seul filet d’égaler son sommet personnel, réalisé l’an dernier, mais en 82 matchs. Le capitaine a obtenu un but et une passe face aux Predators. Il a maintenant 61 points (25 buts, 36 passes) en 62 matchs.

EN PROLONGATION

La bonne décision de St-Louis

En troisième période, Martin St-Louis a fait le bon choix en contestant le but de McCarron. Le géant joueur de centre des Predators a pensé pour quelques secondes qu’il venait de marquer un gros filet contre son ancienne équipe.

« J’ai contesté que le temps n’avait pas été arrêté. Il a touché la rondelle plus haut que la limite permise pour ensuite la récupérer en premier. C’était ça la contestation. Je devais contester pour la bonne raison. Nous avons pris notre temps pour poser des questions. Mais tu voyais qu’il avait frappé la rondelle plus haut. »

Une figurine du « Joker » dans le casier de Carrier

Alexandre Carrier a un visiteur inattendu dans son casier au Bridgestone Arena de Nashville avec une figurine du « Joker ». À quelques mètres de lui, Jérémy Lauzon a un jouet des « Transformers ».

« C’est l’idée de Dan Hinote, un des adjoints d’Andrew Brunette, a expliqué Carrier. Il a fait un voyage au Mexique et il a acheté un paquet de trucs drôles. J’ai reçu ma figurine du « Joker » comme récompense puisque j’ai marqué un but en désavantage numérique contre les Ducks d’Anaheim (9 janvier). Juuse et Ryan ont aussi de petits personnages dans leur casier. »

Lauzon : un défenseur sous-estimé

Jérémy Lauzon domine la LNH avec 298 mises en échec. Le numéro trois des Predators a terminé le match avec six coups d’épaule contre le CH pour accentuer encore plus son avance au sommet. Garnet Hathaway, un ailier des Flyers, vient au deuxième rang à 235. En matinée, Brunette a offert un beau compliment au défenseur de 26 ans.

« Il est l’un des défenseurs les plus sous-estimés de la LNH, a mentionné Brunette. Il patine, il termine ses mises en échec et il relance l’attaque. Il est incroyable pour nous. Je ne le connaissais pas beaucoup avant mon arrivée à Nashville. Mais j’ai rapidement été charmé par son jeu et l’aspect robustesse qu’il apporte à notre groupe. Il fait aussi partie des meneurs de l’équipe. Il aime jouer avec Carrier, il a développé une belle complicité avec lui. »