Bien évidemment, quand on est âgé de 18 ans et qu'on a les projecteurs braqués sur nous, c'est facile de s'y perdre ou d'avoir le tournis.
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« Ça va vite, la tête tourne, on est nerveux, parfois ça nous fait manquer le moment présent », fait remarquer Turgeon avec le recul. « Ce que je lui dirais, c'est d'être prêt à vivre à fond la journée du repêchage parce que la première chose que tu réalises, quand tu rentres à la maison le soir, c'est que c'est déjà terminé. »
Évidemment, la journée du repêchage de Lafrenière n'aura rien à voir avec la visualisation de la journée du 26 juin que le jeune homme se faisait avant le mois de mars. Peu importe son déroulement, estime Turgeon, la journée ne reviendra plus jamais.
La seconde partie du conseil de Turgeon à Lafrenière, plus importante encore, c'est de se concentrer uniquement par la suite sur les aspects sur lesquels il a le contrôle.
« Ce qu'il fait de mieux, c'est de jouer au hockey. C'est là-dessus et juste là-dessus qu'il doit mettre ses efforts », insiste l'ancien joueur de centre vedette et capitaine des Canadiens de Montréal. « Il n'y a rien d'acquis, c'est le début de sa carrière. Il ne doit pas regarder loin devant, sinon il va manquer son coup. C'est un jour à la fois. Tu te présentes à l'aréna et tu t'entraînes fort. C'est facile de se projeter dans l'avenir, mais il doit éviter de le faire. »
Turgeon, marqueur de 515 buts dans la LNH et candidat de valeur en vue d'une intronisation au Temple de la renommée, a toujours fait sienne la philosophie qu'un ami lui a déjà résumée dans une phrase toute simple.
« Tu n'es pas obligé de faire quelque chose, tu as la chance de le faire », qu'il lui disait souvent.
« C'est vrai, et c'est une bonne façon de voir les choses, mentionne Turgeon. Je l'applique dans ma vie encore aujourd'hui. Je ne suis pas obligé de m'entraîner, mais j'ai la chance de le faire et je suis privilégié de pouvoir le faire. Ça revient à l'importance de rester connecté avec le présent. »
Il y a une dizaine d'années, un coup du destin a renforcé la doctrine chez les Turgeon qui ont été éprouvés par la perte tragique d'un enfant en décembre 2010, Élizabeth, elle-même hockeyeuse émérite, à l'âge de 18 ans.
« À un moment donné, tu vois la vie différemment. J'ai évolué avec les années et le bagage d'expérience acquis, dit Turgeon. Ça ne sert à rien de se morfondre à longueur de journée, ça te gruge de l'intérieur. Il faut toujours vivre au quotidien, aller de l'avant et contrôler ce que nous pouvons contrôler. La vie est belle », conclut l'Abitibien âgé de 50 ans.