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Le 26 février 2016, Phillip Danault dit qu'il a perdu sa belle naïveté.
En soirée, un peu avant 20h, le jeune attaquant des Blackhawks de Chicago cuisinait un plat de poulet en compagnie de son amie de cœur Marie-Pierre Fortin au nouveau condo où le couple venait d'emménager.
Son téléphone a sonné. Il a tout de suite vu que c'était Stan Bowman, le directeur général des Blackhawks, qui l'appelait.

Immédiatement, il a pensé qu'on venait de le céder à l'équipe-école des Blackhawks. Jamais, il n'aurait pensé entendre ce qui allait suivre.
« Allo Phillip, c'est Stan, comment vas-tu? J'ai eu à prendre une grande décision aujourd'hui. »
(C'est en plein ça, repensa-t-il, je suis rétrogradé dans les rangs mineurs.)
« Je t'ai échangé aux Canadiens de Montréal. »
La phrase a résonné comme une tonne de briques. Danault est demeuré bouche bée.
« Je capotais. Je ne savais pas quoi penser, raconte-t-il. J'étais content d'un côté de passer aux Canadiens. Je ne l'étais pas d'un autre d'avoir été échangé. »
Dans le condo, c'était silencieux. Sa blonde était même plus ébranlée que lui, elle qui venait de quitter son emploi au Québec afin de rejoindre son amoureux à Chicago.
Au bout de quelques minutes, Danault a contacté son père Alain afin de lui communiquer la nouvelle.
« Il croyait que je lui faisais une mauvaise blague. Eh non, c'était bien vrai. Ç'a été un dur coup à encaisser pour toute la famille. »
Le hockeyeur âgé de 23 ans était très attaché aux Blackhawks depuis qu'ils l'avaient réclamé au premier tour de la séance de repêchage 2011 avec le 26e choix au total. Il avait gravi les échelons au sein de l'organisation et il cognait à la porte de la LNH, après avoir vécu de très près la conquête de la Coupe Stanley de l'équipe en 2015. Il se voyait gagner la Coupe à son tour, à brève échéance.
« Tsé, quand tu es jeune, tu mords dans la vie, pis tu es naïf. Je me suis fait avoir », débite-t-il avec le recul.
« C'est cette soirée-là que j'ai réalisé que le hockey est une 'business'. »
Ce qui a rendu le transfert plus difficile à accepter, c'est qu'il quittait une équipe aspirante aux grands honneurs afin de joindre une équipe en déroute.
« C'était particulier, très gros. Ç'a été une montagne russes d'émotions. Mais cette saison, c'est tellement le 'fun' », prend-t-il soin d'ajouter.
Comme Québécois, Danault craignait que les partisans du Tricolore entretiennent des attentes démesurées à son endroit. D'autant qu'il n'était pas complètement retrouvé la forme à la suite de l'opération à une hanche qu'il avait subie à l'été 2015.
« Je ne suis pas un marqueur de 25 buts, mais un gars qui travaille, qui a le cœur à la bonne place et qui est un bon leader, mentionne-t-il. Je savais que je pouvais éventuellement apporter une contribution à l'attaque. Ça vient avec de la confiance, comme j'en ai beaucoup cette saison. »

En ce sens, l'échange aux Canadiens est sans doute la meilleure chose qui pouvait lui arriver.
Le directeur général Marc Bergevin est celui qui l'a repêché chez les Blackhawks en 2011. Danault connaissait l'intérêt qu'il lui portait et il s'attendait à ce que Bergevin tente à un moment donné de faire son acquisition.
« Mais pas tout de suite », ajoute-t-il.
Danault a tourné positivement la situation à son avantage.
« C'est la même chose pour tout le monde. La vie nous apporte son lot de défis. C'est la façon qu'on les relève qui compte. Je suis un gars de défis. Je ne peux pas en avoir un plus gros que celui de porter les couleurs des Canadiens. Peu importe ce qui va se produire à l'avenir, je serai satisfait de ce que j'ai fait et prêt à relever d'autres défis. »
En attendant, Danault va passer un heureux temps des Fêtes en famille à Victoriaville, avec sa fiancée. Le plus beau de sa jeune existence?
« Je ne veux pas parler trop vite… Disons que ça va être un beau temps des Fêtes », conclut-il avec le sourire.