cots_arena

Le commissaire de la LNH Gary Bettman est entré dans la bulle à Edmonton le 10 septembre et il s'est immédiatement placé en isolement. Comme tout le monde de l'extérieur, il a dû passer quatre jours dans sa chambre d'hôtel. Les trois journées suivantes, il a pu quitter sa chambre pour accomplir du travail essentiel.

À son premier matin de liberté presque totale, il a rencontré le directeur au contenu de la LNH Steve Mayer dans le hall d'entrée de l'hôtel.
À LIRE AUSSI : Balado : Le Lightning est champion de la Coupe Stanley | Bettman fier de ce que la LNH a accompli pour décerner la Coupe Stanley
« Il m'a dit qu'il voulait me faire visiter la bulle, a raconté le commissaire Bettman. Je lui ai dit : "D'accord, mais je veux sortir dehors avant. J'ai besoin de prendre une bouffée d'air frais." »
Durant sa visite, le commissaire Bettman a été stupéfait. Même s'il a été profondément impliqué en parlant avec Mayer trois ou quatre fois par jour et en répondant à ses appels peu importe ce qu'il faisait, il suivait le projet à distance. C'était autre chose de le voir en personne.
Après avoir mis la saison en pause, le 12 mars, en raison des inquiétudes entourant le coronavirus, la LNH est revenue au jeu avec un tournoi à 24 équipes sans précédent. Douze équipes de l'Association de l'Est sont entrées dans la bulle à Toronto, le 26 juillet, isolées principalement dans deux hôtels et au Scotiabank Arena. Douze formations de l'Association de l'Ouest sont débarquées à Edmonton la même journée, isolées elles aussi dans deux hôtels et au Rogers Place. Les séries d'après-saison se sont amorcées le 1er août.
Au moment où le commissaire Bettman est arrivé, la Ligue venait d'atteindre les finales d'association. Quatre équipes partageaient un hôtel à Edmonton et jouaient au Rogers Place.
« Il s'est tourné vers moi et a lancé : "Comment es-tu parvenu à faire ça avec 12 équipes?", a raconté Mayer. J'ai pris ça comme un beau compliment. Parfois, je me demande moi-même comment nous y sommes arrivés. Nous avons en quelque sorte réalisé le projet au fur et à mesure. Nous n'avions jamais vécu l'expérience d'une bulle. »
Mayer a éclaté de rire.
« Personne n'avait jamais vécu une telle expérience, a-t-il poursuivi. Et tu prends des décisions en fonction de ce que tu penses qui est logique, mais tu ne sais pas s'il s'agira de bonnes décisions. Je crois que les attentes étaient basses et que nous les avons dépassées. »
La LNH avait deux objectifs principaux : garder tout le monde en sécurité et décerner la Coupe Stanley de manière légitime.
La Ligue a dévoilé lundi que sur les 33 174 tests administrés au personnel des équipes depuis qu'elles sont arrivées dans les bulles le 26 juillet, aucun ne s'est révélé positif à la COVID-19.
Ce soir-là, le Lightning de Tampa Bay a soulevé la Coupe Stanley après avoir défait les Stars de Dallas 2-0 dans le match no 6 de la Finale.
Considérant que les joueurs ont passé 65 jours dans la bulle, isolés de leur famille, de leurs amis et du monde extérieur, et sans le soutien de partisans dans les estrades, le commissaire Bettman a déclaré durant la présentation de la Coupe que « ce parcours jusqu'à la Coupe Stanley entrera dans l'histoire comme l'un des plus difficiles de tous les temps. »
La LNH a tenu 130 matchs en 59 jours, transformant des arénas vides en couvrant les sièges et en ajoutant des écrans et des lumières de concert pour offrir un spectacle fait sur mesure pour la télévision et les partisans à la maison.
« J'ai habituellement peu d'émotions après la fin d'un événement, car je sais que nous passons tout de suite au suivant », a expliqué Mayer, qui a tout supervisé. « Je ne me suis jamais reposé sur mes lauriers. Je préfère regarder en avant et voir comment nous pouvons faire quelque chose de plus gros et de meilleur. Mais cette fois, ç'a été tellement différent et unique. C'est quelque chose que personne d'entre nous n'avait jamais réalisé. Donc oui, c'était plutôt émotif.
« Tout notre personnel a fait des sacrifices incroyables, mais pour un objectif commun qui valait tous ces sacrifices. Nous sommes très fiers d'avoir accompli ce que nous avons accompli. Nous faisons seulement notre travail, mais je crois que chacun d'entre nous est allé encore plus loin pour y arriver, et ça fera partie de nos meilleurs moments en carrière. »
* * * * *
La sécurité était primordiale.
« Nous avions dit depuis longtemps que nous n'allions pas pousser un soupir de soulagement avant que la Coupe soit soulevée, donc atteindre ce point sans aucun test positif est un immense soulagement », a mentionné le médecin en chef de la LNH Willem Meeuwisse. « Il y avait tellement d'inconnu quand nous avons amorcé cette aventure, si peu de science. Personne n'avait fait ça auparavant. Nous avons dû prendre des décisions en fonction de nos connaissances et ce qui nous semblait être logique. C'est vraiment gratifiant de voir que ç'a porté fruit. »

winne2

Des experts médicaux et des représentants du gouvernement ont conçu des protocoles de sécurité stricts et détaillés. Oui, tout le monde a subi un test de dépistage de la COVID-19 quotidien avec un prélèvement nasal. Mais ces tests ne seraient pas tous revenus négatifs sans prévention et sans que tout le monde adhère aux règles. Sans exception.
Les gens ne pouvaient pas aller et venir. Les quelques-uns qui sont entrés et sont repartis ont dû s'isoler et passer trois tests consécutifs toutes les 48 heures pendant sept jours avant leur arrivée. Ils devaient ensuite s'isoler dans leur chambre d'hôtel pendant quatre jours et subir quatre autres tests. Ils pouvaient ensuite quitter leur chambre pour accomplir du travail essentiel pendant les trois journées suivantes.
Le commissaire Bettman et le commissaire adjoint Bill Daly ont eux aussi dû se plier à ces règles. Même chose pour Meeuwisse, qui a supervisé les protocoles à Toronto et à Edmonton et qui a dû voyager entre les deux villes et se soumettre à l'isolement à trois reprises.
« J'ai goûté à ma propre médecine », a dit Meeuwisse.
Pour se déplacer dans la bulle, tout le monde devait recevoir un passeport santé toutes les 12 heures en répondant à un questionnaire sur une application et en faisant prendre sa température à une station automatisée et sans contact. Tout le monde devait porter un masque. Tout le monde devait pratiquer la distanciation physique. Tout le monde devait laver ou désinfecter ses mains.
Simultanément, des équipes de nettoyage stérilisaient absolument tout, des vestiaires des équipes entre les matchs et les entraînements aux bancs des joueurs en passant par le banc des punitions entre les périodes.
« La prévention est la clé dans tout ça, car si tu tentes de corriger une erreur après l'avoir commise, ça signifie que tu te retrouves à faire du traçage de contacts et à tenter de limiter les dégâts, a fait valoir Meeuwisse. La meilleure approche est de prévenir la transmission ou une éclosion en premier lieu.
« La clé du succès a été que tout le monde a adhéré aux mesures, des joueurs aux entraîneurs en passant par le personnel de soutien. Même les employés des hôtels et toutes les autres personnes dans la bulle ont adhéré. Tout le monde a pris ça au sérieux. Même quand porter un masque, laver ses mains et pratiquer la distanciation physique régulièrement sont devenus fastidieux, ils ont continué à le faire, et c'est probablement la raison principale pour laquelle ç'a fonctionné. »
La LNH n'aurait pas foncé si elle n'avait pas eu bon espoir d'accomplir ce projet de manière sécuritaire. Mais aucun test positif?
« Parfois, tu te demandes comment nous y sommes arrivés, a affirmé Mayer. Est-ce que je suis arrivé ici en pensant qu'il n'allait y avoir aucun cas de COVID-19? Absolument pas. Et je vais être très honnête avec vous. Nous avions un plan en place si quelqu'un contractait la COVID-19, et nous l'aurions exécuté si c'était survenu, mais nous n'avons pas eu à le faire.
« Je crois vraiment que c'est un modèle pour la société. Je sais que nous avions des tests quotidiens et que c'est quelque chose d'unique. Mais nous avions également des protocoles en place qui ont été bien pensés et bien exécutés par tout le monde dans la bulle. Tout le monde a porté son masque. Tout le monde a pratiqué la distanciation physique. Tout le monde se souciait des autres. »
Mayer était debout sur l'esplanade extérieure en parlant. Il a pointé deux joueurs assis à une table et qui portaient tous les deux un masque. Il a montré des gens en train de manger tout en respectant la distanciation physique. Et c'était après plus de deux mois.
« Jusqu'à la toute fin, les gens ont adhéré aux règles et ce sont eux qui ont fait un succès de tout ça, a expliqué Mayer. Nous avons fait ce que nous avions à faire en tant qu'organisateurs, mais nous n'aurions jamais pu y arriver s'ils n'avaient pas respecté les règles. Jamais. »
* * * * *
La sécurité signifiait de faire des sacrifices.
Il n'y avait pas d'échappatoire à ce que les protocoles exigeaient. Peu de membres des familles sont entrés dans la bulle et ce n'était que pour la fin. Mais la LNH a tenté de rendre tout le monde le plus à l'aise possible, allant de l'ouverture de restaurants à l'achat d'équipement de tennis de table et aux excursions en dehors de la bulle.

plane_092920a

Plusieurs membres de la LNH ont vécu dans la bulle encore plus longtemps que le Lightning ou les Stars. Mayer et quelques autres gens de son équipe sont arrivés le 14 juillet. Ils y sont donc demeurés pendant 78 jours.
« Vous tentez de faire de votre mieux, mais vous… », a dit Mayer, sa voix s'éteignant pour un moment. « Vous espérez seulement que vous êtes correct, et vous espérez que vous serez en mesure de rendre les gens heureux pour tout le temps où ils seront là. Et écoutez, ce n'est pas parfait dans l'ensemble, et je n'ai jamais dit que c'était incroyable et merveilleux. Mais, vous savez, nous sommes fiers que tout le monde ait quitté les lieux en ayant passé plusieurs jours ici et qu'ils soient en paix avec cela. »
En fin de compte, tous les sacrifices étaient faits en fonction du sport.
La chose la plus normale a peut-être été le produit sur la glace et à la télévision. Les joueurs ont rivalisé intensément pour la Coupe, comme toujours. La LNH n'a pas seulement tenté de faire ressortir le bon d'une mauvaise situation; elle a essayé de transformer une mauvaise situation en quelque chose de spectaculaire pour les téléspectateurs.
« Je pense sincèrement que nous avons présenté quelque chose de bien qui a fonctionné, a dit Mayer. Le plus beau compliment est d'avoir entendu des gens nous dire : "Je regarde les matchs et j'oublie qu'il n'y a pas de partisans. C'est vraiment divertissant."
« Nous avons essayé de mettre en vedette nos joueurs étoiles. Le joueur fait un beau jeu, montre-le sur les écrans géants. Assurons-nous que les gens savent qui est Brayden Point, mais tous les joueurs de Tampa également. Mettons en vedette certains faits marquants et ajoutons de la musique. Offrons un spectacle.
« C'est ce que j'aime faire, et c'est ce que, je pense, nous avons été en mesure d'accomplir. Un effort d'équipe grandiose. »
Le Lightning n'a pas été la seule équipe championne. Le commissaire a soutenu que Mayer et son équipe avaient été « incroyables ». Il faut donner du mérite à Mayer et au vice-président directeur Dean Matsuzaki, aux vice-présidents Bill Miller, Joe Fitzgerald et Dan O'Neill, à… Le problème est que la liste est trop longue.
« Je me faisais continuellement demander : "Quelle est l'attitude? Les gens veulent-ils partir? Les gens en ont-ils marre d'être dans la bulle? ", a relaté Mayer. Et la réponse était toujours non. J'avais l'impression que nous voulions achever ce que nous avions commencé, nous ne voulions pas que la COVID-19 l'emporte ou que quelque chose d'autre nous barre le chemin. Nous voulions simplement vivre ce dernier moment.
« Nous y sommes rendus. Nous l'avons fait. Nous allons nous souvenir de ceci à jamais, et vous allez toujours vous souvenir des gens avec qui vous l'avez fait, ceux qui ont partagé cette épreuve avec vous, car c'est la plus belle épreuve que nous n'avons jamais affrontée. »