BUFFALO -- Lorsque le directeur des officiels de la LNH Stephen Walkom a menacé de m'envoyer sur la patinoire au HarborCenter pendant la Séance d'exposition à l'arbitrage de la LNH la fin de semaine dernière, j'ai dû poliment décliner l'invitation. Je lui ai expliqué que je ne savais pas patiner et qu'il serait donc plutôt imprudent de sauter sur la glace avec des hommes et des femmes qui ont joué au hockey des rangs juniors jusque dans la LNH.
Il y a toutefois une chose que je pouvais faire.
Alors que les participants à la Séance d'exposition subissaient des examens physiques et circulaient dans les couloirs, j'ai mis un casque Oculus lourd et noir sur ma tête et devant mes yeux.
Soudainement, j'étais dans l'action. Virtuellement.
Les futurs arbitres de la LNH se tournent vers la réalité virtuelle
Cette technologie est vue comme une manière d'accélérer le développement à la Séance d'exposition à l'arbitrage de la LNH
La Séance d'exposition à l'arbitrage de la LNH en est à sa cinquième année d'existence. Elle a été mise sur pied pour faire découvrir la vie d'un arbitre à d'anciens joueurs de hockey de tous les niveaux. Certains participants ont déjà joué le rôle d'arbitre ou de juge de ligne, tandis que d'autres n'ont jamais porté le maillot rayé. Ils subissent des examens physiques rigoureux, puis vivent l'expérience d'arbitrer sur la glace. Cette année, ils ont même eu l'occasion d'essayer de la nouvelle technologie de réalité virtuelle.
Cinquante-deux personnes ont participé au premier camp, alors que le nombre de participants a grimpé à 92, chacun sélectionné parmi un groupe de plus de 300 candidats. Dix-huit invités ont participé à la Séance d'exposition avant de devenir des officiels de la LNH. Douze d'entre eux sont désormais des arbitres à temps plein dans la Ligue, incluant les juges de ligne Shandor Alphonso et Ryan Gibbons, qui ont pris part au premier camp en 2014.
Le logiciel de réalité virtuelle qui permet à ces potentiels arbitres de la LNH de se lancer dans le jeu sans devoir chausser les patins est le produit d'une compagnie nommée Strivr, qui a commencé son travail il y a quatre ans avec des quarts-arrière avant d'étendre sa collaboration avec des équipes de la NFL, de la NBA, de la MLB, ainsi qu'avec deux équipes de la LNH : les Capitals de Washington et les Blackhawks de Chicago. Et maintenant, Strivr espère que son slogan « Le pouvoir de rendre l'entraînement parfait » pourra s'appliquer aux arbitres de la LNH.
Il s'agit d'une des nombreuses façons dont la technologie continue de s'intégrer dans le hockey, comme le suivi des joueurs et l'ajout de caméras à la ligne bleue.
« Imaginez que, plutôt que de regarder des vidéos en 2D, vous portez un casque de réalité virtuelle, vous entrez dans un scénario différent et vous entendez le bruit du match, alors ça change la dynamique complètement et c'est comme si vous arbitriez vraiment un match », a indiqué Omar Ahmad, directeur des partenariats sportifs chez Strivr.
Ça pourrait mener à un monde où les arbitres voyagent avec leur propre casque Oculus afin de s'entraîner et de se préparer. Les casques pourraient également servir comme outil d'apprentissage pour les arbitres jeunes et inexpérimentés.
« Je pense que ce serait vraiment utile pour enseigner aux arbitres qui gravissent les échelons », a commenté Matt Ceko, 21 ans, un participant à la séance d'exposition qui sera arbitre dans la Ligue de hockey de l'Ontario (OHL) et la ECHL cette saison. « Mais ça pourrait être également utile pour les officiels actuellement dans la Ligue. Si tu manques de confiance ou que tu bousilles quelques décisions au cours de la saison et que la Ligue veut que tu travailles sur quelque chose, tu te lances dans la réalité virtuelle et gagnes un peu plus de confiance, car je crois que c'est assez facile d'obtenir une note de 100 pour cent. »
Facile à dire pour lui.
Dans mon casque, je voyais un match de la saison dernière du Havoc de Huntsville, en Alabama, dans la Southern Professional Hockey League. L'action était visible depuis une caméra placée sur la baie vitrée. Je pouvais voir ce qui se passait sur la glace en regardant la vidéo 3D, mais afin d'obtenir une perspective à 360 degrés et de voir les joueurs et les autres officiels, je devais bouger la tête constamment. J'espérais que personne ne m'observe. Plus je tournais la tête, plus je voyais d'action.
La vidéo du match a commencé à jouer, et alors que je tentais de suivre le jeu, j'essayais également de déterminer l'infraction qui venait d'être commise. Un joueur avait-il donné de la bande? Y avait-il même une infraction sur le jeu? À quel point étais-je bonne pour déterminer la différence?
Et c'est exactement le but de l'exercice.
« La technologie continue de s'améliorer jour après jour, mois après mois, a dit Ahmad. Mais maintenant, tu peux donner une nouvelle utilité au contenu de réalité virtuelle et choisir un moment-clé du jeu où il faut prendre une décision. Tu peux ensuite t'évaluer à partir de ça. Alors, y a-t-il hors-jeu ou non? D'un seul coup, la vidéo s'arrête et tu es contraint à prendre une décision ou à identifier le joueur qui est hors-jeu. »
Lors d'une évaluation, le joueur no 81 a donné un coup de bâton en début de séquence, mais ce n'est que quelques minutes plus tard que le logiciel m'a demandé quel joueur avait commis l'infraction. J'ai dû y réfléchir et me rappeler l'infraction et le joueur qui l'avait commise. J'ai échoué.
Mais d'autres ont réussi.
« C'était génial, ça nous mettait dans une bonne position, a affirmé Ceko. Ça nous permettait d'évaluer notre jugement. C'est assurément un bon outil qui nous aide à travailler notre discernement. »
Surtout à la suite d'un long été sans hockey ou pour ceux qui sont sur le point d'entamer leur carrière d'officiel. Ils obtiennent l'occasion de s'entraîner sans avoir besoin d'un vrai match.
« Les gars ici tentent de décrocher un poste dans la LNH avec très peu d'expérience en ce qui concerne l'arbitrage, a dit Ahmad. Nous espérons que ce logiciel puisse accélérer leur développement et qu'il puisse apprendre ce qu'il faut pour passer d'un joueur ou d'un entraîneur à un arbitre de la LNH. »
Ce n'est pas mon cas et j'ai dû accepter mon score médiocre, avec un temps bien plus long que la moyenne -- 5,79 secondes -- pour prendre chaque décision. Mais pour quelqu'un qui ne sait pas patiner et qui ne voulait pas risquer sa vie afin de voir si elle pouvait prendre la bonne décision, c'est le plus près que j'aurai été de la vie d'arbitre.