SAN JOSE -- Joe Thornton s'est enfoncé dans sa chaise et s'est mis à réfléchir à la question : est-ce le plus près qu'il soit jamais venu de participer à la finale de la Coupe Stanley depuis le début de sa carrière de 18 saisons dans la LNH ?
Il s'est remémoré les deux dernières fois où il a pris part à la finale de l'Association de l'Ouest avec les Sharks de San Jose. En 2010, ceux-ci ont été balayés en quatre matchs par les Blackhawks de Chicago. Et en 2011, les Canucks de Vancouver les ont éliminés en cinq rencontres.
Les Sharks sont plus près du but que jamais
Le noyau de joueurs de San Jose n'est qu'à deux gains de participer à la finale de la Coupe Stanley pour la première fois
© Nick Lust/Getty Images
Thornton s'est ensuite mis à sourire, ses dents blanches brillant au travers son hirsute barbe brune et grise.
« Ouais, a lancé Thornton. C'est le plus près, j'imagine. »
Les Sharks ont vécu tellement de choses au fil des ans - des attentes élevées, d'amères déceptions, le titre de capitaine qui passe d'un joueur à l'autre, des changements au poste d'entraîneur - et maintenant ils se retrouvent de nouveau en finale d'association, où ils dominent présentement les Blues de St. Louis. Le résultat, c'est qu'ils ne sont plus qu'à deux victoires d'atteindre la finale de la Coupe Stanley pour la première fois depuis que la concession a commencé à jouer dans la LNH en 1991-92.
À quel point les Sharks ont-ils été bons dans la victoire de 3-0 qu'ils ont signée à l'occasion du troisième match contre les Blues, jeudi ? Tellement bons que leurs partisans, qui souffrent depuis si longtemps, qui ont souvent été déçus quand ils osaient vivre d'espoir, ont fait la vague en troisième période. Ils l'ont fait sans arrière-pensée et sans douter.
Les Sharks ont été la meilleure équipe pendant une bonne partie du premier affrontement contre les Blues même s'ils ont perdu 2-1, et ils ont été la meilleure équipe pendant la forte majorité des deux matchs qui ont suivi, alors qu'ils ont dominé St. Louis 7-0 au chapitre des buts marqués. Le gardien Martin Jones a réalisé 48 arrêts sur l'ensemble des deux jeux blancs consécutifs qu'il a signés et le dernier but qu'il a accordé remonte à 9:15 de la deuxième période de la première rencontre, ce qui lui donne une séquence parfaite de 150:45.
La plupart du temps, les Sharks ont appliqué de la pression en zone adverse et ont eu les Blues à l'usure. Ils avaient l'air d'une équipe rapide tandis que St. Louis avait l'air d'une formation lente. Leurs meilleurs joueurs ont mieux fait que les meilleurs joueurs des Blues. Leurs joueurs de soutien ont mieux joué que les joueurs de soutien adverses, et même mieux que les meilleurs joueurs des Blues à l'occasion.
« C'est ça notre jeu : contrôler la rondelle, avancer le long de la bande profondément dans leur zone et bouger constamment quand nous avons le disque, pour ainsi créer de l'offensive de cette façon, a indiqué l'attaquant des Sharks Chris Tierney. Nous voulons arriver à le faire peu importe quel trio nous affrontons, et nous sommes à la hauteur de la tâche. Notre niveau de confiance est élevé en ce moment. »
Quand les Sharks n'avaient pas la rondelle, ils ont le plus souvent réussi à garder les joueurs des Blues en périphérie pour ainsi faciliter la tâche de Jones. Les Blues ne sont pas parvenus à marquer même s'ils ont remplacé leur gardien par un patineur supplémentaire pendant les dernières 5:31 de jeu du troisième match, jouant alors à six contre cinq jusqu'à ce que le défenseur Alex Pietrangelo écope d'une pénalité pour avoir donné un coup de coude au moment où il restait 45 secondes à disputer. Les Blues ont enregistré deux tirs au but pendant cette séquence ; les joueurs de San Jose en ont bloqué huit.
« Je crois vraiment que notre profondeur représente une force, a dit Thornton. Nous n'avons jamais eu autant de profondeur depuis que je suis ici, et en plus nous avons (Jones) qui est tout simplement incroyable. Nous adorons jouer pour lui et ça paraît d'un match à l'autre. Aucun des attaquants n'a droit à 25 ou 26 minutes de temps de glace. Ils jouent de 17 à 18 minutes par match. Notre profondeur est tout simplement incroyable cette année. »
San Jose se trouve présentement en territoire inconnu. Les Sharks ont atteint la finale d'association à trois reprises avant cette année - ils l'ont également fait en 2004, s'inclinant alors en six matchs devant les Flames de Calgary - et à chaque fois, ils se sont retrouvés en déficit de 2-0 en début de série.
Cette équipe n'essaie pas de remonter la pente. Menée par un nouvel entraîneur, Peter DeBoer, et profitant d'un nouveau groupe de joueurs de soutien pour épauler Thornton, Patrick Marleau, Joe Pavelski, Logan Couture, Brent Burns et Marc-Edouard Vlasic, cette équipe mène présentement en finale d'association.
Et l'équipe est consciente de ce qui se passe.
« Quand je repense aux années où nous avons participé à la finale d'association, le fait que nous nous sommes retrouvés en déficit de 2-0 les deux fois est ce qui me revient à l'esprit », a indiqué Couture, qui fait partie du noyau de joueurs qui étaient présents en 2010 et 2011. « C'est une bataille difficile à livrer. Tu dois te sortir d'un trou. Présentement, la confiance règne dans cette équipe. »
Selon Couture, les Sharks ont été grandement sous-estimés cette saison. Lorsqu'on lui a demandé si cela a contribué à les motiver, il a répondu : « C'est certain. Absolument. » Les Sharks, qu'on a longtemps considéré comme une équipe sous-performante, se sont nourris de ce statut d'équipe négligée.
« J'étais ici à l'époque où on s'attendait à ce que les Sharks dominent dans la section Pacifique et malmènent un peu tout le monde, a souligné Couture. Nous avons affronté beaucoup d'adversité cette saison et l'été dernier aussi, et je crois que ç'a permis de souder le groupe. »
La clé sera de garder cette mentalité et les Sharks semblent effectivement solides à cet égard. Après le troisième match, Pavelski, le capitaine, a qualifié la victoire de « pas dans la bonne direction » tout en précisant qu'il y avait « encore beaucoup de chemin à faire ».
Tout comme Thornton, Pavelski n'est jamais venu aussi près de vivre une finale de la Coupe Stanley. C'est la même chose pour Marleau, Couture, Burns et Vlasic.
« Tu essaies de ne pas y penser, a dit Couture. Tu penses au prochain match. Dès que la sirène s'est fait entendre (jeudi), nous sommes tout de suite passés au quatrième match. »
Un quatrième match qui représente la prochaine opportunité de se rapprocher plus que jamais du but.