Scott_Foster_Blackhawks_EBUG

L'incroyable histoire de Scott Foster, ce comptable qui a arrêté les sept tirs des Jets de Winnipeg jeudi dans l'uniforme des Blackhawks de Chicago, a permis de rappeler que tous les jours, des hockeyeurs amateurs se présentent dans les arénas aux quatre coins de la LNH pour agir à titre de gardiens d'urgence. Une occupation où rêver serait faire preuve de trop d'optimisme.
Depuis cette saison, toutes les équipes de la LNH doivent avoir un gardien de réserve à chacun de leurs matchs. Leur tâche est habituellement simple: regarder le match de la galerie de presse ou d'un autre endroit dans l'aréna et attendre. Car il y a bien peu de chance qu'une équipe fasse appel à leurs services. À vrai dire, seuls les Hurricanes de la Caroline avaient dû envoyer un gardien d'urgence, leur responsable de l'équipement Jorge Alves, sur la glace dans les dernières années… pendant sept secondes. Une fleur que lui avait faite l'entraîneur-chef Bill Peters. Alves n'avait d'ailleurs pas reçu de lancers.

Or, ce qu'a vécu Foster cette semaine, disputer 14 minutes de réel hockey, semble presque impossible. Dans les 10 dernières années, il s'est joué près 12 300 matchs de hockey sans que la situation ne se produise. Encore mieux, Foster a pu le faire dans l'uniforme de son équipe favorite. En effet, depuis l'instauration de ce nouveau règlement, les gardiens d'urgence sont disponibles autant pour l'équipe locale que visiteuse.
Combien est-ce que ça paye, être gardien d'urgence? Zéro. En effet, Foster n'a pas été payé pour ses 14 minutes de gloire jeudi, puisque le contrat qu'il a signé avec les Blackhawks en est un de joueur amateur. Parions que l'équipe saura le remercier autrement, en plus des nombreux souvenirs.
Au Canada, les équipes se tournent fréquemment vers des joueurs du niveau universitaire afin de remplir ce poste. Avec 28 matchs par saison, les gardiens sont disponibles pour la majorité des matchs. C'est le cas des Canadiens de Montréal qui font appel à trois gardiens des Stingers de l'Université Concordia pour cette tâche: Marc-Antoine Turcotte, Antoine Marchand et Antoine Dagenais.
« Comme nous sommes trois gardiens avec l'équipe, il y en a toujours un de libre même si notre équipe joue, surtout les vendredis et samedis », explique Turcotte, qui en est à sa deuxième saison avec les Stingers.
C'est son entraîneur Marc-André Élément, qui donne un coup de main aux équipes adverses au Centre Bell, qui lui a proposé ce rôle. Comme Scott Foster, le jeune homme de 22 ans n'est pas rémunéré pour sa présence, mais il a trouvé moyen de rendre l'expérience payante pour lui.
« Les hot dogs sont à volonté, le café et les biscuits aussi. C'est ça mon salaire! », rigole-t-il.
« J'ai sauté sur l'occasion! Tu peux regarder comment les pros agissent, tu vois les détails qu'ils font, autant dans la séance d'échauffement que pendant le match. Ça te donne un autre angle et ça te permet d'analyser. Ça m'a aidé beaucoup pour mon développement cette saison. »

27654973_10155136511557761_8816909527470863031_n

Celui qui a gardé presque tous les matchs des Stingers cette saison assiste donc aux rencontres des Canadiens perché sur la galerie de presse. Du moins, la plupart du temps.
« À la fin de la session cet hiver, j'avais un examen le lendemain, donc j'avais apporté mes livres et mon ordinateur pour étudier. Je n'avais pas le choix! J'étais installé dans le vestiaire adverse. »
Des trois gardiens d'urgence chez les Canadiens, Turcotte est celui qui a le plus beau curriculum vitae. Il a disputé 71 matchs dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec, affichant des statistiques intéressantes lors de son année de joueur de 20 ans avec les Sea Dogs de Saint-Jean. Il a aussi bien fait avec les Stingers cette saison. Contrairement à Scott Foster, une carrière professionnelle est encore possible pour lui. Il reste toutefois réaliste; il faudrait un énorme concours de circonstances pour que ce début chez les pros s'effectue dans le chandail des Canadiens à titre de gardien d'urgence.
« Je sais que les chances ne sont vraiment pas de notre bord pour que ça arrive et on ne veut pas que personne ne se blesse. Mais il y a toujours une chance. Juste d'être dans l'entourage de l'équipe, c'est un rêve de petit gars. »
Cinq autres occasions où un gardien d'urgence a été nécessaire
Le responsable de l'équipement des Hurricanes de la Caroline est appelé en renfort après qu'Eddie Lack soit tombé malade, le 31 décembre 2016. Malgré ce nouveau rôle, Alves aiguisait les patins de ses coéquipiers entre les périodes. Il a finalement été utilisé pendant 7 secondes dans ce match.

Leonhardt, un ancien gardien de la division III de la NCAA, est le webmestre des Capitals. Lorsque José Théodore a été victime d'une blessure, les Capitals ont rappelé Semyon Varlamov de la Ligue américaine. Le Russe n'a pas été en mesure d'arriver à temps au match. Leonhardt a ainsi secondé Brent Johnson durant le match, mais n'a pas joué.
Semborski peut se vanter d'avoir réussi l'exploit d'être gardien d'urgence pour deux équipes. Le 3 décembre 2016, il est appelé en renfort alors qu'il travaille au magasin d'équipement du complexe d'entraînement des Flyers pour remplacer Corey Crawford, qui doit subir une appendicectomie. Il n'a pas joué.
Puis le 1er avril 2017, c'est au tour des Flyers de faire appel à Semborski puisque Steve Mason était malade et que Michal Neuvirth a subi un malaise durant la première période du match. Semborski a secondé le gardien de la Ligue américaine Anthony Stolarz, entré dans le match d'urgence lui aussi.
Avec un pointage de 3-0 à son avantage en fin de rencontre, l'entraîneur-chef Dave Hakstol a décidé d'envoyer Semborski dans la mêlée. Toutefois, comme le règlement de la LNH stipule qu'un gardien d'urgence peut être utilisé qu'en cas de blessure, Semborski a dû revenir au banc des joueurs, sous les applaudissements de la foule.

Le 1er mars 2014, à la date limite des échanges, les Blues et les Sabres s'échangent les gardiens Jaroslav Halak et Ryan Miller. Le problème, c'est que ces deux équipes n'ont pas sous la main un troisième gardien pour leur match prévu en soirée. Ainsi, Ryan Vinz, un préposé à la vidéo pour les Sabres, et Jeff Tyni, un responsable de l'équipement chez les Blues, enfilent l'uniforme de gardien. Les deux ne sauteront pas sur la glace.
Il fut une époque où les équipes de la LNH n'étaient pas obligées d'avoir un deuxième gardien au sein de leur équipe. Voilà pourquoi le 16 octobre 1960, l'attaquant Jerry Toppazzini des Bruins de Boston a revêtu l'équipement de gardien de but pour remplacer Don Simmons, qui s'était blessé alors qu'il restait une trentaine de secondes à faire au match face aux Blackhawks de Chicago. Toppazzini n'a pas reçu de lancers.
Il est le dernier joueur d'attaque à avoir occupé le poste de gardien de but. En 1965, la LNH a obligé la présence d'un gardien substitut pour toutes ses équipes.