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Éric Gélinas ne connaissait pas grand-chose au sujet de Moritz Seider, à part le fait qu'il avait été le sixième choix du repêchage de 2019 et que sa sélection plutôt hâtive - croyait-on à l'époque - avait beaucoup fait jaser.
C'est seulement quand le jeune espoir des Red Wings de Detroit a abouti à ses côtés à la ligne bleue du Rögle BK d'Ängelholm, dans la Ligue élite de Suède (SHL), que le défenseur québécois a compris pourquoi sa venue avait suscité autant d'intérêt dans les journaux locaux en début de saison.

« Je me suis vite rendu compte que c'était un joueur exceptionnel », a indiqué Gélinas, en entrevue avec LNH.com. « Il ne joue pas comme un gars de 19 ans. Il est conscient de sa position sur la patinoire en permanence et ses prises de décisions sont déjà très matures.
« Un défenseur droitier de son gabarit qui est capable de bouger comme il le fait, ça ne pleut pas. Je n'ai aucun doute que je viens de passer la saison avec un partenaire qui va connaître une carrière de 10 ou 15 saisons dans la LNH. C'est une future vedette. »
Venant d'un vétéran qui a disputé près de 200 matchs dans la grande ligue avec les Devils du New Jersey et l'Avalanche du Colorado, en plus d'avoir roulé sa bosse dans la Ligue américaine de hockey (LAH), dans la Ligue continentale de hockey (KHL) et maintenant dans la SHL, ce n'est quand même pas à prendre à la légère.
Et si jamais sa prophétie se réalise, Gélinas peut être certain que l'Allemand se souviendra de la saison passée avec lui, par pur hasard, alors que leurs chemins ne devaient pas se croiser.
Parce que sans la pandémie et ses impacts sur toutes les ligues professionnelles, Seider aurait sans doute disputé une deuxième campagne avec le club-école des Red Wings. À Ängelholm, il a trouvé un endroit où poursuivre son développement sans tracas, mais aussi un mentor. Ou plutôt un ami.
« Je dirais plus que c'est un très bon ami qu'un mentor », a tenu à préciser le défenseur de 20 ans, qui venait justement de conclure une ronde de golf sur sa PlayStation en compagnie de Gélinas, quand on l'a rejoint mercredi.
« Nous avons probablement développé la chimie la plus spéciale dans l'équipe. Sa présence me facilite la vie parce qu'il a beaucoup d'expérience. Il est calme et il prend le hockey au sérieux. C'est un très bon modèle pour moi. À mon avis, nous formons l'un des meilleurs duos de la Ligue, et ce n'est pas un hasard. »
Seider pourrait prêcher pour sa paroisse, mais il n'exagère pas en disant ça.
Il a connu la saison la plus productive de sa carrière - sept buts, 21 aides en 41 rencontres - tandis que Gélinas a maintenu la meilleure moyenne de points par match (0,74) chez les arrières du circuit en récoltant 34 points, dont huit buts, en 46 matchs.
« J'ai obtenu de grandes responsabilités et je me sentais plus en confiance après l'expérience que j'ai acquise dans la Ligue américaine, a fait valoir l'Allemand. Je crois que tout revient à la chimie et aux sentiments que tu ressens avec tes coéquipiers et avec ton équipe. Tout ça était positif et c'est pourquoi j'ai connu du succès. »
« Nos styles de jeu se ressemblent beaucoup, a renchéri Gélinas. Il est plus physique que moi, et je suis un peu plus offensif que lui. Mais on pense la game de la même façon. C'est pour ça que ç'a autant cliqué. C'est facile de se lire; on prévoit les mêmes jeux au même moment. »
Les succès du dynamique duo ont assurément contribué à ceux du Rögle (31-12-9), qui s'est emparé du deuxième rang du classement général et qui attend de connaître l'équipe avec laquelle elle croisera le fer lors des quarts de finale.
Une année bénéfique
Même s'il espère disputer encore beaucoup de matchs avec le Rögle - et éventuellement décrocher le titre - Seider n'a pas caché qu'il avait déjà un œil tourné vers l'avenir et sur ce qui l'attend dans l'organisation des Red Wings l'an prochain.
Considéré par plusieurs observateurs comme l'un des meilleurs espoirs à ne pas encore évoluer dans la LNH, il ne serait pas trop surprenant de voir le gaillard de 6 pieds 4 pouces et 207 livres s'établir à Detroit dans les plus brefs délais.
« Ç'a été une très bonne décision d'évoluer ici, a souligné le jeune homme. J'ai pu jouer régulièrement sans constamment me demander ce qui m'attendait. Ç'a été énorme pour mon développement d'expérimenter une autre ligue et un autre calibre de jeu. J'ai gagné en maturité et en constance. »
Pour Gélinas, il ne fait pas de doute que son complice des derniers mois frappe avec insistance à la porte de la meilleure ligue au monde.
« J'ai passé beaucoup de temps avec lui à l'extérieur de la patinoire, que ce soit pour aller prendre un café ou prendre une marche, a-t-il raconté. C'est un jeune qui est curieux et qui veut savoir comment ça se passe dans la LNH. Il est vraiment mature et facile d'approche. Ç'a toujours été naturel entre nous.
« Moritz sait où il s'en va. Il est conscient de son talent, mais il demeure humble, il aime travailler et il veut toujours apprendre. Il sait que rien ne lui sera donné et que ce ne sera pas facile. Il veut simplement toujours s'améliorer et c'est, à mon avis, ce qui va faire de lui une star dans cette ligue. »