ZONNON BADGE LEPAGE

Pendant que certains se posaient des questions sur sa timide progression offensive, l’an dernier, Bill Zonnon s’affairait à bâtir la fondation du joueur dominant qu’il est dans la LHJMQ cette saison.

Maintenant que l’attaquant des Huskies de Rouyn-Noranda occupe le deuxième rang des pointeurs du circuit junior québécois, grâce à sa récolte de 23 buts et 58 points en 39 matchs, les quelques doutes sur ses capacités offensives se sont évaporés.

Et le meilleur dans tout ça, c’est qu’il est un joueur bien plus complet qu’il ne l’était, il n’y a pas si longtemps.

« Nous avions une bonne équipe l’an passé, et je n’étais pas toujours placé dans des situations offensives, a expliqué l’espoir admissible au prochain repêchage de la LNH. Il fallait que je trouve d’autres façons d’aider l’équipe à gagner. Si tu veux jouer au prochain niveau, tu dois être capable de faire beaucoup de choses.

« Quand je me suis rendu compte de ça, ç’a cliqué dans ma tête et j’ai réalisé que j’étais plus qu’un joueur qui était capable de faire des points. Je peux amener beaucoup plus que ça. »

Au fil de cette deuxième campagne, il a obtenu davantage de responsabilités défensives, au point où il est devenu l’homme de confiance de son entraîneur Steve Hartley en désavantage numérique. Il s’est aussi épanoui dans un rôle plus hybride, amassant tout de même 58 points en 68 matchs.

Ce n’était toutefois pas l’explosion offensive anticipée par plusieurs.

Le Montréalais avait fait écarquiller bien des yeux à son arrivée dans la Ligue en amassant 39 points, dont 16 buts, en 63 rencontres malgré qu’il eût amorcé la campagne à 15 ans, puisque sa fête est en octobre.

« Parfois, quand tu fais les détails et que tu ne triches pas, les points sont moins au rendez-vous », a argué le directeur général des Huskies, Yannick Gaucher. « Il a beaucoup appris à jouer dans les deux sens. À la fin de sa deuxième saison, il jouait autour de 22 minutes par match dans toutes les situations.

« Sa game complète s’est améliorée. C’est ce qui a fait la différence. On n’a jamais été inquiets en termes de points. Bill est capable de faire des points naturellement, mais sa game a changé. »

C’est là qu’on ressent l’influence d’Hartley, arrivé derrière le banc des Huskies en février dernier.

« J’ai toujours beaucoup cru que si tu joues de la bonne façon, les points vont être là quand même, a souligné le pilote. Il a vu qu’il y avait d’autres façons d’être utile à notre équipe et qu’il pouvait apporter autre chose que seulement les points, même si c’est important pour lui. Il récolte les fruits de tout ce qu’il a semé. »

Ce qui nous ramène à cette saison – celle des récoltes, justement.

Voyant que leur ligne de centre s’annonçait plus mince et que leur poulain avait prouvé sa polyvalence et sa fiabilité, Gaucher et Hartley ont discuté de la possibilité de muter Zonnon de l’aile au centre. La transition peut être ardue pour certains, mais ils s’étaient promis d’au moins l’essayer.

« On a commencé la saison comme ça, et c’est là qu’il a connu son éclosion, a raconté Gaucher. On l’a laissé là et il va bien depuis ce temps-là. Il aime ça. C’est un rôle qui vient avec plus de responsabilités, mais il a beaucoup plus d’espace sur la glace. J’ai l’impression que ça lui facilite la vie. »

Un défi nécessaire

Une chose est sûre, c’est que ça ne la lui complique pas.

« Ça lui permet d’être beaucoup plus en mouvement, de se servir de son gabarit et d’être beaucoup plus impliqué dans le jeu, a remarqué Hartley. Il est toujours proche de la rondelle. Il est en mouvement et il démontre qu’il a une bonne vision, puis qu’il est capable de distribuer la rondelle et de se créer de l’espace. »

Au moment d’écrire ces lignes, Zonnon est l’espoir de la cuvée 2025 le plus productif de la LHJMQ – il a deux points de plus que Caleb Desnoyers, des Wildcats de Moncton, en cinq matchs de plus. Le trio qu’il pilote, flanqué d’Antonin Verreault et de Lars Steiner, est l’un des plus menaçants du circuit.

« L’adaptation s’est bien passée, ça s’est fait naturellement, a dit le gaillard de 6 pieds 2 pouces et 185 livres. C’est l’une de mes forces, la polyvalence. Au prochain niveau, il faut que tu sois complet et que tu sois capable de jouer partout. J’étais ouvert à l’idée et c’est un défi que j’essaie de relever du mieux possible. »

Un défi; c’était exactement l’objectif derrière cette décision. Et en le relevant avec brio, il attire encore davantage les regards. Son nom vient d’ailleurs au 29e échelon sur la liste de mi-saison des espoirs nord-américains du Bureau central de dépistage de la LNH.

« Rendus à leur troisième année dans la Ligue, les gars ont besoin de ça, a conclu Hartley. Je l’avais vu à Halifax quand Dominique Ducharme a placé Jonathan Drouin au centre, ou à Drummondville avec Dawson Mercer. Ils ont besoin d’ajouter d’autres facettes à leur jeu. Ça prend un défi différent. »

Reste à voir jusqu’où cette ascension le mènera, en juin prochain.