Samuel Meloche était bien loin de s’attendre à vivre un tel scénario à sa première saison dans la Ligue de hockey junior Maritimes Québec.
À 17 ans, il a été propulsé dans la chaise de gardien numéro un des Huskies de Rouyn-Noranda dès le début de la campagne. Ce n’était pas le plan initial, mais une blessure subie par son coéquipier Kyle Hagen lui a ouvert la porte.
Résultat des courses, Meloche a obtenu le départ dans chacun des neuf premiers matchs de la saison, et a ainsi brûlé quelques étapes.
« Quand des situations comme celles-là surviennent, il faut que tu sois capable de tirer ton épingle du jeu, a sagement répondu le jeune homme en entrevue téléphonique avec LNH.com. Je me concentrais sur un match à la fois. J’essayais d’apprendre le plus possible. Je pense que le fait de revenir match après match me permettait d’apprendre des erreurs que je commettais et de grandir pendant ces neuf matchs consécutifs que j’ai joués.
« Je pense que ç’a été bénéfique pour moi afin de m’adapter au niveau de jeu du junior. Dans les premiers matchs, je dois admettre que ça allait pas mal vite. Mais par la suite, c’est comme si le jeu avait ralenti un peu, la game allait un peu moins vite de mon point de vue. »
Même si les Huskies avaient déjà dans leurs cartons de faire de Meloche le gardien d’avenir de l'organisation, ils n’avaient certes pas prévu de mettre toute cette charge aussi rapidement sur les épaules d'une verte recrue.
« Les neuf premiers matchs que Sam a dû jouer en début de saison, à ses débuts dans la LHJMQ, venaient avec une certaine pression, a admis Dany Sabourin, l’entraîneur des gardiens à Rouyn-Noranda. Il a été capable de gérer cette pression-là et il nous a montré sa maturité. Ç’a donné confiance à toute l’équipe et à tout le personnel. Il a montré qu’il était capable de faire la job. »
Non seulement Meloche a rapidement fait ses preuves, mais il n’a plus jamais regardé derrière. Il a disputé 51 des 64 matchs des Huskies en saison régulière, signant 30 victoires au passage – à égalité au deuxième rang du circuit. Le tout, rappelons-le, à 17 ans seulement, alors qu’il devait aussi composer avec une multitude de changements dans sa vie.
« Une nouvelle ville, une famille de pension. Pour moi, c’était la première fois, a expliqué Meloche. C’est beaucoup d’adaptation, surtout à Rouyn avec tous les longs trajets en autobus que nous avons à faire. Il faut apprendre à gérer le voyagement. Et c’est beaucoup d’apprentissage pour comprendre comment aborder et gérer chaque match. »
Celui qui mesure déjà 6 pieds 3 pouces (197 livres) détonne par son assurance et sa maturité pour un jeune homme de son âge. Et selon Sabourin, un ancien gardien qui a porté les couleurs de trois équipes dans la LNH entre 2003 et 2009, l’attitude de son protégé joue pour beaucoup dans les succès qu’il connaît.
« Sam est un gars super humble et très respectueux. Il est discret, mais il est apprécié par tout le monde, a noté Sabourin. Ce n’est pas un gars qui parle beaucoup, mais il respecte ses coéquipiers et il travaille fort dans les entraînements. Il est toujours le premier à vouloir aider les autres.
« Sur la glace, il a fait de très beaux progrès au niveau de sa technique et sur le côté tactique de la game, comme les lectures de jeux, par exemple. C’est un passionné. Il embarque sur la glace en ayant toujours une très belle ouverture d’esprit. Ça aide énormément. »
Rester dans le moment présent
Les succès de Meloche ne sont pas passés inaperçus. À son année d’admissibilité au repêchage, le natif de Les Cèdres, en banlieue de Montréal, a fait une ascension fulgurante sur les listes d’évaluation du Bureau central de dépistage de la LNH.
Avant le début de la saison, Meloche était catégorisé comme un espoir « C ». À la mi-saison, son nom figurait au quatrième rang sur la liste des meilleurs espoirs parmi les gardiens nord-américains répertoriés par le Bureau central.
« Je pense que ça s’explique par son ouverture d’esprit et par sa façon de vouloir apprendre jour après jour, a estimé Sabourin. Mais le crédit lui revient avec tout le travail qu’il a fait sur la glace à l’entraînement et hors glace avec les vidéos. Il a mis beaucoup de temps et d’énergie là-dedans. Il n’a rien volé. »
De son côté, le principal intéressé garde la tête froide.
« Je me concentre vraiment sur les choses que j’ai à travailler plutôt que de m’attarder au bruit extérieur, a lancé Meloche. Oui, c’est mon année d’admissibilité au repêchage, mais je dois aussi aider mon équipe à performer le plus possible. J’ai travaillé avec Dany sur les facettes que je devais améliorer et je me concentrais uniquement sur ça. »
Reste que Meloche pourrait bien entendre son nom être prononcé par les dirigeants d’une équipe de la LNH à la fin juin.
« C’est sûr que c’est excitant, a-t-il fini par admettre. Quand on est petit, on rêve à ça. J’ai eu la chance de discuter avec quelques équipes. Ça me rapproche de mon rêve, mais il reste encore beaucoup de temps avant le repêchage. »
En attendant, Meloche continue de mettre en banque des expériences hautement significatives. Ses débuts en séries au niveau junior sont pour le moins fracassants, alors qu’il a maintenu une moyenne de buts alloués de 1,39 et un taux d’efficacité de ,941 à ses quatre premiers matchs éliminatoires, aidant les siens à prendre une avance de 3-1 dans la série de premier tour contre les Olympiques de Gatineau.
Après avoir subi l’élimination en deuxième ronde l’an dernier, les Huskies visent gros cette année. Et Meloche compte bien aider son équipe à vivre un long parcours printanier.
« L’objectif ultime est de remporter la Coupe (le trophée Gilles-Courteau), mais on y va un jour à la fois et un match à la fois, a souligné Meloche. Les séries sont assurément une belle occasion pour moi de faire de l’apprentissage.
« Je suis vraiment content de la progression que j’ai faite tout au long de l’année, mais je pense qu’il reste encore beaucoup de choses à apprendre. Et c’est ça qui m’emballe le plus. »


















