Retour de Kane à Chicago : «Le toit va lever»

CHICAGO – « Incroyable. »

Lorsqu’il lui a été demandé de quoi aura l’air l’ambiance à l’intérieur du United Center lorsque Patrick Kane va effectuer son retour à Chicago dimanche, c’est ainsi que son ancien coéquipier des Blackhawks de Chicago Jonathan Toews a résumé sa pensée. 

Kane, trois fois gagnant de la Coupe Stanley avec les Blackhawks, sera de retour pour la première fois dans l’uniforme des Red Wings de Detroit (18 h HE; BSDET, NHLN, NBCSCH, SN), et selon ceux qui ont joué avec lui, il va recevoir un accueil triomphal.

« Il n’y a pas beaucoup de gens qui comprennent vraiment à quel point il a été dévoué à ce sport pendant aussi longtemps », a déclaré l’ancien capitaine des Blackhawks par courriel au sujet de son ancien coéquipier de longue date. « Il mérite de ressentir l’amour des partisans pour l’effort qu’il a déployé pendant toutes ces années. »

« Cela dit, il aurait pu choisir d’aller dans une meilleure équipe (rires), mais ce sera plaisant de voir l’accueil qui lui sera réservé. »

Kane va mettre les pieds au United Center pour la première fois depuis que les Blackhawks l’ont échangé aux Rangers de New York le 28 février 2023.

Après avoir subi une opération à la hanche le 1er juin et avoir effectué sa réadaptation, Kane a accepté une entente d’un an d’une valeur de 2,75 millions $ avec les Red Wings le 28 novembre. Si la rivalité entre ces deux équipes originales s’est refroidie au cours des dernières saisons, revoir Kane à Chicago dans cet uniforme sera indéniablement différent.

« Il reste bien des chapitres à écrire à l’histoire des Blackhawks, mais jusqu’ici, selon moi, Patrick Kane est le plus grand joueur qu’a connu cette organisation », a avancé l’ancien attaquant des Blackhawks et analyste de l’équipe à la télévision Eddie Olczyk.

« De le voir porter un chandail des Red Wings, ça ne me semble pas correct, mais certains des plus grands joueurs de l’histoire ont porté différents chandails. »

Peu importe le chandail qu’il portera, le retour de Kane est spécial. Il a aidé à relancer le hockey à Chicago, a joué un rôle de premier plan dans trois conquêtes de la Coupe Stanley (2010, 2013, 2015), et il a été l’un des meilleurs joueurs américains de l’histoire de la LNH.

« J’ai de la difficulté à imaginer de quoi ça aura l’air. Je suis persuadé que les partisans seront très bruyants », a mentionné l’attaquant des Rangers de New York Artemi Panarin. Panarin a été le coéquipier de Kane avec Chicago entre 2015 et 2017, puis à nouveau la saison dernière avec les Rangers.

« Je ne sais pas, si j’étais à sa place, je me mettrais certainement à pleurer avec toutes ces émotions. C’est assez emballant pour lui. C’est triste qu’il ait quitté Chicago, mais j’espère qu’il va disputer une excellente partie contre eux. »

Premier choix au total du repêchage 2007 par les Blackhawks, Kane a amassé 1263 points (462 buts, 801 passes) en 1206 matchs en carrière avec les Blackhawks, les Rangers et les Red Wings. De ce total, 1225 points (446 buts, 779 passes) ont été obtenus au cours de ses 1161 matchs de saison régulière avec Chicago. Il occupe le deuxième rang de l’histoire des Blackhawks pour les points et les mentions d’aide derrière Stan Mikita (1467 points, 926 mentions d’aide), le troisième rang pour les buts derrière Bobby Hull (604) et Mikita (541), et le troisième échelon pour les matchs joués derrière Mikita (1396) et Duncan Keith (1192).

Il a remporté le trophée Calder, remis à la recrue de l’année dans la LNH, en 2007-08 ainsi que le trophée Conn Smythe à titre de joueur le plus utile des séries éliminatoires en 2013.

Cette saison, Kane a récolté 26 points (11 buts, 15 passes) en 26 matchs avec les Red Wings (31-20-6), qui occupent la première place de quatrième as dans l’Association de l’Est.

« Ce qui compte le plus avec son retour cette année, peu importe le chandail qu’il porte, c’est qu’il est en santé et productif », a noté le directeur général des Blackhawks Kyle Davidson.

« La LNH se porte mieux lorsque Patrick Kane en fait partie et qu’il est en santé, et il semble que ce soit le cas cette année. Il s’agit donc d’une occasion doublement intéressante, non seulement de le voir bien jouer, mais aussi de le voir revenir au United Center »”

Lorsque Kane a fait ses débuts en 2007-08, son impact a été immédiat. Il a récolté 72 points (21 buts, 51 passes) en 82 parties.

« “Kaner”, dès sa saison recrue, nous savions qu’il allait devenir un joueur spécial », a affirmé l’attaquant membre du Temple de la renommée Denis Savard, qui a dirigé Kane lors de sa première saison dans la LNH. 

« Le calme qu’il affiche avec la rondelle, c’est impossible à enseigner. Il crée tellement d’espace pour ses coéquipiers. C’est un peu ce que nous allons voir avec Connor (Bedard) à mesure que nous allons poursuivre notre progression avec nos jeunes joueurs. Il va rendre les autres autour de lui meilleurs. On peut déjà le voir. »

Bedard a été sélectionné par les Blackhawks au premier rang du repêchage 2023. Il s’agissait de la première fois qu’ils parlaient au tout premier rang depuis qu’ils avaient repêché Kane. Comme ce fut le cas pour Kane, Bedard devrait remporter le trophée Calder, et lui aussi devrait aider à relacer les Blackhawks, qui sont en pleine reconstruction. Kane a appelé Bedard peu de temps après que le jeune homme de 18 ans eut été repêché.

« C’est spécial, c’est certain. Un joueur comme lui n’a pas à faire ça », a souligné Bedard, qui comprend les comparaisons qui sont dressées entre lui et Kane.

« Si je peux lui ressembler un tant soit peu, ce serait vraiment génial, avec la carrière qu’il a connue. Je suis un joueur et une personne différente, alors je vais accomplir des choses de mon côté, et il va faire pareil du sien. Il a évidemment connu une carrière spéciale, mais c’est difficile de comparer deux joueurs. »

Tout au long de sa carrière avec les Blackhawks, Kane était le dernier à quitter la patinoire à la fin de la période d’échauffement. Il envoyait souvent une rondelle à un partisan dans les estrades avant de disparaître dans le tunnel. Il était aussi l’un des derniers à sortir de la glace après un entraînement. Même comme vétéran, Kane adorait rester sur la glace avec les jeunes joueurs pour prendre part à divers concours d’habiletés.

Il aidait aussi les jeunes à l’extérieur de la glace.

« J’avais 20 ans quand j’ai été rappelé pour jouer dans la LNH et j’étais très immature à ce moment de ma vie », a raconté l’ancien attaquant Andrew Shaw, qui a joué avec Kane à Chicago de 2011 à 2016, puis de 2019 à 2021. « Il a eu le rôle de grand frère pour moi et il m’a accueilli dans la Ligue. Il m’a fait découvrir la ville, il m’emmenait souper. C’était génial de compter sur lui.

« À ce moment-là de ma vie, il a été comme un grand frère pour moi, un très bon ami. Il m’a fait sentir à l’aise et comme à la maison. J’ai pu être moi-même, et il m’a aidé avec ma carrière également. »

L’échange de Kane a marqué la fin d’une ère à Chicago. Les Blackhawks ont répété la saison dernière qu’ils amorçaient une reconstruction et que Kane et Toews, qui n’a pas signé un nouveau contrat à la fin de la saison, n’allaient pas être de retour. Ç’a été une période difficile pour toutes les parties impliquées.

« C’était très difficile parce que, d’une certaine façon, tu te retrouves en territoire inconnu avec des décisions ardues à prendre et une situation difficile avec laquelle tu dois composer, a expliqué Davidson. Nous devions échanger un joueur avec toutes les implications relatives au plafond salarial, mais il y avait aussi tout le côté personnel et émotif.

« Tu échanges un joueur qui est une légende de l’équipe et ce n’est jamais facile. Tu tournes la page sur une ère des Blackhawks qui a été extrêmement mémorable et emballante. »

À Detroit, Kane semble vouloir boucler la boucle. Il aide de nouveau une organisation qui a connu la gloire à retrouver le sentier de la victoire. Les Red Wings n’ont pas participé aux séries éliminatoires depuis 2015-16 et leur dernier championnat remonte à 2008. Il amorcera le match de dimanche avec une séquence de sept rencontres avec au moins un point (quatre buts, huit passes).

Personne n’est surpris de la manière dont Kane a rebondi après son opération.

« J'aurais été plus surpris qu’il joue mal », a lancé l’attaquant du Wild du Minnesota Ryan Hartman, qui a joué avec les Blackhawks de 2014 à 2018.

« Depuis qu’il est petit, il est un passionné de hockey. Il est encore comme ça. Il regarde sans cesse du hockey à la maison. »

Kane a fière allure, a dit Toews.

« Avec ce qu’il a vécu et la vitesse à laquelle il a renversé la vapeur après sa blessure, il continue à faire son travail, et les choses ont l’air faciles pour lui », a-t-il dit.

Le retour de Kane va rebrasser beaucoup d’émotions. Il y aura de la joie, de l’engouement et probablement quelques larmes. Aucun doute, la soirée promet d’être mémorable.

« Avec ce que Kane a accompli et les succès que cette organisation a connus avec lui dans ses rangs, le toit va lever », a dit Olczyk.

« Kane a un respect immense pour l’histoire du hockey et les joueurs qui sont passés avant lui. Il a tout gagné et il a encore des chapitres à écrire. Je suis simplement heureux qu’il soit de nouveau en santé pour jouer. C’est ce qu’il aime le plus faire. »

*Avec la contribution du journaliste principal NHL.com Dan Rosen et de la correspondante indépendante NHL.com Jessi Pierce.