MONTRÉAL – Le soupir qu’a poussé Juraj Slafkovsky pendant qu’un collègue formulait sa question en disait plus long sur son état d’esprit – et sur celui des Canadiens de Montréal – que la brève réponse que l’attaquant slovaque a éventuellement donnée.
« Je suis certain que vous allez analyser ce qui ne fonctionne pas et que vous allez l’écrire, a sèchement répondu celui qui revenait au jeu après une absence de trois matchs. En ce moment, ce qui cloche, c’est qu’ils ont marqué huit buts contre nous. »
Il n’était pas le seul à avoir la mèche courte ni le seul à être à court d’explications.
Le jeune homme faisait partie du groupe de cinq joueurs envoyés aux médias en pâture pour tenter d’expliquer ce brutal revers de 8-2 face au Kraken de Seattle, mardi, une deuxième dégelée à domicile en une semaine, après celle de 7-2 subie aux mains des Rangers de New York.
Le capitaine Nick Suzuki s’est dit frustré. Le défenseur Mike Matheson a parlé d’une situation embarrassante. Le gardien Samuel Montembeault, retiré du match en deuxième après avoir donné cinq buts sur 10 tirs, a quant à lui dit que la vidéo de ce film d’horreur s’en irait directement à la poubelle.
« On ne regarde même pas ça, a-t-il lancé alors que la fumée lui sortait encore des oreilles. Demain est une nouvelle journée. On va retourner au travail et retrouver le niveau qu’on avait en fin de semaine. »
Ç’aura pris exactement 10:33 pour que tout le travail accompli et la confiance acquise au cours de cette fin de semaine parfaite (2-0) s’envolent en fumée. Le Kraken détenait déjà une avance de quatre buts et semblait avoir ramené tout le monde dans le temps en nous faisant revivre la contre-performance de mardi dernier.
En guise de rappel, les Rangers avaient marqué quatre fois en 11:05 et avaient chassé Montembeault en inscrivant cinq buts sur 11 tirs pour filer vers une victoire plus que facile. Similaire, non?
« Les émotions sont hautes en ce moment, a rétorqué Matheson quand on lui a posé la question. Ça ne vaut pas la peine de penser trop à ça. C’est une question pour demain. »
L’entraîneur Martin St-Louis a quant à lui répété qu’il voulait prendre le temps d’analyser la rencontre avant de poser un diagnostic sur ce qui n’avait pas fonctionné. Mais à ses yeux, il n’y a pas de lien à faire entre la défaite face aux Rangers et celle-ci – à part peut-être le score.
Pour lui, il s’agit davantage de problèmes circonstanciels et d’assignations manquées que d’une domination en règle, comme ce fut le cas contre la formation new-yorkaise.
« C’est un match difficile à évaluer, a résumé St-Louis, qui semblait plus en contrôle que ses ouailles. Je ne sens pas que c’était un match comme celui de la semaine dernière. Je crois que certaines actions de certains de nos joueurs ont mené à des chances de marquer coûteuses. »
Reste que son équipe n’a pas démontré beaucoup de caractère pour tenter de freiner la glissade quand elle s’est amorcée en première. Ses hommes se sont mis à montrer de l’émotion dans les toutes dernières minutes du match, comme s’il fallait préparer le prochain duel face au Kraken, qui aura lieu le 12 mars.
C’est peut-être ce qui explique que les courageux qui ont choisi de rester dans les gradins jusqu’à la cloche finale ont entonné un « Olé! Olé! Olé! » sarcastique en plus d’huer leurs favoris en troisième.
« J’étais frustré moi aussi, a dit Suzuki. J’aurais été frustré à leur place. Ils prennent du temps dans leur journée et ils dépensent beaucoup d’argent pour venir nous encourager. »
Dach dans la niche
S’il souhaitait conserver son poste au sein du premier trio avec le retour au jeu de Slafkovsky, Kirby Dach s’est rapidement sorti de la course. Il a écopé d’une punition en première, qui a mené au but de Jaden Schwartz, et a complètement raté des couvertures défensives, qui ont aussi ouvert la porte au Kraken.
Dach a été rétrogradé sur le deuxième trio avant la fin du premier tiers et a été cloué au banc lors des sept dernières minutes du deuxième engagement. Il est revenu au centre d’Oliver Kapanen et d’Emil Heineman sur le quatrième trio en troisième – une chute pour la moins brutale.
Quand St-Louis a déclaré que « ça prend cinq joueurs pour faire la job » sur les mises au jeu, c’est probablement lui qu’il pointait du doigt. Dach a terminé le match avec une utilisation de 15:03, un différentiel de -3 et une pénalité coûteuse. À l’instar de l’équipe, il devra retourner à la table à dessin.
Au rayon des points positifs, Cole Caufield a inscrit son neuvième but en 10 matchs. C’est à peu près tout ce qu’on peut retirer de ce film, encore plus terrifiant que les monstres qui se promenaient dans les gradins en cette soirée d’Halloween, avant de l’envoyer aux poubelles.