Un 1000e match en carrière pour Doughty
Le défenseur des Kings a rapidement fait sa marque à son premier camp d'entraînement, se souvient Lombardi
Les Kings avaient jeté leur dévolu sur Doughty au deuxième rang lors du repêchage de 2008 et Lombardi espérait se faire une tête sur le potentiel du jeune défenseur de 18 ans.
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La décision avait suscité un débat, car certains dépisteurs remettaient en question le conditionnement physique de Doughty. Lombardi et les dirigeants des Kings avaient d'ailleurs confronté Doughty à ce sujet avant la séance d'évaluation de la LNH.
Mais lors de ce premier entraînement, Lombardi a eu les réponses à toutes ses questions.
« Je ne sais pas si j'avais déjà vu un joueur comme lui, s'est-il souvenu. Bien franchement, il aurait pu avoir 30 livres en trop et il aurait tout de même dominé les exercices.
« Comment décrit-on une œuvre d'art? C'est la seule façon que j'ai de le décrire, il est un artiste. […] C'était de toute beauté de voir ce que ce jeune homme pouvait faire. Ça ne s'enseigne pas, c'est comme un grand artiste. Tu peux tenter de tout apprendre, mais pour les grands penseurs, les grands artistes, c'est différent. Ce qu'il faisait n'était pas enseignable. »
Doughty, qui en est maintenant à sa 14e saison avec les Kings, atteindra le plateau des 1000 matchs contre les Islanders de New York jeudi (19 h HE; ESPN+, HULU, NHL LIVE).
En 999 rencontres, Doughty a récolté 557 points (129 buts, 428 passes). Il a soulevé la Coupe Stanley en 2012 et en 2014, il a mis la main sur le trophée Norris en 2016 et il a été nommé sur la première équipe d'étoiles de la LNH à deux reprises (2016 et 2018). Il a également aidé le Canada à remporter la médaille d'or aux Jeux olympiques de 2010 et de 2014.
Les amateurs de hockey voient aujourd'hui le produit fini, mais ceux qui étaient dans l'entourage de Doughty au tout début constatent qu'il y a peu de différence entre le défenseur actuel et celui du premier camp d'entraînement.
« Quand tu déniches un gars comme lui en première ronde, tu as un Picasso entre les mains, a imagé Lombardi. Il avait participé à deux entraînements et on savait déjà qu'il allait faire l'équipe. Et ce n'est pas seulement parce que nous n'avions pas une bonne équipe à ce moment. »
Les nouveaux coéquipiers de Doughty ont également fait des constats assez rapidement.
« Il était le meilleur défenseur de notre équipe dès le jour 1 si vous voulez mon avis », a dit l'attaquant des Maple Leafs de Toronto Wayne Simmonds, une recrue chez les Kings à l'époque. « Nous avions un très bon leadership et plusieurs gars qui l'ont aidé à peaufiner son jeu. Mais on pouvait déjà voir son talent. Il était à un autre niveau. »
Lombardi a soutenu que Doughty a bâti sur ses succès du camp d'entraînement afin de poursuivre sur sa lancée en saison régulière.
Il y a deux choses qu'un jeune défenseur se doit de démontrer pour prouver qu'il appartient à la LNH selon lui.
La première est de savoir composer avec le jeu robuste, et ce n'était pas un problème pour Doughty.
« En tant que jeune de 18 ans, il était ciblé. Les joueurs adverses voulaient le sortir de son match, a dit Lombardi. Un d'eux l'a frappé assez durement. Mais il s'est relevé et je l'ai presque entendu […], il a regardé le gars et lui a dit : "C'est tout ce que tu as?". C'est de cette façon qu'il a obtenu le respect. Le mot s'est passé à travers la ligue. Tu ne peux pas intimider ce jeune homme. »
La deuxième est de savoir gérer l'adversité et Lombardi se souvient d'avoir vu ça dans un match contre les Oilers d'Edmonton quand Doughty a créé un revirement qui a mené à un but.
« Je me suis retourné vers un collègue et j'ai dit que c'est là qu'on allait constater s'il était en mesure de franchir la prochaine étape, a raconté Lombardi. […] Il sait qu'il a gaffé devant 17 000 personnes, il va être intimidé et il va simplement se débarrasser de la rondelle à partir de maintenant. »
Doughty a fait exactement le contraire, plus tard dans le match.
« La rondelle lui revient après une mise en jeu et il a eu l'air d'un quart-arrière, a poursuivi Lombardi. Il s'est faufilé à travers les attaquants en zone neutre, a défié la défensive et a réussi à marquer un but. »
Si Lombardi a eu besoin d'une journée au camp d'entraînement pour savoir que Doughty était prêt pour la LNH, Dave Barr, lui, le savait depuis longtemps.
Barr était directeur général et entraîneur du Storm de Guelph dans la Ligue de hockey de l'Ontario pendant les trois saisons de Doughty au niveau junior et il avait compris depuis bien des années que ce jeune défenseur ne disputerait pas une quatrième saison dans les rangs inférieurs.
« Nous savions déjà qu'il ne serait pas disponible alors qu'il était âgé de 16 ans et demi, a dit Barr. Nous savions qu'il serait parti dès son année de repêchage, qu'il ne reviendrait pas avec nous pour une autre année. Il était juste trop bon. »
Barr admet que Doughty ne possédait peut-être pas le parfait corps d'athlète à l'époque, mais son intelligence et ses habiletés lui permettaient de jouer plus de 30 minutes par match sur une base constante.
« Il n'est pas du genre à utiliser un minimum d'énergie, a continué Barr. Il va faire ce qu'il doit faire, mais il est tellement intelligent qu'il n'a pas à se fatiguer beaucoup en raison de revirements qu'il aurait causés, car il réussit la plupart de ses jeux. Ça n'a jamais été un problème.
« Ce n'est pas seulement parce qu'il était plus intelligent et qu'il savait où aller. Il était plus intelligent et il savait où aller, puis il faisait le travail. Il ne faisait pas que jouer 30 minutes, il était dominant pendant 30 minutes. »
À 32 ans, Doughty sera le quatrième plus jeune défenseur à atteindre le plateau des 1000 matchs après Scott Stevens, Luke Richardson et Larry Murphy, qui l'ont tous fait à 31 ans. Il deviendra également le premier joueur de la cuvée de 2008 à réaliser l'exploit; l'attaquant des Islanders de New York Josh Bailey (949) est le seul autre joueur à avoir joué au moins 900 matchs dans la LNH.
Le talent qu'il a démontré à 18 ans ne s'est pas trop dilué. Cette saison, Doughty mène les défenseurs des Kings avec 21 points (quatre buts, 17 passes) en 24 rencontres et il est le joueur le plus utilisé en moyenne (25:50) dans l'équipe.
Los Angeles (21-16-6) occupe présentement le troisième rang dans la section Pacifique.
« Il est celui qui élève la barre quand il sent qu'il doit le faire, a mentionné Barr. Les Kings connaissent une bonne saison, ils se maintiennent dans la course [pour une place en séries éliminatoires], et il en est responsable en grande partie. Il est ce joueur qui va toujours être capable de faire une différence dans le dénouement d'un match. »
Simmonds est persuadé que son ancien coéquipier va continuer de dominer pendant encore longtemps.
« Tout le travail qu'il a fait se solde par ce que l'on voit aujourd'hui, a-t-il dit. Et je sais qu'il a encore beaucoup de bon hockey à offrir. J'aime ce gars, je peux dire ça en toute honnêteté. Je suis vraiment fier de lui. »