Un dernier tour de piste avec les Nordiques

Guy Lafleur avait fait ses adieux au hockey comme joueur au Colisée de Québec, le 31 mars 1991. Les visiteurs des Nordiques étaient les Canadiens de Montréal. C'était le deuxième match en autant de jours entre les deux grands antagonistes du Québec, pour clôturer la saison régulière.

À son entrée sur la patinoire, les amateurs de Québec lui avaient réservé une ovation d'une durée de 11 minutes. La veille, lors de son dernier match au mythique Forum de Montréal, dont il avait si souvent fait se soulever le plafond, le public l'avait acclamé spontanément pendant six minutes. Il s'agissait à l'époque de la plus longue ovation de l'histoire sportive du Forum.
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Le « Démon blond » avait comblé la foule en enfilant le 560e but de sa carrière. Il avait déjoué Patrick Roy à 8:59 de la deuxième période dans la défaite de 4-3 des Nordiques. Le lendemain, les Nordiques avaient pris leur revanche en l'emportant 4-1. Lafleur avait été blanchi au score, à son 1127e match dans la LNH.
Voici, dans son intégralité, le discours qu'il avait livré à la foule du Colisée au cours de la cérémonie tenue avant la rencontre.
« À vous tous, public en or de Québec et du Québec, je veux dire merci de m'avoir donné votre appui, votre enthousiasme et surtout votre amour.
Aujourd'hui, 20 ans après, j'ai le sentiment de pouvoir partir en paix et surtout d'être bien dans ma peau. J'ai porté avec fierté le chandail de trois grandes organisations, mais c'est le Fleurdelysé que je porte aujourd'hui dans mon cœur.
Je dois tout à mon public, celui de Montréal pour m'avoir soutenu pendant 14 ans, celui de New York pour m'avoir donné la chance d'effectuer un retour; un gros merci à Michel Bergeron et Phil Esposito, et surtout celui de Québec pour m'avoir adopté et gardé dans son cœur pendant toutes ces années. Un merci spécial à Maître Marcel Aubut pour ces deux merveilleuses années passées à Québec.
Cette équipe des Nordiques, c'est la vôtre et c'est vous qui lui permettrez de continuer à grandir et de demeurer à Québec. Mais il faudra encore plus que votre support, car je crois sincèrement qu'un nouveau Colisée est indispensable d'ici quelques années.
Aujourd'hui, j'ai la chance unique d'avoir plusieurs familles : une grande, celle des Nordiques de Québec pour laquelle je continuerai mon travail. Une plus petite, mais qui occupe toute la place dans mon cœur et sans laquelle je ne serais pas où je suis aujourd'hui : mon épouse Lise et mes deux fils Mark et Martin. Et une très grande, pleine de chaleur où je suis chez moi partout, le Québec en entier.
Je voudrais remercier mon père, ma mère ainsi que mes quatre sœurs qui n'ont jamais cessé de m'appuyer. Toutes ces personnes de Thurso, ma ville natale, qui ont guidé mes premiers pas dans le hockey.
Je voudrais remercier tous les coéquipiers et mes ex-coéquipiers ainsi que tous les entraîneurs qui ont été pour moi d'une aide primordiale dans les succès que j'ai connus tout au long de ma carrière, car le hockey est avant tout un sport d'équipe.
À mes coéquipiers des Nordiques, à tous mes adversaires, aux jeunes joueurs qui font leurs débuts dans la Ligue nationale de hockey et à tous ceux qui ont espoir un jour de faire carrière, je vous souhaite la meilleure des chances et je vous dis qu'il n'y a qu'une seule façon de réussir : c'est de jouer chaque match comme s'il s'agissait de votre dernier.
Vous me permettrez de répéter quelques mots en anglais par respect pour mes coéquipiers.
To all my teammates, my opponents, to all the players who are beginning their NHL career and all of those who have the dream to make a professional hockey career, I wish you the best of luck. There is only one way to succeed: it is to play each game as if it was your last one.
Toute ma reconnaissance enfin à mes amis qui ont bien voulu se déplacer et prendre de leur précieux temps en me faisant l'honneur d'être de cette fête au Colisée en ce jour de Pâques. Ginette Reno, Diane Tell, Jean Lapointe, André-Philippe Gagnon, Julie Masse et le groupe de La Jungle, je vous dis un gros merci.
Je quitte un sport que j'adore et qui m'a tout donné. Mais je reste au cœur d'une formidable organisation. Le meilleur est à venir pour les Nordiques et je suis très heureux de pouvoir partager avec vous tous un tel avenir. D'ici là, ce n'est qu'un au revoir. Il y a tellement de lumière ici ce soir, que je me demande si je pourrai vraiment retourner dans l'ombre.
Bonne soirée et bon match! »