Zac Bell Lepage

TORONTO – Zac Bell a réellement compris qu’il tenait quelque chose lorsqu’il s’est retrouvé au Match des étoiles de la LNH comme invité spécial pour la première fois, il y a trois ans.

Le jeune homme était déjà suivi par des centaines de milliers d’amateurs sur Youtube, Instagram et TikTok pour ses vidéos où il réalise des tours incroyables avec la rondelle. Mais c’est une discussion avec l’attaquant des Hurricanes de la Caroline, Sebastian Aho, qui lui a ouvert les yeux sur l’étendue de sa popularité.

« Il est venu me voir et il m’a dit qu’il regardait mes vidéos depuis qu’il avait 14 ans. Il a ensuite pris la rondelle et il a réussi un de mes tours. C’est là que j’ai compris que la boucle était bouclée », s’est exclamé le créateur de contenu, aux abords de la patinoire extérieure du Square Nathan Phillips, à Toronto.

Bell, alias Always Hockey, en est déjà à sa troisième participation au week-end des étoiles – son premier à la maison, lui qui a grandi à Muskoka, à quelques heures de la Ville reine.

« C’est mon premier dans le froid », a rigolé celui qui était aussi à Vegas et en Floride.

Depuis son arrivée à Toronto, il a été mis en vedette à toutes sortes d’évènements, et a rencontré ses amateurs tout partout en ville. Dimanche matin, il a pris part à la compétition des créateurs de la LNH avec une vingtaine d’autres « influenceurs » hockey sous les chauds rayons du soleil, en plein cœur du centre-ville.

Et si vous ignoriez encore qui il était, il y a quelques instants, sachez qu’il n’a pas cessé de prendre des photos et de signer des autographes tout au long de la matinée. On a même dû avoir l’aide d’une responsable des communications pour l’interrompre pendant une dizaine de minutes pour cette entrevue.

Il faut savoir que son nombre d’abonnés s’élève à 1,1 million sur TikTok, à plus de 500 000 sur Instagram et à 311 000 sur Youtube. Ça fait du monde à la messe.

« On me remarque partout, a-t-il dit. Ça nous rappelle pourquoi on fait ça. On veut faire grandir le hockey, redonner aux jeunes et leur montrer le sport sous un autre jour. Tout ça, c’est contagieux. »

À une époque où les habiletés individuelles commencent à faire le chemin jusque dans la grande ligue, nombreux sont les jeunes qui driblent avec la rondelle et qui s’adonnent à des tours spéciaux, comme le fait Bell dans toutes ses vidéos.

Alors qu’il signait un (autre) autographe, un jeune garçon lui a demandé comment il faisait pour réussir tous ses trucs. « Ça prend des heures et des heures de pratique, mon gars », lui a-t-il répondu.

On n’en doute pas. Même les joueurs de la LNH avouent candidement qu’ils ne seraient pas capables de faire ce que le créateur de 23 ans est en mesure de réaliser avec la rondelle. Les jeunes pousses de la Ligue le suivent sur les réseaux sociaux, et certains ont même collaboré à ses vidéos.

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« Ce qu’il fait est pratiquement impossible à faire, a lancé le défenseur des Sabres de Buffalo, Rasmus Dahlin. Il m’a montré quelques trucs cet été, mais je ne suis même pas proche. Il fait du très bon travail pour faire grandir le sport. Je ne sais pas où il peut amener ça, mais ce qu’il fait pour le hockey est remarquable. »

« Les jeunes sont de plus en plus bons, de plus en plus jeunes, a renchéri Bell. Ils arrivent dans la Ligue à un jeune âge. Le sport est en évolution et je pense que ça ne fait que commencer. »

Du cauchemar au rêve

Le parcours de Bell est digne de mention. Les racines de l’empire qu’il a créé ont pris naissance quand il a commencé à filmer ses trucs et à mettre des vidéos sur Youtube à 12 ans. Il a pris une pause, quelques années plus tard, pour se consacrer pleinement au hockey, lui qui rêvait d’atteindre le plus haut niveau.

Son destin a pris une autre tournure quand il a subi deux commotions en quelques heures, alors qu’il évoluait au niveau junior aux États-Unis. Les médecins lui ont dit qu’il ne pourrait plus jouer au hockey. Pendant sa guérison, sa mère recevait un diagnostic de cancer du sein. Il s’est servi du hockey comme bouée dans ces sombres moments.

« C’était pas mal le fond du baril, a-t-il avoué. C’est à ce moment que j’ai décidé de me consacrer complètement à ce que j’avais entamé à 12 ans. C’est là que ç’a commencé, et ça s’est transformé en ce que c’est aujourd’hui. Il y a le côté business, c’est sûr, mais le principal c’est de rester connecté au hockey. »

Bell a des tonnes de projets en tête, dont la création d’un organisme sans but lucratif qui permettra à davantage de jeunes d’avoir accès au hockey. Il veut aussi poursuivre son expansion en Europe, lui qui a récemment été invité par le club de Frölunda, en Suède, pour une démonstration de ses talents.

Il aura atteint son rêve d’une autre façon, et c’est le message qu’il veut lancer à la prochaine génération.

« Je rêvais de jouer au Match des étoiles quand j’étais jeune, a-t-il conclu. À l’époque, ce n’était pas possible d’y arriver sans jouer dans la LNH. Les réseaux sociaux ont changé le monde. Je veux montrer aux jeunes que les façons d’y parvenir sont illimitées. Il suffit d’y croire. »