Adam Gaudette

Adam Gaudette a marqué son 13e but de la saison, dimanche, contre les Islanders de New York.

C’est maintenant officiel. Après 26 matchs, avant même d’atteindre la pause des Fêtes, il peut déjà se targuer de connaître la saison la plus productive de sa carrière.

Il a bien fait de croire en ses moyens. La décision de s’accrocher fut la bonne.

NYI@OTT: Gaudette marque un but contre Ilya Sorokin

L’attaquant de 28 ans aurait pu ne jamais revenir chez les Sénateurs. Il n’y a pas si longtemps, quand il rongeait son frein dans la Ligue américaine, des représentants des meilleurs ligues européennes de hockey était prêts à l’accueillir à bras ouverts.

Gaudette a reçu des offres. Dans sa situation, d’autres auraient certainement écouté. Pas lui. Le moment n’était pas bien choisi.

«J’ai reçu plusieurs appels, en fait, mais je répondais toujours la même chose. Mon agent était de mon bord, d’ailleurs. Je disais toujours que je n’étais pas prêt à renoncer à mon rêve», a confié Gaudette, tout récemment.

L’entrevue avec Sens 360 se déroulait dans le lobby de l’hôtel où logeaient les Sénateurs à Los Angeles, durant le récent voyage sur la côte ouest américaine. Dans la ville où les rêves les plus fous se réalisent, il est évident que l’attaquant américain ne regrette rien.

Quelques mois après avoir complété une saison de rêve – 44 buts en 67 matchs avec le club-école des Blues de Saint-Louis – Gaudette est heureux d’être de retour dans la meilleure ligue au monde.

«Je suis le genre de gars qui, peu importe où il se trouve, fournit le même effort dans le but de constamment s’améliorer. Je baisse la tête, je mets au travail et j’essaie de faire tout ce qu’il faut faire dans le but de devenir un meilleur joueur. C’est exactement ce que j’ai fait, la saison dernière, dans la Ligue américaine», explique Gaudette. «Est-ce que j’étais content d’être là? Bien sûr que non! Tous les joueurs qui évoluent dans la Ligue américaine rêvent d’accéder à la Ligue nationale. J’étais bien conscient que je ne retournerais pas dans la Ligue nationale en broyant du noir.»

«J’ai toujours cru que je finirais par retourner dans la Ligue nationale si je faisais toutes les bonnes choses et si je me bottais le derrière, jour après jour. J’ai toujours cru, aussi, qu’on récolte ce qu’on sème. Ceux qui font les choses correctement sont toujours récompensés», fait valoir Gaudette. «Et ça, c’est vrai dans le hockey, mais c’est aussi vrai dans la vie en général.»

Malgré tous les efforts déployés et tous les buts marqués, Gaudette n’a pas reçu de garanties l’été dernier. Personne n’était prêt à lui offrir un poste garanti dans la Ligue nationale pour la saison 2024-25.

«On ne m’a jamais rien donné, dans la vie, de toutes façons», indique Gaudette.

En tant que joueur autonome de presque 28 ans, il devait donc choisir la bonne destination.

Rapidement, Ottawa s’est imposée.

«Quand j’ai regardé la formation des Sénateurs, j’ai pensé que je pourrais obtenir une belle opportunité», dit Gaudette. «Évidemment, la présence de Greener a joué un grand rôle dans ma décision, aussi. Il me connaissait. Il me connaît bien en tant que joueur. Il connaît surtout mon potentiel. Il sait quel type de joueur je peux devenir.»

Il est ici question de Travis Green. L’entraîneur-chef des Sénateurs dirigeait les Canucks de Vancouver, en 2018, lorsque Gaudette a fait ses débuts dans le hockey professionnel.

«Depuis le début de ma carrière, j’ai été obligé de travailler pour tout. Je n’ai jamais été le joueur le plus doué. Je ne fais pas partie des plus beaux patineurs. Greener récompense les gars qui font les bonnes choses et qui travaillent d’arrache-pied. S’il voit que tu fais les bonnes choses, tu seras récompensé.»

«Jouer pour Greener, ce n’est pas difficile. Il est exigeant envers le groupe. Il sait à quel point il peut nous pousser dans le dos, et il sait quand le moment est venu de donner la poussée. Pour les jeunes joueurs, c’est un excellent coach. Il est capable d’enseigner sans passer son temps à crier.»

Même s’il était sous les ordres de Green, Gaudette n’était pas entièrement satisfait quand il a quitté Vancouver. Il n’avait pas fini de cheminer en tant que hockeyeur. Gaudette a l’impression d’avoir franchi des étapes importantes au cours des dernières années. Il est fier d’en parler.

«L’été dernier, quand j’étudiais mes options, j’ai passé un coup de fil à Greener et je lui ai dit que j’avais changé. Je lui ai dit que j’étais devenu le joueur qu’ils attendaient, à Vancouver, dans le temps. J’avais hâte de lui montrer à quel point j’avais progressé. J’avais hâte de lui montrer que j’avais travaillé sur toutes les choses que je pouvais améliorer.»

Cinq mois et des poussières après avoir signé son contrat, Gaudette ne regrette rien.

«Au moment de signer le contrat, je pensais à tous les gens que je connaissais déjà au sein de l’organisation des Sénateurs», indique celui qui a joué une cinquantaine de matchs avec Ottawa durant la saison 2021-22.

«De mon côté, il y avait les joueurs et les membres du personnel. Je pensais à ma conjointe, aussi, qui s’était liée d’amitié avec les épouses des autres joueurs. C’était un facteur important, dans ma décision. Elle était très contente de revenir à Ottawa, elle aussi. Nous avions donc des amis. Nous connaissions bien la région. C’est sur la côte Est. Nous ne sommes donc pas très loin de la maison.»

Il s’agit d’un facteur non-négligeable.

«J’ai toujours été casanier. Être près de la maison, c’est important, pour moi. Ça me donne la chance de voir mes proches plus régulièrement. Ma femme peut voir sa famille plus souvent. Quand l’équipe part sur la route, elle peut aussi s’offrir un petit voyage pour voir la famille. Elle n’est pas obligée de rester à la maison avec notre fils», explique Gaudette. «Pour toutes ces raisons, Ottawa était une bonne destination pour moi.»

De bonnes valeurs en héritage

La famille Gaudette vit toujours au Massachusetts. L’attaquant des Sénateurs, qui présente un des plus taux de buts marqués par tranche de 60 minutes jouées les plus élevés de toute la LNH depuis le début de la saison, attribue une large part de ses récents succès aux gens qui l’ont élevé.

«Mes parents m’ont transmis leurs valeurs. Nous n’avions pas énormément d’argent quand j’étais jeune. En plus d’être pompier, mon père acceptait des contrats de plomberie», explique Gaudette. «Je n’ai pas rencontré beaucoup de gens qui travaillent aussi fort que mon père. L’argent gagné comme plombier a permis à mon père d’inscrire ses trois fils au hockey.»

La mère de Gaudette était institutrice. Pendant une bonne partie de sa carrière, elle a enseigné aux écoliers de quatrième année.

Il rit quand on lui mentionne que ça fait d’elle, de facto, une travaillante encore plus acharnée que son père.

«Ensemble, ils ont travaillé très fort pour que leurs garçons jouent au hockey et les trois garçons ont joué en première division à l’université. Je crois que ça valait la peine», pense Gaudette.

Adam, l’aîné du clan, a d’ailleurs pris ses années universitaires très au sérieux. En 2018, il a quitté le campus de Northeastern avec le prix Hobey-Baker dans ses bagages. Dans un avenir pas très éloigné, il pourrait obtenir un autre souvenir d’une très grande valeur. Il n’a jamais cessé d’étudier. Il ne lui manque que quelques crédits universitaires pour décrocher son diplôme de premier cycle en communications.

«Je suis très reconnaissant d’avoir hérité des valeurs de mes parents et je suis convaincu que nous allons transmettre les mêmes valeurs à nos enfants», dit Gaudette.

Pour l’instant, Gaudette élève un petit garçon, Micah, qui vient de célébrer son deuxième anniversaire. Lui aussi se plaît à Ottawa, surtout quand on lui donne la chance de regarder la période d’échauffement depuis le banc des pénalités au Centre Canadian Tire.

Micah était justement présent, au Centre Canadian Tire, dimanche. Le père et le fils ont passé quelques secondes ensemble, sur le bord de la rampe, vers la fin de la période d’échauffement. Ce moment a été capté par les caméras du réseau TSN. Gaudette a été touché de voir les images, au premier entracte, quand il était l’invité de la reporter Claire Hanna.

«C’est vraiment spécial de le voir grandir dans les arénas», a dit Gaudette. L’an dernier, déjà, c’était génial. Il assistait à plusieurs matchs à Springfield, même s’il ne comprenait pas vraiment ce qui se passait. Maintenant, il commence à comprendre. J’espère qu’il finira par penser que son père est cool!»