Milan Michalek a effectué un retour à Ottawa, au début du mois d’octobre. Durant sa courte visite, il s’est comporté exactement comme il se comportant durant les sept saisons où il a porté le maillot des Sénateurs.
Michalek s’est faufilé discrètement dans la ville, complètement sous le radar.
Le grand gaillard tchèque, qui est aujourd’hui âgé de 39 ans, n’était pas en quête de publicité, même s’il était en ville pour s’impliquer dans une cause d’une très grande importance. Il participait au Grand Portage, une importante campagne de souscription annuelle qui vise à donner un coup de pouce aux chercheurs qui essaient de mieux comprendre la sclérose en plaques.
«Je n’ai jamais aimé me retrouver sous les projecteurs. Je suis fait comme ça», dit-il avec un sourire gêné qui lui donne presque l’air de s’excuser.
Michalek était à Ottawa pour aider son ami Félix Jasmin, qui vit avec cette maladie auto-immune chronique qui cible le système nerveux central. Chaque année, depuis 2020, Félix entreprend une grande expédition de portage – son canot ne touche jamais à l’eau – entre Toronto et Montréal. Chaque année, l’homme qui s’estime chanceux – la maladie ne l’empêche pas de mener une vie très active – amasse beaucoup d’argent. Jusqu’à maintenant, il a récolté plus de 1,3 million $.
Pour Félix, donc, Michalek s’est donc levé aux aurores. Il a porté un lourd canot sur son dos pendant 13 kilomètres, avant de passer le relais à quelqu’un d’autre. Il s’est exécuté en souriant, sans se plaindre de son sort, fidèle à son habitude.
Il a déjà participé au Grand Portage, à Ottawa, en 2021 ainsi qu’en 2022.
Félix estime que c’est un événement qui convient parfaitement à un type aussi timide que Michalek.
«Le canot est un bel endroit où se cacher! On peut passer inaperçu sous le canot, renchérit Félix. Au fond, Milan, c’est clair qu’il ne cherche pas du tout le spotlight. C’est même moi qui doit un peu le brasser pour utiliser son aura au bénéfice de la recherche sur la sclérose en plaques.»
Modestie sur glace
Au fond, c’est une belle histoire d’amitié. Félix Jasmin et Milan Michalek se sont rencontrés sur une patinoire de hockey mineur de la région de Montréal, en 2020.
«C’est assez drôle, au départ. Moi, j’ai grandi à Montréal. En 2020, on coachait nos enfants, ils jouaient dans le novice. J’ai vu un autre adulte qui avait l’air meilleur que moi, sur la glace. Ce n’est pas quelque chose qui se produit souvent! De fil en aiguille, je me suis informé», raconte Félix.
«Quand je lui ai posé des questions, Milan m’a simplement répondu qu’il n’avait pas joué son hockey mineur ici. Il tournait autour du pot. Il ne voulait clairement pas se vanter. Il a fini par me dire qu’il avait surtout joué en Europe, un peu à San Jose et à Ottawa. Quand il a fini par m’avouer qu’il avait joué pour les Sharks et les Sénateurs, je suis allé voir ses clips sur YouTube.»
Michalek ne s’est pas contenté de jouer pour les Sharks et pour les Sénateurs. Il a été un membre très important de ces deux organisations.
Il a participé à 24 matchs en séries éliminatoires durant son passage dans la capitale nationale. Durant sa saison la plus mémorable, en 2011-12, il a marqué 35 buts. Ça lui a permis de représenter les Sénateurs – avec ses partenaires de trio Daniel Alfredsson et Jason Spezza et avec le défenseur Erik Karlsson – lors du Match des étoiles de la LNH qui a été disputé à Kanata.
Il ne s’agit pas, curieusement, de ses plus beaux souvenirs d’Ottawa.
«Mes meilleurs souvenirs? Honnêtement, c’est de découvrir la ville et de me rendre compte à quel point les gens qui l’habitent sont gentils, affirme-t-il. Quand je me suis joint aux Sénateurs, le secteur de l’aréna n’était pas très bien développé. Je ne connaissais personne. C’était vraiment difficile. Au fur et à mesure que j’ai découvert la ville, je me suis fait des amis. Ottawa, c’est vraiment une chouette ville. Je m’ennuie souvent.»
On se permet d’insister un peu parce qu’on veut parler de hockey. Michalek, après tout, a joué 747 matchs dans la Ligue nationale de hockey.
«Je conserve de bons souvenirs de mes coéquipiers, finit-il par avouer, du bout des lèvres. On avait un très bon vestiaire, dans le temps. Je m’ennuie d’eux. Je m’ennuie des conversations de vestiaire. Je m’ennuie des bonnes blagues.»
Une vie de coach
Même si huit années se sont écoulées depuis son dernier match dans la LNH, Michalek a toujours l’air d’un athlète de haut niveau. Il demeure actif. Il s’est découvert une passion pour le ski alpin.
Son côté compétitif se manifeste lorsqu’il affronte son ami Félix au tennis de table.
«On s’entraîne au même gym, à des heures différentes. Moi, j’y vais vers 5 h. Lui, il est là aux environs de 8 h. À la fin de mon workout, au début du sien, on aime échanger au ping pong. Milan me dit d’ailleurs que Daniel Alfredsson était un joueur exceptionnel, ultra compétitif, qui ne voulait jamais perdre. Milan est similaire. Je crois qu’il n’est pas habitué de perdre. Notre saison a commencé avec plusieurs victoires de sa part, mais le vent a changé dernièrement. Il devient vraiment désemparé quand je le bats match après match», raconte Félix.
Michalek, sinon, aime donner au suivant. Il s’implique comme entraîneur de hockey mineur en dirigeant les équipes de ses deux fils.
«La première chose, la plus importante, est de s’assurer que les enfants tombent en amour avec la game. Ils doivent ressentir beaucoup de bonheur chaque fois qu’ils se retrouvent à l’aréna. C’est encore plus important lorsqu’ils sont tout petits. Ils doivent toujours s’amuser. On ne peut pas tolérer que les enfants se fassent constamment pousser dans le dos par leurs parents. Ils ne doivent pas non plus jouer au hockey dans le but d’obtenir une récompense. Ils doivent aimer le hockey.»