«Je dirais que ça se passe plutôt bien», a indiqué Poulin, un an plus tard, jour pour jour. À Dallas, où les Sénateurs écoulaient les dernières heures de l’année 2024, l’homme de hockey d’expérience réfléchissait à voix haute sur le chemin parcouru au cours des 12 derniers mois.
«Nous pouvons presque diviser l’année en deux portions. Entre janvier et juin, nous voulions nous familiariser avec l’organisation. Il fallait comprendre ce qu’on avait à notre disposition, et je ne parle pas uniquement des joueurs sur la patinoire», dit Poulin. «Nous avons examiné différents processus, pour comprendre comment les choses étaient faites. C’était essentiel, pour nous. Lorsque vous arrivez dans une nouvelle organisation, vous voulez y apposer votre marque.»
Dans la deuxième portion de l’année, le travail de la direction s’est poursuivi dans le contexte d’une nouvelle saison. Et les Sénateurs ont complété 2024 sur une belle lancée. Avec 19 points récoltés sur une position de 26, ils ont présenté la meilleure fiche en décembre parmi toutes les équipes de l’Association Est.
«De ce point de vue, nous avons le sentiment d'avoir accompli une partie du travail, mais il s'agira toujours d'un processus», dit Poulin. «On cherche toujours de meilleures façons de faire les choses. Des façons plus efficaces de faire les choses. Et il faut placer les gens aux bons endroits pour faire ces choses. Il faut mettre les éléments dont nous disposons au bon endroit.»
À travers tout cela, la stabilité chez les Sénateurs s’installe tranquillement, un jour à la fois.
«Jacques Martin était déjà en poste avant mon arrivée. Son embauche a été, en quelque sorte, le premier pas vers la stabilité. Ensuite, nous avons fait la transition avec Travis Green et son équipe. C'est un facteur important dans ce que nous avons fait au début, en engageant Travis et en le laissant mettre en place son équipe.»
Travail d’équipe
Au milieu des années 1980, lorsqu’il était le capitaine des Flyers de Philadelphie, Poulin ne fraternisait pas exclusivement avec des joueurs de hockey. Un des meilleurs joueurs de baseball de l’époque, le troisième but étoile des Phillies Mike Schmidt, était un de ses partenaires d’entraînement.
Schmidt, qui a remporté 10 gants dorés et qui a mérité le titre de joueur par excellence de la Ligue nationale à trois occasions, enviait parfois les hockeyeurs qui avaient la chance d’évoluer dans un sport d’équipe complet.
«Mike s’entraînait avec nous durant la saison de baseball. On le croisait souvent dans le gymnase à sept heures du matin», dit Poulin. «Je crois que Mike a remporté le titre de joueur par excellence à l’âge de 36 ans, entre autres, en apportant des modifications à ses habitudes de travail. Dans nos conversations, Mike se disait souvent envieux. Il constatait qu’un joueur de hockey pouvait connaître un grand match sans participer au pointage. Il voyait qu’un joueur pouvait obtenir la troisième étoile d’une rencontre en raison de son excellent travail durant quatre infériorités numériques. Mike sentait qu’il était condamné à frapper. Il devait frapper des circuits. Il enviait les joueurs de hockey qui pouvaient être utiles à leur équipe, même lors des matchs où ils ne cognaient pas de circuits.»
Poulin n’utilise pas nécessairement cette anecdote trop souvent dans ses interactions avec les joueurs des Sénateurs. Cette histoire ne l’a cependant jamais quitté. Une quarantaine d’années plus tard, il demeure convaincu que le travail collectif est un des éléments les plus importants du succès d’une équipe de hockey. Encore une fois, ça ne se limite pas à ce qui se passe sur la patinoire.
Lors de la conférence de presse du 31 décembre 2023, Poulin a également expliqué que Staios et lui se complétaient, sans nécessairement se ressembler. Les discussions animées, les débats et les divergences d’opinion font partie du quotidien des deux hommes.
«Lorsque vous assemblez un groupe, tout comme lorsque vous construisez une équipe, si vous avez toutes les pièces identiques, cela ne fonctionnera pas», dit Poulin. «De ce point de vue, lorsque vous constituez une équipe, vous devez comprendre qu'il y aura des désaccords, des moments difficiles. C’est nécessaire. Vous ne pouvez pas être tous d'accord sur tout. Cela ne fonctionne pas comme ça dans notre domaine. Vous ne trouverez pas un seul domaine où ça fonctionne comme ça.»
Poulin et Staios ont tous deux laissé leur marque sur les patinoires de la LNH, mais ils ont fait carrière à des époques différentes. Poulin était un attaquant. Staios jouait en défense. Lorsqu’il a décidé d’accrocher ses patins, Staios s’est immédiatement orienté vers la gestion. Poulin a été l’entraîneur-chef des Fighting Irish de l’Université Notre Dame. Il a également effectué un stage formateur d’une dizaine d’années dans le monde des médias.
«Je pense que nous avons vite compris que nous avions des parcours différents, que nous sommes des personnes différentes», dit Poulin. «Nous abordons les problèmes de manière différente, mais nous arrivons souvent aux mêmes conclusions. Nous y parvenons simplement par des voies différentes. Cela peut être très sain. J'ai beaucoup appris de Steve au cours de ma première année. J’ai beaucoup appris en étudiant sa façon de voir les choses. Il est incroyablement méthodique. Il est fort doué quand vient le temps de résoudre les problèmes.»
Pour Ottawa
L’an deux débute dans un contexte favorable. «On maintient le cap», indique Poulin. On continue de prêcher la patience aux joueurs, tout en cherchant des moyens d’accélérer la progression de l’équipe.
Dave Poulin comprend très bien l’appétit des partisans. Même s’il fait officiellement partie de l’organisation des Sénateurs depuis quelques mois, il a l’impression de très bien connaître le marché d’Ottawa-Gatineau.
«J’ai eu l’avantage de travailler dans ce marché, mais de l’autre côté», dit Poulin, en faisant référence à son passage dans les médias.
«J’ai commencé à comprendre quand j’étais un des membres de l’équipe de TSN qui travaillait à décrire les matchs des Sénateurs. Mais ce qui a été probablement le plus révélateur, ce sont les trois dernières années où j'ai travaillé à l’émission de radio matinale à TSN 1200, trois jours par semaine», dit Poulin. «Ça m’a permis de tisser un lien différent avec la ville. Ce qui a été amplifié, durant cette période, c'est la passion des supporters. J’ai pu prendre toute la mesure de l'attachement aux Sénateurs d'Ottawa.»
Poulin a tôt fait de trouver la différence entre Ottawa et d’autres marchés où on se passionne pour le hockey. En tant que joueur, il a surtout évolué dans deux villes, Boston et Philadelphie, où les partisans sont dévoués. Depuis très longtemps. «À Boston, j’ai toujours dit qu’on peut trouver trois générations de partisans des Bruins qui ont en commun la haine du Canadien de Montréal. Ça commence par le grand-père. Ça se transmet au père et ensuite au fils», explique Poulin.
À Ottawa, selon l’homme de hockey, la passion se vit différemment.
«Parce que les Sénateurs ont vu le jour dans les années 1990, j’ai l’impression qu’ils appartiennent aux partisans. Plusieurs d’entre-eux étaient présents lors de notre match inaugural. L’amour de l’équipe, ce n’est pas quelque chose qui leur a été transmis. C’est quelque chose qu’ils ont choisi. Les Sénateurs n’ont pas déménagé. Ils ont vu le jour à Ottawa. Cette équipe, on sent qu’elle appartient vraiment aux partisans.»