MONTRÉAL – Si cela fait 10 ans que Mike Matheson évolue dans la LNH, ce n’est qu’assez récemment qu’il a rencontré son plus grand admirateur. Et son plus grand admirateur le connaît surtout sous le nom de « papa ».
Du haut de ses trois ans, Hudson Matheson est déjà bien entiché de notre sport. Pas étonnant, considérant que sa mère, Emily, est médaillée d’or olympique en hockey féminin et que son père joue dans la meilleure ligue de hockey masculin au monde. Comme on dit, c'est de famille.
Soir après soir, au Centre Bell, le numéro 8 des Canadiens patine donc devant son fan club, qui comprend aussi la petite Mila, née l’année dernière. Père de deux enfants, mari et joueur de hockey professionnel bien établi, le vétéran de 31 ans incarne plus de rôles que jamais et semble jongler avec le tout de brillante façon.
Mais dans un passé pas si lointain, gérer sa carrière dans le hockey était bien suffisant.
« À mes débuts dans la Ligue, je voulais tellement être la meilleure version de moi-même, en tant que joueur, que c’en était presque nuisible; si je faisais une erreur ou que j’avais un mauvais match, ça me démangeait pendant des jours », se remémore celui qui a été sélectionné au 23e rang au total par les Panthers de la Floride en 2012. « Dans la LNH, si tu prends cette habitude, tu en as probablement pour trois matchs à te sentir comme ça. Il n’y a pas de temps pour se recentrer et revenir aux bases. Ça s’étend au match suivant. »
Reconnu pour son coup de patin fluide et rapide, apte à créer de l’offensive et un pilier à la ligne bleue, le natif de Pointe-Claire connaît les saisons les plus prolifiques de sa carrière depuis son arrivée à Montréal. Une bonne beurrée d’expérience, quelques tasses de talent et une pincée de lâcher-prise ont-elles servi de recette gagnante au défenseur?
Une chose est sûre, dans la vie comme au hockey, rarement connaîtra-t-on du succès sans avoir un peu de vécu. Et parfois, les étoiles s’alignent bien : des gens croisent notre route au moment opportun, porteurs de cette sagesse qui nous inspirera à faire le prochain pas.
Pour Matheson, c'est nul autre que Sidney Crosby qui l’a inspiré à aborder une approche plus indulgente envers lui-même après qu’il eut rejoint les rangs des Penguins en 2020.
« Évidemment, il est l’un des professionnels les plus à leur affaire qui soient. Je croyais presque que tu devais être très dur envers toi-même et ne pas avoir de plaisir pour y arriver », raconte celui qui a disputé son 600e match dans la LNH le 8 février dernier. « Avoir eu l’opportunité de jouer avec lui, d’apprendre à le connaître personnellement et de devenir son ami m’a fait réaliser à quel point il adore le hockey et s'imprègne de tout ce que ce sport lui offre. Mais il est aussi capable de s’en détacher. Même un gars comme lui, qui est reconnu pour être très concentré, est capable de se détacher du hockey et de ne pas laisser un mauvais match ruiner sa semaine. »
Apprendre à décrocher dans un contexte professionnel est certainement plus facile à dire qu’à faire, mais l’effort est bénéfique. Si Matheson avait un conseil à donner à une version plus jeune de lui-même et à ses coéquipiers fraîchement arrivés dans la Ligue, ce serait d’ailleurs de ne pas prendre les choses et soi-même toujours absolument au sérieux. Conscient que son intensité et sa concentration l’ont assurément aidé à se rendre où il en est, tout est bien sûr question d’équilibre.
Quand il regarde dans le rétroviseur, celui qui souffle cette année ses 10 bougies dans la LNH constate que la dernière décennie a filé dans le temps de le dire. Pas seulement au hockey, mais aussi depuis qu’il a des enfants. Sachant maintenant d’expérience que les choses vont vite, le défenseur, qui espère avoir encore beaucoup de hockey à offrir, compte profiter pleinement de la présence de sa famille à l’aréna et des moments spéciaux qui s'accompagnent avec le fait de jouer devant les siens, pour l'équipe de son enfance, et dans la grande Ligue.
« J’essaie simplement de profiter le plus possible de cette courte période durant laquelle j’ai la chance de faire ça. »