Anton Lundell avait 10 ans, mais il s’en souvient comme si c’était hier.
Mikael Granlund avait la rondelle derrière le filet de la Russie et allait sortir du côté gauche. En mouvement, l’attaquant, qui était âgé de 19 ans le 13 mai 2011, a soulevé la rondelle sur la lame de son bâton et l’a déposée au-dessus de l’épaule du gardien russe Konstantin Barulin. Il a marqué.
« Son but comme à la crosse en 2011 est devenu viral », a dit Lundell, un joueur de centre des Panthers de la Floride, dans un épisode du balado NHL @TheRink, à propos de ce but de la Finlande marqué en demi-finale du Championnat du monde de la FIHG 2011. « Il est l’un des joueurs qui m’ont inspiré. Ce sera génial de jouer au sein de la même équipe. »
Nous voici 14 ans plus tard, et même si Granlund n’est pas le premier à avoir marqué un « Michigan » - cet honneur revient à Mike Legg, de l’Université du Michigan, en 1996 – il a réalisé ce jeu spectaculaire huit ans avant qu’Andrei Svechnikov ne le transpose dans la LNH. Il s’agissait de sa première présence au Championnat du monde, un tournoi qui crée le même genre d’engouement en Finlande que le Super Bowl en Amérique du Nord. Il était jeune et allait faire le saut de HIFK, dans la meilleure ligue professionnelle en Finlande, à la LNH une saison plus tard.
Granlund, aujourd’hui âgé de 32 ans, est devenu un pilier de la Finlande sur la scène internationale, un vétéran des Championnats du monde, des équipes olympiques et de la Coupe du monde de hockey. Il se prépare maintenant pour un nouveau défi avec son pays natal, alors qu’il représentera la Finlande à la Confrontation des 4 nations contre les États-Unis, le Canada et la Suède à Montréal et à Boston, du 12 au 20 février. Mais avant ce tournoi, Granlund doit d’abord affronter le Kraken de Seattle avec les Sharks de San Jose au Climate Pledge Arena jeudi (22 h 30 HE; ESPN).
Et si sa production offensive est la principale raison pour laquelle Granlund a été sélectionné par son pays – il est troisième chez les joueurs finlandais avec 44 points (15 buts, 29 passes) en 51 matchs – son leadership a aussi pesé dans la balance.
« Il est un leader sur la glace », a souligné le directeur général de la Finlande Jere Lehtinen. « Il s’améliore constamment et il peut jouer dans toutes les situations. Il peut mettre des points au tableau, mais il est bon dans les deux sens du jeu. Il sera un élément important de notre équipe. C’est ce qu’il a été chaque fois qu’il a fait partie de notre équipe nationale au fil des années, incluant l’année dernière au Championnat du monde. Il s’améliore d’année en année avec l’âge. »
Lehtinen n’est pas le seul de cet avis.
« Les premières choses qui me viennent en tête sont son expérience, sa force mentale, son leadership et sa capacité à jouer plusieurs rôles », a noté l’entraîneur de la Finlande Antti Pennanen. « Ces qualités vont assurément aider notre équipe. »
L’entraîneur des Sharks Ryan Warsofsky est d’accord. Il en est à sa première année comme entraîneur-chef dans la LNH et il doit s’adapter à la Ligue et aux Sharks. Granlund l’a aidé.
« Il est vraiment le meneur de notre groupe et l’un de nos joueurs les plus constants, a dit Warsofsky. Il s’est vraiment imposé au sein du groupe de leaders. Il est une voix dans le vestiaire. Il a été récompensé en participant à la Confrontation des 4 nations avec la Finlande. »
Être derrière Mikko Rantanen (65 points) et Sebastian Aho (51) au chapitre de la production parmi les joueurs finlandais ne peut pas nuire non plus.
Granlund est parvenu à se relancer offensivement au cours des deux dernières saisons, après une campagne 2022-23 difficile avec les Predators de Nashville et les Penguins de Pittsburgh. Il avait amassé 41 points (10 buts, 31 aides) en 79 rencontres, après avoir obtenu 64 points (11 buts, 53 mentions d’aide) en 80 parties l’année précédente.
Mais la saison dernière, il a rebondi avec 60 points (12 buts, 48 passes) en 69 parties avec les Sharks et il est en voie de faire mieux cette saison. Granlund n’a pas voulu entrer dans les détails, mais il a confié avoir modifié quelques éléments dans sa préparation estivale, ajoutant qu’il commence à faire « les bons choix. »
« Je n’étais pas très satisfait de mon jeu avant les deux dernières saisons, a-t-il admis. Tu veux fournir un effort maximal et essayer d’être le meilleur joueur possible. Ça se passe bien. J’ai l’impression que ça va seulement aller de mieux en mieux.
« Je pense que je suis sur la bonne voie grâce à ce que je fais. Ça rend le hockey plus amusant. Tu arrives à faire les choses que tu sais que tu peux accomplir. »
Et ça paraît sur la glace.
« Il est bon avec la rondelle, il peut créer des occasions pour lui-même et les autres, et ce, avec peu de temps et d’espace », a dit son ancien coéquipier avec la Finlande, Kimmo Timonen. « Un bon joueur sur le jeu de puissance. Il est également bon sans la rondelle, donc tu peux le faire jouer contre les meilleurs trios adverses. »
Granlund a amorcé la saison dans une condition physique impeccable, ce qui lui permet de jouer en moyenne 20:52 par match. Sa fiabilité permet à Warsofsky de l’utiliser à profusion sans avoir à s’inquiéter.
« Tu sais ce que tu obtiens chaque soir, et quand il ne produit pas offensivement, il a un impact sur le match d’une autre façon », a expliqué Warsofsky.
C’est le joueur qu’il sera pour la Finlande.
Granlund a joué avec l’équipe séniore de la Finlande sur la scène internationale pour la première fois lors du Championnat du monde 2011, puis six autres fois, incluant le Mondial de l’an dernier, lors duquel il a été nommé capitaine. Il a fait partie des équipes finlandaises qui ont gagné l’or en 2011 et 2022, et il a pris part aux Jeux olympiques 2014 de Sotchi, quand la Finlande a gagné la médaille de bronze malgré plusieurs blessés, et à la Coupe du monde de hockey 2016.
Il sait que la Finlande peut surprendre, que le collectif peut prendre le dessus. Il a indiqué que représenter son pays est « un sentiment spécial. »
« Toute l’équipe est tissée serrée dès le départ, a expliqué Granlund. Nous tentons toujours de nous défoncer. Nous essayons de faire les bonnes choses, les choses qui vont nous permettre de gagner un match. Aucun joueur n’est au-dessus des autres. Tout le monde est sur un pied d’égalité. Tout le monde essaie de faire la bonne chose. »
C’est la raison pour laquelle la Finlande joue souvent les trouble-fêtes. Les joueurs se donnent les uns pour les autres parce qu’ils ont rêvé de représenter leur pays toute leur vie. Granlund n’est pas différent.
« Jouer au sein de l’équipe nationale est l’une des choses dont je suis le plus fier, a mentionné Granlund. C’est un moment de fierté chaque fois. Le hockey est tellement gros en Finlande que c’est toujours emballant de pouvoir jouer pour ton pays. »
*Avec la contribution du journaliste NHL.com Mike Zeisberger et du correspondant indépendant NHL.com/fi Varpu Sihvonen.