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MONTRÉAL- Robin Lehner est un gardien qui ne fait pas l'unanimité.
Que ce soit pour son style échevelé, sa personnalité arrogante ou simplement parce qu'il se retrouve en « compétition » avec l'un des gardiens les plus charismatiques et les plus appréciés de la planète hockey en Marc-André Fleury, le portier des Golden Knights de Vegas part toujours avec deux prises.

Dans le cas du match de dimanche face aux Canadiens de Montréal, on peut dire qu'il en avait déjà trois contre lui. Son entraîneur Peter DeBoer lui confiait la lourde tâche de prendre la relève de Fleury dans un match potentiellement pivot de la demi-finale des séries éliminatoires.
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« Peu de gens le savent, mais j'arrive quatre heures à l'avance chaque match et je vous regarde dire de la foutaise à mon sujet sur Twitter pendant deux heures », a commenté Lehner le plus sérieusement du monde. « Ça me permet de me motiver. C'était bien de voir ce que vous aviez à dire.
« Je me fous de ce que vous pensez de moi. J'ai le soutien de mes coéquipiers, de mes entraîneurs et de Flower. On ne se soucie pas du bruit extérieur, c'est juste de la motivation. C'était une belle journée sur Twitter, et je vous remercie de m'avoir motivé. »

Il semble que ça ait fonctionné puisque le gardien a signé sa première victoire des séries - 2-1 en prolongation - en réalisant 27 arrêts à son deuxième départ, ce printemps. Il serait un brin exagéré de dire qu'il a été la raison pour laquelle les Golden Knights l'ont emporté, mais il faut rendre à César ce qui lui revient.
Lehner s'est signalé à quelques occasions dans un premier engagement dominé par le Tricolore, puis il a frustré Cole Caufield sur une échappée qui aurait pu donner deux buts d'avance aux locaux en troisième.
« Il y a beaucoup à dire sur l'attitude de Robin depuis le début des séries », a fait valoir Max Pacioretty. « Il est notre plus grand partisan, et son positivisme a déteint sur le reste de l'équipe. Nous étions tous heureux de le voir être à la hauteur ce soir et surtout de le voir être récompensé avec une victoire. »
DeBoer a assurément pris un audacieux pari en envoyant dans la mêlée un gardien qui n'avait pas joué depuis trois semaines, alors que son équipe était en danger de se retrouver en retard 3-1 dans la demi-finale. Il a pris une décision qui a déplu à plusieurs amateurs et qui aurait rapidement pu se retourner contre lui.
Le pilote s'est toutefois retrouvé du bon côté de la médaille et il peut claironner jusqu'au prochain match.
« Ma seule responsabilité est envers les gars dans ce vestiaire, et non envers les amateurs ou les journalistes, a-t-il rétorqué. Mon travail est de prendre les bonnes décisions qui leur permettent d'avoir les meilleures chances de l'emporter. C'est le seul facteur important qui entre en ligne de compte. »
Un congé pour Fleury
C'est donc dire qu'il jugeait que son équipe avait plus de chances de gagner en se passant de Fleury, qui a été d'office pour 15 matchs éliminatoires et qui connaît de bonnes séries. Ses statistiques ne sont pas à la hauteur de celles qui l'ont envoyé sur la liste des finalistes au trophée Vézina en saison régulière, mais tout de même.
On pourrait facilement penser que la mauvaise sortie du gardien québécois, qui a offert au Tricolore le but égalisateur sur un plateau d'argent lors du match no 3, a été l'élément déclencheur de ce revirement de situation. DeBoer a cependant déconstruit cette trame narrative sans hésiter.

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« Je vais être honnête avec vous, a-t-il amorcé. Le jeu de Fleury en fin de troisième période n'avait aucun rapport avec ma décision. Il a été très occupé dans le dernier mois et il n'a pas eu beaucoup d'occasions de se reposer. On a souvent vanté la profondeur de cette équipe, et nous l'avons utilisée à toutes les positions.
« Fleury a autant de départs qu'Andrei Vasilevskiy dans ces séries et il a dix ans de plus que lui. Nous ne serions pas rendus ici sans lui, mais il a joué beaucoup de hockey. Le pari de faire jouer un gardien inactif depuis longtemps n'était pas plus important que celui de faire confiance à un gardien fatigué. »
Compte tenu de la bonne prestation de Lehner et de l'issue de la rencontre, il ne serait pas très surprenant que le « congé » de Fleury se prolonge un peu plus longtemps.