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MONTRÉAL- Il y a 20 ans exactement le 27 mai, la population du Québec et le monde du hockey faisaient leurs adieux à la légende des Canadiens de Montréal Maurice Richard.

Encore aujourd'hui, le « Rocket » demeure un visage de ce qu'est le Québec. On parle de lui avec admiration et ses exploits sont encore célébrés et racontés. Son influence sur le monde du hockey et sur le paysage politique de l'époque continue de fasciner.
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Mercredi, si la situation en lien avec la pandémie de la COVID-19 le permet, Maurice Richard fils fera sa traditionnelle visite au Cimetière Notre-Dame-des-Neiges, où est située la tombe de son père, décédé à l'âge de 78 ans le 27 mai 2000 à la suite d'une bataille de deux ans contre un cancer de l'abdomen.
Bien qu'il soit conscient de tout l'héritage laissé par son père à titre d'un des joueurs les plus électrisants de l'histoire de la LNH, Richard fils se souvient surtout du Rocket comme un père et comme un grand-père qui adorait être sur la glace, passer du temps avec son épouse Lucille et les sept enfants du couple, et qui adorait les voyages de pêche avec ses amis et ses coéquipiers.
Richard fils a plusieurs souvenirs de son père, surtout que chaque personne qu'il rencontre sent le besoin de lui partager une histoire qu'ils ont avec le Rocket, une rencontre, une poignée de main, une photo, un autographe, deux décennies après que 115 000 personnes aient défilé devant son cercueil au Centre Molson pour rendre un dernier hommage à leur idole.

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Parmi les nombreuses histoires, il y a celle d'une de ses amies qui témoigne bien de l'immensité du personnage.
« J'ai une amie qui enseigne en deuxième ou troisième année. Il y a quelques années, elle a demandé à ses élèves d'écrire une composition à propos de leur idole. Près de la moitié des élèves avaient choisi le Rocket, mon père. C'est incroyable. »
Richard a transcendé pour toujours le hockey à Montréal et au Québec en devenant cette vedette francophone dont la population dans les années 1940 et 1950 avait tant besoin.

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En 978 matchs dans la LNH, tous avec les Canadiens, il a marqué 544 buts - un record d'équipe qui tient toujours - en plus d'amasser 422 passes. Ses 966 points le placent au quatrième rang chez les Canadiens. Il a remporté la Coupe Stanley à huit reprises, ainsi que le trophée Hart en 1946-47 à titre de joueur le plus utile à son équipe.
Bien qu'il n'ait jamais remporté le championnat des pointeurs de la LNH, il a été le premier à inscrire 50 buts dans une seule saison, en 1944-45, et le premier à atteindre le cap des 500 filets en carrière, en 1957. Il a été intronisé au Temple de la renommée dès la fin de sa carrière de 18 saisons, plutôt que d'attendre les trois ans habituels.

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« Je ne connaissais pas vraiment le Rocket, mais j'ai beaucoup appris sur lui grâce à notre histoire et à notre famille. Il était et est encore une d'inspiration pour toute la province, pas seulement pour les amateurs de hockey », a souligné le propriétaire des Canadiens Geoff Molson.
« Maurice, c'est la définition même de la détermination. C'est un gagnant. Il était dans le cœur et l'esprit de tous les Québécois. La chose la plus incroyable, c'est que même si ça fait 20 ans qu'il est décédé et 60 ans qu'il a disputé son dernier match, tout le monde sait qui il est. Il est encore un modèle pour toute la population de la province. »
Un lent départ
Les débuts du Rocket ont été tout sauf spectaculaires. Il a subi des fractures de la cheville et d'un poignet lors de deux saisons consécutives alors qu'il jouait dans le niveau senior québécois, puis, lors de sa saison recrue avec les Canadiens, en 1942-43, c'est l'autre cheville qu'il s'est fracturée. On lui a rapidement apposé l'étiquette de joueur fragile, trop délicat pour survivre dans les tranchées de la LNH.

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Mais Richard n'allait pas seulement survivre dans la LNH, il allait dominer en devenant la machine à marquer de toute une génération. Un tireur gaucher qui évoluait à l'aile droite au sein de l'explosive « Punch Line », en compagnie d'Elmer Lach et Toe Blake, Richard était un compétiteur intense pour qui la défaite n'était pas une possibilité.
« Comme joueur, personne ne pouvait se comparer au Rocket », a souligné le légendaire entraîneur montréalais Scotty Bowman, qui a vu Richard à l'œuvre dans sa jeunesse. « Il était un si grand marqueur et il pouvait compter de manières si inattendues, grâce à son incroyable lancer du revers. »
Lorsqu'il se rendait au Forum pour assister à des entraînements des Canadiens, il ne pouvait qu'être émerveillé par toutes les facettes du jeu de Richard.

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« Le Rocket était si fort. Il n'était pas grand (5 pieds 10 pouces), mais il était beaucoup plus fort que la moyenne, a-t-il souligné. Il pouvait repousser les joueurs qui étaient sur lui. Il n'avait pas un pouce de libre. Les équipes faisaient tout en leur possible pour tenter de l'arrêter. Il avait tout un caractère, ça, il n'y a pas de doute. Il a été provoqué et impliqué dans plusieurs batailles. »
Un symbole du Québec
Richard n'a pas seulement dû transporter des joueurs adverses sur son dos afin de marquer, il transportait aussi toute la province. À cette époque, le monde politique québécois bourdonnait en raison du réveil des Canadiens-français, qui en avaient assez d'être tenus loin du pouvoir et d'être marginalisés par les Anglophones. Il est, sans le vouloir, devenu la figure emblématique de ce mouvement, même s'il n'a jamais cessé de répéter qu'il « n'était qu'un joueur de hockey. »

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Mais pour les Francophones en quête d'inspiration, Richard était beaucoup plus que cela. La population en a fait un symbole de sa quête et Richard est devenu bien plus qu'un talentueux marqueur de buts.
En mars 1955, le président de la LNH Clarence Campbell l'a suspendu pour trois rencontres ainsi que toutes les séries éliminatoires pour avoir frappé un arbitre lors d'un match particulièrement violent à Boston. Le baril de poudre venait de s'enflammer, et la population a envahi les rues. L'émeute Richard venait de s'amorcer, menée, entre autres, par de futurs visages de la Révolution tranquille, qui allait remodeler pour toujours le paysage linguistique, culturel et politique du Québec.

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Après sa suspension, Richard est revenu au jeu la saison suivante pour mener les Canadiens à cinq conquêtes consécutives de la Coupe Stanley, de 1956 à 1960. À ses côtés se trouvait maintenant son jeune frère, Henri.
Durant sa vie, et même après, le numéro 9 est devenu une icône culturelle. Des livres, des séries télévisées, des documentaires et des films racontant sa vie ont été produits. On retrouve aussi des statues à plusieurs endroits au Québec, dont à l'extérieur du Centre Bell. Des arénas et des rues portent aussi son nom, tout comme le club-école des Canadiens, le Rocket de Laval. Depuis 1999, le trophée Maurice Richard est remis annuellement au meilleur buteur de la LNH.

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La mort du Rocket a brisé le cœur de sa province. L'élan d'amour qu'ont témoigné les Québécois à ce moment rend encore son fils émotif aujourd'hui.
« Je pense que mon père était très heureux lorsqu'il était sur la glace, a mentionné Richard fils. Mais ce qu'il aimait probablement le plus était d'être dans le bois avec ses amis, de pêcher et d'être dans la nature. Donc, au début, nous voulions avoir des funérailles privées. Mais j'ai rapidement réalisé que pour les gens, les Québécois, mon père était en quelque sorte une idole. Ils étaient un peu comme une grande famille.
« J'ai dit aux Canadiens qu'ils pouvaient organiser quelque chose de plus gros pour que le public puisse y assister au Centre Molson, et dire un dernier au revoir à mon père. J'ai été surpris par la réponse des gens, et encore plus par l'immense respect qu'ils vouaient à mon père. J'ai vu des gens pleurer et prier pour lui. J'ai réalisé que c'était encore plus important que ce que je m'imaginais. »
Mercredi, Richard fils se remémorera, comme il le fait tous les jours, à quel point son père était une légende, mais aussi un modeste homme de famille.
« Je ne pense pas que mon père ait complètement réalisé à quel point il était important pour les Québécois. Il était toujours surpris lorsqu'il avait droit à une ovation ou quand les gens lui parlaient comme s'il était Dieu. Il ne s'y attendait pas. Il ne jouait certainement pas au hockey pour avoir droit à ça de la part de la population. J'ai compris au cours de ma vie que sa famille était beaucoup plus grosse, beaucoup plus imposante que seulement ses enfants. »

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Photos: Temple de la renommée du hockey; Canadiens de Montréal; Sheldon Cohen