CHICAGO – Mavrik Bourque sort de la glace après un entraînement matinal au United Center. À son entrée dans le vestiaire de l’équipe adverse, Jamie Benn et Matt Duchene ont déjà rangé leurs équipements.
Bourque, une recrue, a eu besoin de transpirer un peu plus que les deux vétérans à quelques heures d’un match contre les Blackhawks de Chicago.
En détachant ses patins, le centre de 22 ans offre un constat assez sombre de ses premiers mois dans la LNH. S’il a atteint son objectif de gagner un poste à temps plein avec les Stars de Dallas, le Québécois aimerait avoir un impact plus important. Il n’a récolté que sept points (deux buts, cinq passes) en 30 matchs.
« Pour être honnête, je dirais que ça ne va pas comme je veux, a dit Bourque en entrevue à LNH.com. Je pense que je suis capable de bien mieux jouer. Je sais que ce n’est pas une ligue facile et qu’il y a beaucoup d’apprentissages. Je me dirige vers le bon chemin, mais je ne peux pas dire que je suis heureux de mon début de saison. Je peux en donner plus et produire plus offensivement. »
Avant la LNH, Bourque a toujours noirci la feuille de pointage à un bon rythme. L’an dernier à sa deuxième saison dans la Ligue américaine avec les Stars du Texas, il a terminé au sommet des meilleurs pointeurs du circuit avec 77 points (26 buts, 51 passes) en 71 matchs.
Il n’avait donc plus rien à prouver dans la Ligue américaine. Jim Nill, le directeur général des Stars, et Peter DeBoer, l’entraîneur en chef, lui ont trouvé une place avec Dallas cette saison. Mais ils ne lui ont pas fait de cadeau. Il a regardé deux matchs de la passerelle de presse et il a joué moins de dix minutes à sept reprises.
« Oui, c’est une nouvelle réalité pour moi, a affirmé Bourque. Il y a plusieurs vétérans à l’attaque avec les Stars. Au début de l’année, je me cherchais un peu et je ne parvenais pas à établir mon identité. J’ai le sentiment que je me suis toujours retrouvé en rattrapage en raison d’une blessure lors du camp. »
Une étape à la fois
Pour cette visite à Chicago, Bourque a patiné au centre du troisième trio avec Oskar Bäck et Logan Stankoven. Il a également obtenu des présences sur la deuxième vague en supériorité numérique en raison des absences de Tyler Seguin et Mason Marchment. Il a terminé le match avec un temps de jeu de 13:15, soit un peu plus de deux minutes de plus que sa moyenne depuis le début de l’année.
Avant le match contre les Hawks, Bourque n’avait joué que 7:53 en supériorité numérique. Il a ajouté 2:46 à son compteur dans cette victoire de 5-1 des Stars contre la bande à Connor Bedard.
Le choix de premier tour des Stars (30e au total) au repêchage 2020 de la LNH doit maintenant maximiser chacune de ses présences sur la patinoire.
« J’ai besoin d’apporter de l’énergie et du rythme, a-t-il expliqué. J’ai été patient, mais c’est aussi à moi de mieux jouer. J’ai appris plusieurs choses cette année. Même si tu joues moins, tu dois toujours garder ta concentration. J’ai toujours eu des responsabilités en supériorité numérique dans le passé. Dans la LHJMQ et la Ligue américaine, je pouvais bâtir mes matchs avec de bonnes présences en supériorité numérique. »
Insatisfait de ses chiffres offensifs, Bourque est aussi mécontent de son rendement au cercle des mises en jeu. Parmi les 177 centres qui ont effectué plus de 100 mises en jeu cette saison, le numéro 22 se retrouve au 138e rang à 41,3 pour cent. De gros noms comme Jack Hughes (35,9 %), Tim Stützle (37,3 %) et Bedard (31,5 %) ont toutefois de pires moyennes.
« Ce n’est pas facile dans la LNH. Les centres sont gros et forts. Je dois travailler sur cet aspect puisqu’à 40 %, c’est trop bas. Je sais que toutes les mises en jeu sont importantes. Quand je gagne mes mises en jeu, nous pouvons plus dicter le jeu. C’est assez logique. Les gens sous-estiment beaucoup les mises en jeu. »
Aux yeux de DeBoer, Bourque suit une trajectoire typique d’un jeune attaquant.
« Comme tous les jeunes joueurs, sauf si tu es Connor Bedard ou un autre jeune phénomène, tu as besoin de traverser cette étape, a rappelé DeBoer. Mavrik doit gagner la confiance de ses entraîneurs, il doit devenir ce joueur vers qui nous pouvons nous tourner sans hésiter. Il construira ensuite son jeu offensif, il doit y aller une étape à la fois. »
« Il a fait face à des obstacles cette saison, a-t-il poursuivi. Il a manqué une grande portion du camp avec une blessure. Je le sentais un peu en retard à ses premiers matchs, mais il a rattrapé un peu le temps perdu dernièrement. Je sens qu’il joue avec plus de confiance. Nous lui donnerons plus d’occasions s’il peut aussi nous en donner plus. Mais ça reste un chemin à parcourir. Il n’y a pas une seule route avec un jeune joueur. Je n’ai pas de doute : il sera un bon attaquant dans la LNH, autant offensivement que défensivement. On ne sait pas quand ce jour arrivera. »
Wyatt Johnston a parcouru ce fameux chemin plus rapidement. Il a fait le saut directement de Windsor dans la Ligue junior de l’Ontario à Dallas à l’âge de 19 ans. À 21 ans, le choix de premier tour en 2021 en est à sa troisième saison complète avec les Stars.
« C’est difficile la LNH, c’est la meilleure ligue au monde. Mavrik a beaucoup de talent, il peut marquer et fabriquer des jeux, a affirmé Johnston. Il n’a pratiquement pas de temps de jeu en avantage numérique. Pour un joueur offensif, c’est un défi quand tu ne touches pas à la glace en supériorité numérique. Même s’il dit qu’il n’aime pas sa saison, il fait de bonnes choses sur la patinoire pour nous. »
S’il glisse à l’occasion quelques mots avec Johnston en français, Bourque n’a pas la chance de discuter dans sa langue maternelle avec deux de ses confidents chez les Stars.
« Je me tiens souvent avec les Finlandais, Miro Heiskanen et Roope Hintz, a expliqué l’ancien des Cataractes de Shawinigan. Ils s’assoient en arrière dans l’avion et j’ai aussi une place dans le fond. J’ai eu de bonnes discussions avec eux. Hintz a eu un parcours semblable au mien. Il a lui aussi joué une saison complète dans la Ligue américaine. Il me dit souvent de garder mon calme. »
Sur le plan personnel, Bourque n’a pas eu la chance de retourner au Québec pour fêter Noël avec sa famille. Avec un match des Stars le 23 décembre à Salt Lake City et un autre match le 27 décembre à Dallas, il a manqué de temps. Ce n’était rien pour lui remonter le moral.
« J’ai passé Noël à Dallas. J’étais avec des gars de l’équipe. C’était probablement mon pire Noël. Pour le réveillon du 24 décembre, il pleuvait et tonnait dehors. Il faisait environ 20 degrés. C’était déprimant. Ça ne ressemblait pas à Noël. »