TURGEON BADGE LAFLAMME

TORONTO – S’il le pouvait, Pierre Turgeon actionnerait la fonction « au ralenti » afin de savourer à fond la fin de semaine qu’il s’apprête à vivre comme nouvelle légende du hockey.

« Je veux tout ralentir le plus possible pour l’apprécier le plus possible », a affirmé Turgeon, vendredi, à l’issue de la cérémonie de remise des bagues aux intronisés, qui marque le début d’une déferlante d’activités.

« Ce sera dur parce que ça va vite et qu’on est sollicité de partout, a-t-il continué. Il faut que je reste conscient de tout ce qui se passe autour. C’est ce qui me permettra de savourer le moment présent. »

L’ancien joueur de centre abitibien pourra célébrer l’événement en compagnie d’anciens coéquipiers et amis, comme les Stéphane Matteau, Donald Audette, Benoit Hogue et Martin Bureau.

« Ce sont de belles connaissances. Je suis encore proche d’eux. Stéphane et Martin sont de grands copains d’enfance. C’est le ‘fun’ de vivre ces quelques journées en famille et entre amis. C’est une belle occasion de les remercier pour tout ce qu’ils ont fait pour moi. J’ai beaucoup de gens à remercier. »

C’est une année faste pour le Québec au Temple de la renommée. Turgeon est un des trois Québécois à y faire son entrée, avec la hockeyeuse Caroline Ouellette et le regretté conseiller et dirigeant Pierre Lacroix.

C’est une première en 45 ans. En 1978, le Temple avait ouvert grandes ses portes à un trio de Québécois formé du gardien Jacques Plante, du défenseur Marcel Pronovost et du bâtisseur Sam Pollock.

C’est un beau clin d’œil du destin que Turgeon et Lacroix reçoivent l’insigne honneur en même temps. Le premier a eu le second comme agent dans les années 1980. Turgeon a même bouclé sa carrière entre 2005 et 2007 en jouant dans l’équipe de Lacroix, alors directeur général de l’Avalanche du Colorado.

« C’est incroyable comme ‘timing’, s’est exclamé Turgeon. Ça n’a pas été planifié comme ça. C’est tout un honneur que de me retrouver au Temple la même année que lui.

« Il a été comme un père pour moi. Il a influencé positivement la carrière de beaucoup de jeunes joueurs québécois. Il nous faisait comprendre l’importance de bien planifier notre avenir. »

« YESSS! »

Turgeon était le joueur totalisant le plus de points (1327 en 1294 matchs, incluant 515 buts) à ne pas faire partie des immortels du hockey. Il a dû patienter pendant longtemps avant de recevoir l’appel. Et quand ç'a été le moment de le recevoir en juin, c’est lui qui a mis du temps à répondre!

« J’étais à Las Vegas pour le 50e anniversaire de ma belle-sœur », a-t-il raconté au parterre d’invités présents à la cérémonie de vendredi. « Comme nous partions la journée même, j’ai été m’entraîner au gymnase de l’hôtel avant de partir. C’est à ce moment que les appels ont commencé à rentrer. Après le quatrième, je me suis dit que je devrais peut-être répondre. »

« En prenant l’appel, j’ai entendu : ‘Allô, c’est Lanny McDonald’. J’ai répondu : ‘YESSS!’ J’étais très heureux et je suis tellement reconnaissant.

« Il y a tellement de joueurs qui peuvent être choisis », a ajouté Turgeon en entrevue. « C’est une récompense pour tout le travail accompli et tous les sacrifices faits. Il y a beaucoup d’efforts derrière ça. C’est comme la cerise sur le gâteau. Ça fait chaud au cœur. »

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Un gros but et un flambeau

Turgeon, qui a été le premier espoir sélectionné à l’encan 1987 par les Sabres de Buffalo, n’a pas eu la chance de soulever la Coupe Stanley ou de remporter un championnat sur la scène internationale.

Les quatre fois qu’il est allé le plus loin en séries, ses équipes ont vu leur parcours prendre fin contre les éventuels champions de la Coupe Stanley : en 1993 avec les Islanders de New York, qui ont perdu contre les Canadiens de Montréal, ainsi qu’avec les Blues de St. Louis les trois autres fois en 1998, 1999 et 2001, face aux Red Wings de Detroit, aux Stars de Dallas et à l’Avalanche, respectivement.

Il relate qu’un de ses beaux souvenirs en séries est le but vainqueur qu’il a obtenu en prolongation du match no 7 de la série de premier tour contre les Coyotes de Phoenix en 1999. Les Blues avaient comblé un retard de 3-1 dans la série.

Son souvenir le plus marquant demeure la cérémonie de fermeture du Forum de Montréal à titre de capitaine des Canadiens, le 11 mars 1996.

« Je me suis retrouvé au bon endroit au bon moment, a-t-il commenté. La fermeture du Forum, avec le flambeau, et l’ouverture du Centre Molson ont marqué l’histoire des Canadiens. Ç’a été des soirées mémorables. »

Turgeon n’a pas porté les couleurs du CH pendant longtemps – entre les années 1994 et 1996. Mardi, il sera de retour sur la patinoire du Centre Bell puisque les Canadiens l’honoreront avant la rencontre face aux Flames de Calgary.

« Ce sera le ‘fun’, a-t-il mentionné. J’aime toujours aller à Montréal. Ça me rappelle de beaux souvenirs. Plusieurs membres de la famille et amis seront présents. »

Il a adoré Arbour

Une personne qu’il a énormément aimé côtoyer a été l’ancien entraîneur Al Arbour, maintenant décédé, chez les Islanders de New York.

« Je l’ai adoré, a-t-il lancé. Il était comme un père avec nous autres. Tous les joueurs, quand on se réunit encore aujourd’hui, nous en parlons. Nous avions beaucoup de respect et de confiance à son endroit. Il avait ce don de soutirer le meilleur de chacun. Il pouvait nous convaincre qu’il n’y avait rien d’impossible. Nous avions du plaisir avec lui. C’est d’ailleurs avec les Islanders que j’ai connu mes meilleures saisons. »

C’est justement sous la férule d’Arbour que Turgeon a obtenu sa plus grande récolte de points dans la LNH, soit 132 en 1992-93.

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