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MONTRÉAL – Dans la vie, toute bonne chose a une fin. La patience n’y fait pas exception.

Il importe cependant de se rappeler que la patience est l’ingrédient essentiel d’une reconstruction. Sacrifier l’avenir de l’équipe au profit de résultats immédiats ramène souvent les troupes à la case départ. En revanche, faire confiance au processus est la recette d’un succès durable.

Depuis maintenant trois ans, les amateurs se fient audit processus, et Kent Hughes fait preuve de patience dans sa reconstruction. La direction du Tricolore étant demeurée fidèle à son plan, cette année pourrait bien être celle où patience et promesses se convertissent en performance.

Naturellement, à la suite d’une entresaison excitante, les attentes ont monté d’un cran. Le noyau du groupe a vieilli d’un an, les jeunes vedettes en devenir ont une saison d’expérience supplémentaire derrière la cravate, la majorité des vétérans de l’équipe sont de retour, et un Kirby Dach en forme revient dans la formation après avoir manqué la quasi-totalité de la campagne 2023-2024 en raison d’une blessure. Oh, et a-t-on mentionné Patrik Laine? Patience est aussi de mise de son côté à la suite des récents évènements, mais on discutera davantage de lui un peu plus bas.

Loin de se dérober face à ces hautes espérances, les joueurs et la direction ont discuté de la possibilité de se tailler une place en séries éliminatoires au tournoi de golf annuel de l’équipe. C’est l’objectif souhaité, et tous croient pouvoir l’atteindre pas plus tard qu’en avril prochain.

Voici ce qui pourrait influencer la tournure des choses :

La vie d’un directeur général en est une sans temps morts, et Hughes l’a prouvé dès la fin de la saison en annonçant que l’équipe avait exercé l’option de prolonger de deux années le contrat de l’entraîneur-chef Martin St-Louis. Ce faisant, on retrouvera l’instructeur derrière le banc des Canadiens jusqu’en 2026-2027.

La prolongation du contrat de St-Louis renforce la confiance de l’organisation à son égard et fortifie la continuité qu’il tente de bâtir. La culture d’un vestiaire commence par le haut, et si une chose est claire, c’est que les joueurs adhèrent à ce que propose St-Louis.

« Chaque année, tu dois continuer de convaincre. L’an prochain, peut-être qu’on devra changer un peu notre produit », explique l’entraîneur-chef, qui entame sa troisième saison complète à la barre de l’équipe. « C’est un peu comme la raison pour laquelle tu as un iPhone 14 ou 15 et non un iPhone 8 : c’est qu’il y a mieux. Le logiciel s’améliore. Donc, selon moi, il s’agit de constamment tenter d’améliorer le logiciel, métaphoriquement, et d’essayer de le vendre. »

Tout bon vendeur le sait, un produit doit continuellement évoluer pour conserver l’intérêt de la clientèle. Au hockey, la même vérité s’impose — surtout dans l’enclave, où les enjeux sont particulièrement élevés.

Samuel Montembeault et Cayden Primeau en seront tenus responsables en vue de la campagne 2024-2025. Les cerbères du Tricolore ont tous deux enregistré des sommets personnels quant à leur nombre de matchs joués et au pourcentage d’arrêts qu’ils ont effectués l’an dernier, saison qui a d’ailleurs offert à Montembeault son premier rôle de gardien numéro 1 et à Primeau son premier poste à temps plein dans la Ligue nationale de hockey.

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Cela dit, Montembeault et Primeau sont loin d’être des produits finis; ce n’est pour eux qu’un début et, cette année, les deux portiers tenteront chacun de poursuivre leur développement.

Prochain arrêt : la ligne bleue, où jeunesse et expérience se rencontrent — ainsi qu’un peu de congestion. Les départs via transactions de Jordan Harris et de Johnathan Kovacevic cet été ont libéré de l’espace en zone défensive, mais il n’en demeure pas moins restreint. La bonne nouvelle, c’est que le goulot est serré en raison des multiples candidats à la hauteur de la tâche. La mauvaise, c’est que seulement sept places sont vacantes.

Pour commencer la saison, Justin Barron, Kaiden Guhle, Mike Matheson, David Savard, Jayden Struble et Arber Xhekaj occuperont six de ces sept postes. Le septième sera rempli par Lane Hutson, dont la performance au Camp d’entraînement des Canadiens en a impressionné plus d’un. Le potentiel de l’arrière de 20 ans lui attire les éloges des partisans, et, avec raison, celui-ci a gagné sa place au sein de l’équipe. Il pourra ainsi montrer son talent sur la scène de la LNH dès le lancement de la saison, mercredi.

La brigade défensive est peut-être déjà définie pour le 9 octobre, mais on ne peut pas passer sous silence des espoirs talentueux tels qu’Adam Engström, Logan Mailloux et William Trudeau, qui frappent tous à la porte du grand club.

Alors que plusieurs nouveaux noms désirent laisser leur marque à la défense, une saine compétition s’annonce pour la campagne à venir.

Par ailleurs, Cole Caufield, Juraj Slafkovský et Nick Suzuki devraient encore une fois faire battre le cœur de l’attaque montréalaise. Âgés respectivement de 23, 20 et 25 ans, ils ont mené la charge offensive de la Sainte-Flanelle la saison dernière, chacun des membres du trio établissant des records personnels dans la colonne des points. Caufield en a récolté 65, Slafkovský en a produit 50, et le capitaine a mené l’équipe avec 77 points.

À l’aube de la nouvelle saison, les Canadiens compteront sans aucun doute sur leurs jeunes vedettes pour piloter l’attaque.

Pendant que le noyau de la troupe continue d’évoluer, patience sera de mise en ce qui concerne Patrik Laine. Le vétéran de huit saisons dans la LNH a le potentiel d’amener une nouvelle dynamique à l’arsenal offensif du Tricolore, mais on ne verra pas l’ancien marqueur de 44 buts sur la glace dès le début de la nouvelle campagne, lui qui a subi une entorse au genou gauche en présaison.

Heureusement pour Laine et les Canadiens, il n’aura pas à passer sous le bistouri, et la période de réadaptation de l’attaquant est évaluée à deux à trois mois. Acquis de Columbus au cours de l’été, le deuxième choix au total au Repêchage de 2016 est disposé, un coup qu’il en aura le feu vert, à retrouver sa forme dans ce qu’il appelle « le plus gros marché de hockey qui soit ».

En espérant qu’au bout du compte, le nouveau départ de Laine à Montréal lui soit favorable, Dach, de son côté, cherchera à égaler, ou surpasser, ses performances de 2022-2023, saison lors de laquelle il a établi des sommets personnels pour les buts (14), les mentions d’aide (24) et les points (38). De retour — qui plus est, en santé — après avoir raté la majorité de la dernière saison en raison d’une déchirure du ligament du genou, et un an après la fin de sa brillante première campagne chez les Canadiens, l'attaquant âgé de seulement 23 ans est prêt à assumer un rôle crucial au centre.

De son côté, Alex Newhook tentera de solidifier sa place au sein des deux premiers trios de St-Louis. Aussi âgé de 23 ans, l’attaquant a enregistré un sommet personnel de 34 points en 2023-2024, malgré une blessure l’ayant tenu à l’écart une partie de la saison.

Alors que l’offensive du Tricolore regorge de jeunes talents, on peut s’attendre à ce que les vétérans remplissent des rôles clés. Josh Anderson, Joel Armia, Christian Dvorak, Jake Evans et Brendan Gallagher demeureront des phares pour leurs jeunes coéquipiers comme Emil Heineman (22) et Oliver Kapanen (21), lesquels chercheront à prouver qu’ils méritent leur place dans la LNH maintenant qu’ils ont percé la formation.

Enfin, Alex Barré-Boulet, Michael Pezzetta et Rafaël Harvey-Pinard, qui devrait commencer la saison sur la liste des blessés, continueront d’amener une profondeur nécessaire à la formation, eux qui savent produire à l’avant et qui ont fait leurs preuves comme solides défendeurs en infériorité numérique.

Octobre battant maintenant son plein, l’anticipation continue de s’accroître en vue du match d’ouverture. Et, lorsque la rondelle sera mise en jeu le 9 octobre, les Canadiens et leurs partisans espèreront se rendre en séries éliminatoires pour la première fois depuis 2021. D’ici là, il ne reste qu’une chose à endurer.

La patience.

Un texte d'Evan Milner, traduit par Anne-Charlotte Pellerin

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