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MONTRÉAL – La carrière de hockeyeur est rarement sans embuches.

Si elle l’était, vous seriez votre propre version de Connor McDavid, je serais ma propre version de Wayne Gretzky, et nous aurions tous remporté 24 coupes Stanley.

Mais elle ne l’est pas, et Jacob Fowler serait le premier à confirmer que l’adversité fait partie de notre sport. 

« On a douté de moi, et toute ma vie j’ai dû prouver aux gens qu’ils avaient tort », a déclaré le jeune de 18 ans. 

Sur le plan statistique, les performances du gardien floridien sont inébranlables : avec une moyenne de buts alloués qui ne dépasse pas 2,28 et un pourcentage d'arrêts qui n'a jamais été inférieur à 0,921 au cours de ses quatre dernières saisons, les statistiques de Fowler ne sont jamais allées de travers. 

Ces résultats, ainsi que d’autres éléments, ont contribué à propulser l'Américain vers le troisième tour du Repêchage de la LNH, lors duquel les Canadiens l'ont sélectionné au 69e rang au total, le 29 juin dernier. 

« Toute ta carrière dans le hockey défile en quelques sortes devant tes yeux. Tu deviens un peu émotif en pensant au fait que, bien que ce ne soit que le début de ta carrière professionnelle, il s’agit du résultat de ce que tu as fait tout au long de ta carrière dans les rangs juniors pour te rendre à ce moment », souligne Fowler.

Mais c’était bien la première fois que le parcours du natif de Melbourne, en Floride, était aussi linéaire. 

Si l'on examine son curriculum vitae, il est clair que Fowler a été étouffé par les contraintes de cette pensée linéaire. Ou, pour remettre en question cette dernière, peut-être a-t-il été victime de ceux qui avaient mal évalué son potentiel. 

Malgré un pedigree gagnant, 36 équipes de l’USHL et de l'OHL n'ont pas retenu le gardien de but lors de leurs séances de sélection respectives en 2020.

« Tu as toujours l'impression d'être l'un des meilleurs à ton âge et à ton poste, et ne pas recevoir toute la reconnaissance que je pensais mériter et les différentes gratifications pour aller dans divers camps et tout ça... c'était évidemment très dur », a admis le gardien de but.

Plutôt que de jeter l’éponge, Fowler s’est servi de ce snobisme comme source de motivation pour prouver aux sceptiques qu'ils avaient tort.

« Je dirais que deux des plus gros inconvénients de ma carrière d'hockeyeur ont été ces jours-là et je ne les échangerais pour rien au monde, a souligné l'espoir des Canadiens. La plupart des jeunes entendent leur nom appelé aux divers repêchages [...] mais je dirais que, heureusement pour moi, mon nom n'a jamais été appelé. C'était quelque chose que je pouvais toujours garder en tête. »

Les résultats parlent d’eux-mêmes.

Plus récemment, il a été nommé Gardien de l’année en 2023 dans l’USHL, aidant les Phantoms de Youngstown à gagner leur premier championnat grâce à une fiche de 8-1-0, une moyenne de buts alloués de 1,36 et un pourcentage d’arrêts de ,952 en séries éliminatoires.

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« On peut dire que [ne pas avoir été repêché] a augmenté ma motivation à atteindre ces objectifs et à franchir ces étapes », a admis le jeune homme.

Peu de gens ont pu voir le parcours de Fowler en tant que joueur le plus utile de la Coupe Clark de plus près que l'entraîneur-chef de Youngstown, Ryan Ward. Et, lorsqu'on l'a interrogé, il n'a pas hésité à faire l'éloge de la vedette junior.

« À mon avis, Jacob est le meilleur gardien de but que j'ai vu dans le hockey junior », a déclaré Ward.

« Le voir travailler chaque jour, de voir à quel point il travaille fort et les heures supplémentaires qu’il fait, c’est quelque chose de très spécial, a dit l'instructeur des Phantoms. Aucun gardien ne travaille plus fort que Jacob. »

Le tissu cicatriciel que Fowler a gagné des maux de tête qu’il a vécus avant son arrivée dans l’équipe de hockey junior située en Ohio est une couche dont tous les athlètes ont besoin pour connaître du succès, selon Ward.

« Tu ne peux pas atteindre un certain niveau de succès dans les sports, et assurément pas au hockey, sans connaître de l’adversité et sans passer à travers », explique le natif du Massachusetts. « Ça aide à coup sûr quand tu vis des moments difficiles et que tu en ressors vainqueur de l’autre côté »

Heureusement pour Fowler, sa résilience l'a prouvé à la hauteur pour un autre opportunité; cette fois, au Massachusetts, où il représentera le Boston College pour la prochaine saison.

« Le plan parfait serait de terminer au sommet de la division Hockey East, puis de remporter le tournoi Beanpot et le championnat national », a affirmé le joueur de première année. « Mais, pour ma part, je veux simplement faire partie d’une équipe gagnante et amener cette culture au Boston College, parce que je pense que le programme est tellement historique. »

Quand il s’agit de passer à l’action, Fowler sait faire le travail, et le directeur de l'évaluation des joueurs et dépisteur amateur des Canadiens, Billy Ryan, s'est assuré d'en prendre note.

« Fowler se présente chaque fois et gagne. C'est presque... c'est fou », a déclaré un Ryan enflammé lors des réunions de recrutement du Club en juin. Il le fait depuis qu'il a 10 ans... et il veut le faire. »

Vouloir le faire est une chose, le faire réellement en est une autre. De toute évidence, rien n'empêche un Fowler confiant de penser qu'il en est capable.

« Je crois à 100 % que je peux être LE prochain gars », a déclaré Fowler.

Pendant la majeure partie de sa carrière dans le hockey mineur, le destin de Fowler a échappé à son contrôle, mais il a refusé de laisser l'adversité définir son histoire. Au contraire, il a choisi de redéfinir ce récit en prouvant que le succès n'est pas toujours confiné à une trajectoire linéaire.

Ce texte a été traduit par Anne-Charlotte Pellerin et Hélàne Cloutier.