La grande majorité des amateurs regardent les Cole Caufield, Zach Benson et Matt Savoie pour s’émerveiller devant leurs prouesses. Justin Poirier, lui, les regarde pour obtenir une sorte de confirmation qu’il pourrait lui aussi avoir sa place au plus haut niveau.
Ce n’est pas que l’attaquant du Drakkar de Baie-Comeau compare son talent à celui de ces vedettes en devenir de la LNH. Il peut toutefois y trouver un peu de réconfort en voyant des attaquants de plus petite taille livrer la marchandise et connaître du succès contre des joueurs plus imposants dans la meilleure ligue au monde.
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« J’essaie de prouver aux gens que la taille n’a plus rapport », a lancé le patineur de 5 pieds 8 pouces et 181 livres. « J’aime voir un gars comme Caufield, un joueur de ma grandeur qui a marqué des buts tout au long de sa carrière. C’est un peu ce que je fais depuis le début de mon parcours. »
C’est effectivement ce que le natif de Salaberry-de-Valleyfield fait de mieux. Il a inscrit 28 buts en 55 matchs à sa première campagne dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) et il en a déjà neuf au compteur en 13 rencontres – un rythme de 47 buts sur 68 matchs.
Avant de faire le saut au niveau junior, il avait enfilé 33 buts en 37 rencontres avec les Grenadiers de Châteauguay, dans le M18 AAA. Ce qu’il continue d’accomplir année après année n’est donc pas un hasard : son tir est tout simplement dévastateur.
« Je pense que c’est inné pour lui », a lancé son entraîneur Jean-François Grégoire. « Je dis ça, mais il l’a sans doute travaillé. Il n’est pas un gros bonhomme, mais il est trapu, il est fort et il dégaine vite. C’est sa force. »
Poirier confirme que ce n’est pas qu’un don. Il a passé des heures à perfectionner sa manière de décocher, sa précision et la force qu’il peut générer avec son tir des poignets.
« C’est beaucoup de pratique », a-t-il assuré quand on lui a demandé le secret derrière son laser. « J’ai longtemps eu une patinoire chez moi, et avant chaque match, j’ai comme rituel de lancer des rondelles. Je fais ça depuis que je suis petit. C’est avec le travail qu’on a du succès partout dans la vie. »
Poirier a d’ailleurs encore du pain sur la planche en cette année d’admissibilité au repêchage. S’il n’a plus réellement besoin de prouver qu’il est un joueur offensif capable « de la mettre dedans », il doit démontrer qu’il n’est pas seulement qu’un franc-tireur.
C’est souvent la peur des équipes professionnelles quand vient le temps de repêcher un joueur de plus petite taille. Elles craignent que le joueur en question soit incapable de se trouver une niche s’il ne parvient pas à transposer sa production offensive au prochain niveau.
En comparaison, la croyance veut qu’un attaquant plus imposant puisse se reconvertir en joueur d’énergie physique sur un trio de profondeur si la production fait défaut.
« Il y a toujours des gens qui vont dire que ça ne fonctionnera pas, à chaque niveau, a philosophé Grégoire. Il y a toujours quelqu’un qui espère que tu échoues. Justin a toujours dû composer avec ces préjugés-là. Je sais tout ce qu’il doit surmonter et je veux l’aider là-dedans. C’est un passionné qui veut faire la différence. »
Un exemple
Si les Caufield, Benson et Savoie de ce monde sont des modèles de réussite qui correspondent davantage aux défis auxquels Poirier est confronté, il en a un autre beaucoup plus près de lui sur lequel il peut prendre exemple. Son frère Jérémie est l’un des bons espoirs à la ligne bleue des Flames de Calgary.
Même si quatre ans les séparent – l’aîné est âgé de 21 ans – les deux ont grandi ensemble dans les arénas, et le plus jeune a suivi les traces du plus vieux à tous les niveaux.
« Mon frère est sur le point de se faire une place dans la LNH et de réaliser son rêve, a souligné Justin. C’est un mentor, un modèle pour moi. Je suis ses conseils. On s’appelle après chaque match et il me donne des conseils. Il est passé par la LHJMQ et il a gagné la Coupe Memorial. Il sait ce que ça prend pour gagner. »
Reste maintenant à voir si le cadet pourra lui aussi convaincre une équipe de la grande ligue de lui donner une chance de faire sa place à sa manière.