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Choix de première ronde des Nordiques de Québec au repêchage de 1993, Jocelyn Thibault a disputé 586 matchs au cours de sa carrière de 15 saisons dans la LNH. Il a porté l'uniforme des Nordiques, de l'Avalanche du Colorado, des Canadiens de Montréal, des Blackhawks de Chicago, des Penguins de Pittsburgh et des Sabres de Buffalo, signant 238 victoires. Il a été entraîneur des gardiens de l'Avalanche pendant deux saisons et il est aujourd’hui actionnaire du Phoenix de Sherbrooke dans la LHJMQ. Il a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com pour traiter des dossiers chauds devant les 32 filets de la Ligue.

Je ne sais pas si Carey Price sera intronisé au Temple de la renommée dès sa première année d’admissibilité l’an prochain, mais pour moi, il n’y a aucun doute qu’il deviendra un immortel du hockey tôt ou tard.

La liste de candidats admissibles pour la première fois au Temple en 2025 est impressionnante et inclut, en plus de l’ancien gardien des Canadiens de Montréal, de gros noms comme les attaquants Joe Thornton et Ryan Getzlaf, les défenseurs Duncan Keith et Zdeno Chara ainsi que le gardien Tuukka Rask. Price a absolument sa place parmi eux, même si comparer l’impact de différentes carrières est un exercice difficile.

Les statistiques de Price et ses exploits parlent d'eux-mêmes. En 712 matchs en carrière (700 départs), il a conservé un dossier de 361-261-79 avec une moyenne de buts alloués de 2,51, un pourcentage d’arrêts de ,917 et 49 jeux blancs. Il a également mis la main sur les trophées Vézina, Hart, William-M-Jennings et Ted-Lindsay en 2015, en plus du trophée Masterton en 2022.

Sur la scène internationale, il a raflé l’or au Championnat mondial junior (2007), aux Jeux olympiques de Sotchi (2014) et à la Coupe du monde de hockey (2016).

Dans la riche histoire des Canadiens, Price est dans la même conversation que d’autres grands cerbères, comme les Jacques Plante, Ken Dryden et Patrick Roy. Il est d’ailleurs le gardien le plus victorieux de l’histoire de l’organisation, en plus de prendre le troisième rang au chapitre des blanchissages, derrière George Hainsworth (75) et Plante (58).

La seule chose qui le différencie des autres est l’absence de la Coupe Stanley à son palmarès, et c’est souvent ce que les gens lui reprochent le plus.

Il faut toutefois souligner que Price n’a jamais eu les équipes de Roy, Dryden ou Plante devant lui. En 15 campagnes dans la LNH, de 2007-08 à 2021-22, les Canadiens ont pris le 20e rang de la Ligue au chapitre des buts marqués (3174) et ils ont compté sur un seul marqueur de plus de 80 points, Alex Kovalev (84). C’était lors de la saison recrue de Price et par la suite, aucun joueur n’a amassé plus de 72 points au cours d’une saison où Price a joué. Dans ce contexte, ce n'était pas toujours facile d’accumuler les victoires.

À titre comparatif, Plante et Dryden ont joué derrière les dynasties du CH des années 1950 et 1970. On compare des pommes avec des oranges.

On critique souvent Price à tort d’avoir été moins bon en séries éliminatoires. Il a pourtant maintenu un pourcentage d’arrêts de ,919 en carrière durant le tournoi printanier, ne descendant que trois fois en 10 participations aux séries sous la barre des ,900. Les deux dernières fois où l’équipe a veillé tard au printemps, en 2014 et 2021, c’était en grande partie grâce à lui.

De toute façon, je pense que la Coupe Stanley servira de moins en moins d’argument pour une intronisation au Temple de la renommée. Avec 32 équipes dans la LNH, la compétition est plus relevée que jamais, ce qui rend la conquête d’un championnat beaucoup plus ardue qu’à l’époque des Plante et Dryden, sans rien leur enlever.

Mais au-delà de toutes ces statistiques, Price est digne du Temple de la renommée en raison de son immense talent.

Son sens du jeu était exceptionnel et lui permettait une économie de mouvements devant son filet. Les gens confondaient souvent ça avec de la nonchalance, mais c’est simplement qu’il voyait le jeu se développer devant lui deux ou trois secondes avant tout le monde grâce à son intelligence. À 6 pieds 3 pouces et 217 livres, il était imposant devant son filet, mais il avait la mobilité d’un joueur de 5 pieds 8 pouces.

Il avait absolument tous les atouts d’un gardien élite et il avait une capacité unique à garder la tête froide sous pression. Il s’agit d’une qualité importante chez les athlètes de pointe.

On dit aussi qu’il avait une aura et une prestance uniques dans le vestiaire. Il ne parlait pas beaucoup, mais il était influent grâce à sa façon de se préparer et d’agir. La confiance de l’équipe passait par lui.

Ce sont des atouts qu’on ne peut pas illustrer avec des chiffres, sauf qu’ils feront la différence quand viendra le temps d’introniser Price au Temple.

Un honneur mérité pour Roenick et Datsyuk

Pour conclure cette chronique, je reste dans le thème du Temple de la renommée en glissant un mot sur les intronisations de Jeremy Roenick et Pavel Datsyuk, que j’ai souvent affrontés durant ma carrière.

Dans le cas de Roenick, je veux souligner son influence sur le développement du hockey aux États-Unis. Avec sa participation aux Olympiques et ses exploits dans la LNH, il a donné de la visibilité à notre sport au pays de l’Oncle Sam. Il a été intronisé au Temple de la renommée du hockey des États-Unis en 2011, à juste titre. Évidemment, il était un personnage. Il attirait les foules, et les médias raffolaient de ses citations.

Quant à Datsyuk, je me suis souvent mesuré à lui quand j’évoluais avec les Blackhawks de Chicago, car les Red Wings de Detroit étaient dans la même section que nous à l’époque.

Je peux vous dire qu’il était un magicien avec la rondelle grâce à ses mains, ses talents de passeur et de marqueur, et sa capacité à ralentir le jeu. Très réservé, il était aux antipodes d’un joueur comme Roenick.

Félicitations aux deux pour un honneur pleinement mérité!

*Propos recueillis par Hugues Marcil, pupitreur LNH.com.