TORONTO – C’est une chanson de Tina Turner qui a été le déclic pour Caroline Ouellette. En fait, pas uniquement la chanson, mais surtout les images qui l’accompagnaient.
« Je participais à un premier camp d’entraînement d’Équipe Québec des moins de 18 ans. C’est là que ç’a pris forme », s’est souvenue la hockeyeuse, vendredi, en marge de son intronisation au Temple de la renommée.
« Je me souviens encore qu’on nous avait montré un montage vidéo de l’équipe canadienne dans lequel on voyait Danielle Goyette déjouer trois filles avant d’aller marquer un but, avec comme trame sonore ''The Best'' de Tina Turner.
« Ç’a été un déclic pour moi. À partir de ce moment, c’est tout à ce que j’aspirais. C’était la chose la plus importante pour moi : devenir la meilleure joueuse possible. »
Son obsession a viré en passion, et ç’a été une réussite sur toute la ligne avec 10 conquêtes de la médaille d’or à son impressionnant palmarès.
La Montréalaise aujourd’hui âgée de 44 ans a touché l’or dans les quatre tournois olympiques auxquels elle a participé avec l’équipe canadienne entre 2002 et 2014, en incluant les Jeux de Vancouver qu’elle place au haut de sa liste de moments ineffaçables, en plus de célébrer la conquête de six championnats mondiaux.
À l’aube de recevoir la récompense ultime qu’un athlète puisse obtenir, c’est elle qui pourrait chanter « Simply the best… »
« Je n’étais pas la plus talentueuse au hockey. Je n’ai commencé à jouer qu’à l’âge de 9 ans. C’est beaucoup plus vieux que la plupart de celles et ceux qui ont leur plaque ici », a-t-elle fait remarquer.
« Honnêtement, je repense à tout ça et j’ai bien failli ne jamais jouer au hockey. Ça m’a pris deux ans à convaincre mes parents. Ça prouve que peu importe la ligne de départ, c’est ce que tu fais pour rattraper les autres une fois partie. »
« Ce qui a fait la différence pour moi, ç'a été ma drive, ma passion et mon grand désir de vaincre, a-t-elle estimé. Je voulais gagner dans tout ce que je faisais, que ce soit dans un éducatif à l’entraînement, dans un match simulé ou dans un match hors-concours contre une équipe de gars.
« Pour moi, c’était toujours une occasion d’augmenter la crédibilité du hockey féminin. J’ai toujours eu cette approche-là. Même à mes derniers Jeux, à l’âge de 34 ans, ça m’a permis d’améliorer des aspects comme mon leadership et des détails de mon jeu. C’est peut-être pour ça que je me retrouve ici aujourd’hui. »
Ouellette, qui poursuit sa passion à titre d’entraîneuse de l’équipe féminine de l’Université Concordia, a admis qu’elle doit se pincer afin de réaliser ce qui lui arrive parce que c’est un honneur auquel elle dit n’avoir jamais aspiré de recevoir.
« C’est quelque peu surréaliste, parce que ce n’était pas quelque chose de possible pendant la majorité de ma carrière, a-t-elle expliqué. Quand j’y pense, il y a tellement de femmes qui mériteraient d’être ici, pas uniquement des Canadiennes ou des Américaines, mais aussi des Européennes et des bâtisseuses dans le hockey féminin que les gens connaissent malheureusement moins. »
Trois femmes importantes
Ouellette pensait peut-être à France St-Louis, qui a été une pionnière du hockey féminin et à laquelle elle dit devoir une fière chandelle.
« France a eu un impact grandiose sur ma carrière, a-t-elle déclaré. Elle a été ma première cochambreuse à mon premier championnat du monde. Elle m’avait donné beaucoup confiance, mais après la compétition, elle avait eu le courage de me dire que mon talent seul ne serait pas suffisant si je voulais continuer. France était la plus en forme de l’équipe à l’âge de 40 ans. Elle m’a sensibilisée aux bienfaits de modifier mon entraînement. Mon niveau hors glace n’était pas du tout à la hauteur du hockey international. Ç’a été un virage à 180 degrés. J’ai par la suite pris tous les moyens afin d’être la meilleure athlète et la joueuse la plus complète possible.
« J’ai essayé d’être le même mentor pour Marie-Philip Poulin à ses débuts avec l’équipe canadienne, a poursuivi Ouellette. J’ai toujours vu notre relation comme celle que j’avais avec France. Marie-Philip et France seront présentes à la cérémonie d’intronisation, lundi. Ces deux-là ont été des femmes super importantes dans ma vie. »
L’autre femme la plus importante dans sa vie, c’est sa conjointe Julie Chu, ancienne hockeyeuse et entraîneuse. Elles sont ensemble depuis 2005 et sont les parents de deux fillettes.
Vendredi, l’aînée Liv, 6 ans, n’était pas très intéressée par la cérémonie. Assise sur sa chaise, elle avalait les friandises de sa récente récolte de l’Halloween. À ses côtés, sa sœur Tessa, 3 ans et demi, dormait sur ses deux oreilles.
De sa position, dans la première rangée, Ouellette jetait des coups d’œil furtifs afin de s’assurer que tout allait bien. Son amoureuse Julie avait la situation bien en main.
Liv a bien tenté d’attirer son attention, en la saluant de sa petite main quand Ouellette est allée recevoir sa bague confirmant son statut de nouveau membre du Temple. En vain. Elle a donc continué de piger dans son sac de bonbons.