Danièle Sauvageau a d’abord dirigé Caroline Ouellette avec l’équipe canadienne féminine des moins de 19 ans, à sa création en 1996. C’était le début d’une longue et fructueuse collaboration entre l’attaquante et l’entraîneuse, qui ont remporté l’or ensemble aux Jeux de Salt Lake City, en 2002. Ouellette a ensuite obtenu l’or à trois autres reprises aux JO (2006, 2010, 2014) et six fois aux championnats mondiaux de l’IIHF (1999, 2000, 2001, 2004, 2007, 2012), avant de prendre sa retraite de joueuse en 2018.
Maintenant directrice générale de l’équipe montréalaise de la LPHF, Sauvageau rend hommage à Ouellette dans les lignes ci-dessous, six jours avant son intronisation au Temple de la renommée du hockey, lundi prochain.
J’ai été privilégiée d’être l’entraîneuse de Caroline Ouellette, d’abord au sein de l’équipe canadienne féminine des moins de 19 ans en 1996. C’était la première fois que nous avions une équipe nationale féminine de développement, et à l’époque, nous n’avions pas un énorme bassin de joueuses.
Nous avons choisi Caroline parmi un groupe de quatre ou cinq joueuses. Même aujourd’hui, je suis curieuse de savoir ce que ces joueuses non choisies seraient devenues. Mais évidemment, Caroline était un bon choix.
J’ai toujours cru que lorsque tu choisis une joueuse, c’est elle qui doit faire le reste du travail. C’est sur ses épaules. C’est leur devoir d’avancer et de se développer. Tout ce qu’une entraîneuse peut faire, c’est créer un environnement propice au succès.
Caroline, évidemment, a saisi sa chance et cela l’a menée au Temple de la renommée du hockey.
Je connaissais Caroline avant même de la diriger avec l’équipe des moins de 19 ans, car elle est Québécoise et moi aussi. Je la connais depuis plus de 30 ans, je pourrais écrire un livre sur elle.
Elle devait avoir 13 ou 14 ans la première fois que je l’ai vue jouer. Puis, en un an et demi, je l’ai vue passer de quatre pieds à cinq pieds sept pouces. Elle est passée d’une enfant gênée à une gentille géante lorsque je la comparais aux autres jeunes. Elle voulait faire de son mieux et si je compare à aujourd’hui, elle n’était pas très bavarde.
Caroline était très compétitive. On parle souvent de discipline : tu peux être très disciplinée, mais arrêter de compétitionner lorsque les choses vont moins bien.
Caroline n’a jamais arrêté de compétitionner. Sa persévérance, à mon avis, est l’une des choses la rendant spéciale.
Elle a d’abord dû comprendre rapidement ce que ça prenait pour être une athlète lorsqu’elle a joué aux championnats mondiaux de 1999. Il n’y avait que quelques joueuses francophones au sein de l’équipe, et elle ne parlait pas beaucoup en anglais à l’époque. Déjà, elle était exposée à certaines meneuses anglophones et à des francophones qui avaient une impressionnante feuille de route.
Elle respectait beaucoup France St-Louis. France était une joueuse qui a fait l’équipe nationale car elle était très en forme et qu’elle était plus qu’une joueuse de hockey. C’est aussi de cette manière que je catégorise Caroline.
Je crois que Caroline comprenait que si elle voulait rester avec l’équipe, elle devait travailler un peu plus fort. C’est à ce moment qu’elle est devenue une athlète et qu’elle a pu ensuite jouer pour le Canada si longtemps. Certaines joueuses sont très talentueuses, mais elles ne travaillent pas aussi fort et savez-vous quoi? Elles participent à un ou deux championnats mondiaux et nous ne les revoyons plus par la suite. Même si elles sont très, très talentueuses.
Caroline était talentueuse, mais a amené son jeu à un autre niveau en travaillant fort, notamment en s’assurant qu’elle soit plus en forme que quiconque.
J’ai tant de bons souvenirs de Caroline. Je me remémore plusieurs moments différents, comme celui où elle était invitée au camp de l’équipe nationale pour les mondiaux de 1999.
Je me remémore aussi le championnat du monde de 2012, au Vermont, lorsque le Canada a perdu 9-2 contre les États-Unis. Elle était assistante-capitaine à l’époque et elle était vraiment fâchée. Après le match, elle s’est exclamée aux médias que c’était « inacceptable. Nous sommes Équipe Canada. »
Elle parlait toujours au « nous ». Elle ne disait jamais « certaines joueuses ». Elle a dit « C’est inacceptable. Nous ne nous sommes pas présentées aujourd’hui ». Et devinez qui a gagné le championnat mondial, sept jours plus tard!
Elle ne parle pas beaucoup, mais elle est très précise dans ses opinions, ses commentaires. C’est le résultat d’être une joueuse plus silencieuse, mais plus observatrice, en mesure d’emmagasiner l’information. C’est l’une de ses plus grandes forces.
C’est incroyable de suivre des joueuses comme Caroline et de les voir grandir comme joueuses mais aussi comme individus, puis maintenant comme mère encore impliquée dans le hockey.
Caroline croit au hockey. Aujourd’hui, elle gagne sa vie avec le hockey. Elle est entraîneuse, mais elle est aussi impliquée dans différents projets impliquant de jeunes joueuses. Elle est derrière la Célébration Hockey Féminin Caroline Ouellette, qui n’est pas un événement pour former des joueuses de l’équipe canadienne, mais simplement pour jouer au hockey. À sa manière, elle crée une voie. La voir derrière le banc de l’équipe canadienne comme adjointe lors des derniers mondiaux, alors qu’en face, j’étais analyste pour la diffusion de RDS, est l’un de ces souvenirs très spéciaux de Caroline et moi.
Un jour, nous verrons une entraîneuse diriger l’équipe nationale féminine. Ce n’est pas que je n’aime pas l’entraîneur-chef actuel, Troy Ryan, mais je vois Caroline diriger à ce niveau.
La voir être entraîneuse maintenant n’est pas du tout surprenant. Nous commençons à voir des femmes avoir des postes de direction aux plus hauts niveaux et je ne serais pas surprise si, éventuellement, elle obtient de même. Je sais qu’elle adore être l’entraîneuse de l’équipe féminine des Stingers de l’Université Concordia, à Montréal, mais je me doute qu’elle aura besoin d’un nouveau défi d’ici quelques années.