Patrick Roy souhaitait obtenir une autre chance d’être entraîneur-chef dans la LNH après sa démission de l’Avalanche du Colorado le 11 août 2016.
Ce sont les Islanders de New York qui lui ont finalement donnée, samedi, en remplacement de Lane Lambert. Finalement.
« C’est très significatif pour moi », a déclaré Roy, présenté à la presse new-yorkaise moins de deux heures après son embauche. « Lorsque je suis parti du Colorado, je m’attendais à ce que le téléphone sonne plus rapidement. Ce n’est pas ce qui est arrivé. Je comprenais que ma manière de quitter l’Avalanche n’avait pas été optimale. »
Plusieurs entraîneurs connaissent un meilleur sort à leur deuxième emploi. Roy assure qu’il a évolué lors des sept dernières années et demie et que cette évolution lui servira lors de son mandat chez les Islanders, qui commence officiellement dimanche, au UBS Arena pour un match contre les Stars de Dallas (19h30 HE; MSGSN, BSSW).
Le directeur général des Islanders, Lou Lamoriello, croit que Roy peut mener sa troupe aux séries éliminatoires cette saison. Les New-Yorkais ont perdu six de leurs sept dernières rencontres (1-5-1), mais ne sont qu’à deux points des Red Wings de Detroit et du dernier rang donnant accès aux séries éliminatoires dans l’Est.
« C’est la raison de son embauche, a même avoué le DG. Maintenant, ce sera aux joueurs de répondre, car je sais déjà ce que Patrick peut leur apporter. »
Roy peut se targuer d’être l’un des meilleurs gardiens – si ce n’est pas le meilleur – de l’histoire de la LNH. Sa carrière du membre du Temple de la renommée n’a plus besoin de présentation.
Et comme entraîneur, il a rapidement connu du succès dans la LHJMQ avec les Remparts de Québec, les menant à la conquête de la Coupe Memorial en 2006.
Après huit saisons au sein du hockey junior, il a connu des débuts fracassants avec l’Avalanche du Colorado, l’aidant à remporter le titre de la section Centrale avec une fiche de 52-22-8 dès sa première saison à la barre de l’équipe. Il a mérité le trophée Jack-Adams, remis au meilleur instructeur de la LNH.
Les choses se sont toutefois ternies par la suite. En 2014-15, l’Avalanche a présenté une fiche de 39-31-12, puis de 39-39-4 en 2015-16. De 112 à 90 à 82 points, avec deux exclusions des séries, la chute était évidente.
Lorsque Roy a remis sa démission, un peu plus d’un mois avant l’ouverture des camps d’entraînement de la saison 2016-17, l’Avalanche s’est retrouvée en position précaire. Joe Sakic était alors le directeur général de l’équipe, mais Roy occupait aussi le poste de vice-président des opérations hockey. Le Québécois a émis un communiqué expliquant que sa vision devait être « parfaitement de concert avec celle de l’organisation » et qu’il voulait « avoir son mot à dire sur les décisions influençant les prestations de l’équipe ». Selon lui, ces conditions n’avaient pas été respectées.
Ce départ dans de telles circonstances explique probablement, en partie, la raison pour laquelle son téléphone n’a pas sonné avant.
Après deux saisons loin des bancs de hockey, Roy a dirigé de nouveau les Remparts pour cinq saisons. Il a remporté une nouvelle fois la Coupe Memorial le printemps dernier.
Deux questions se posent :
Premièrement, Roy est-il maintenant un entraîneur différent de celui qu’il était au Colorado?
« C’est le jour et la nuit, a-t-il assuré. J’ai appris à respecter encore plus le travail d’entraîneur – arriver tôt à la patinoire, travailler fort avec les joueurs qui ont des idées. […] Nous voulons développer un partenariat avec les joueurs. Nous voulons que les joueurs achètent ce que le personnel d’entraîneurs fait, puis que de notre côté, nous puissions les aider à atteindre leurs buts. »
Deuxièmement, Roy aura-t-il un rôle au sein de l’état-major?
« Je n’ai aucun intérêt envers un tel rôle, a répondu Roy. Et c’est la première chose que j’ai dite à Lou. Même vers la fin de mon temps au Colorado, Joe était notre DG et il prenait la grande majorité des décisions. Oui, parfois il venait me demander mon opinion sur certaines choses, mais je n’avais aucun intérêt pour un rôle de gestionnaire [à New York].
« Et je vous dirais ceci : quand j’ai accepté le poste au Colorado, je pense que j’étais un peu rêveur et que je pensais pouvoir faire les deux (rôles). J’ai déjà assez de pain sur la planche. Je ne me soucie que de mes relations avec les joueurs et les médias, et je veux tenter d’utiliser les médias comme lien entre nous et nos partisans.
« Nos partisans sont extrêmement importants, et je veux qu’ils viennent voir nos matchs en étant emballés. Je veux que nos partisans marchent dans la rue en portant ce chandail et en étant fiers de cette équipe. C’est mon objectif. »
Si vous êtes un partisan des Islanders, comment pouvez-vous ne pas être ravi par cela?
« Je suis fier d’avoir pris le temps de retourner dans le junior, de travailler avec ces gars-là et de m’assurer de rester connecté avec cette culture différente, car le joueur d’aujourd’hui est bien différent de celui de mon époque, a soutenu l’homme de 58 ans, qui a pris sa retraite comme joueur en 2003. Les choses ont changé, et tu dois t’ajuster aux plus jeunes. Je suis vraiment heureux d’avoir pris cette voie et je suis très content d’avoir finalement reçu cet appel.
« Je n’étais pas malheureux sur le terrain de golf, je ne mentirai pas. Mais je vais vous le dire : c’était un appel qui était plus que bienvenu. »