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MONTRÉAL – Craig Ramsay sortait d’un match entre la Slovaquie et l’Allemagne chez les moins de 25 ans quand il a décroché le téléphone pour parler de l’un de ses anciens protégés, Juraj Slafkovsky.

« Juraj a un sourire contagieux. Il est et il sera longtemps un des favoris des partisans à Montréal. Mais pour moi, je revois toujours son sourire de jeune adolescent. Je n’avais jamais coaché un joueur avec une grille complète et des broches dans la bouche. Ça faisait beaucoup de métal.

« Je le regardais sur la glace et il ressemblait à un géant, mais il avait le look d’un enfant. »

Slafkovsky avait 16 ans quand il a croisé Ramsay sur son chemin une première fois. Il avait reçu une invitation pour jouer avec l’équipe nationale de la Slovaquie pour le Championnat du monde de 2021 à Riga en Lettonie.

Trois ans plus tard, Slafkovsky revoit des images de son premier entraînement sous les ordres de Ramsay.

« J’étais tellement nerveux, je ne pouvais pas réussir une seule passe à mon premier entraînement avec la véritable équipe de mon pays », a raconté Slafkovsky, mercredi après un entraînement du CH à Brossard. « Mais j’ai fini par me calmer. Nous avons joué le Championnat du monde en Lettonie. Quand tu joues avec de bons joueurs, ça aide aussi.

« J’ai porté mes broches longtemps, je les ai retirées un mois avant le repêchage à Montréal. C’était mieux sans pour les photos ! »

Ramsay raconte l’anecdote de la cage à poules et des broches avec un bonheur contagieux. À distance, il suit encore le progrès de son jeune protégé. Et il a le sentiment qu’il a contribué à lancer sa jeune carrière.

« Je veux toujours le bonheur de "Slavy", a-t-il dit lors d’une entrevue téléphonique au site de LNH, jeudi dernier. Il est l’un de mes joueurs préférés. J’ai adoré le diriger. Il avait 16 ans quand je l’ai invité pour le Championnat du monde. C’était la même chose pour Simon Nemec. Il y avait des personnes au sein de la fédération slovaque qui me disaient que je ne pouvais pas faire cela. Mais je leur disais que j’étais le coach et que je voulais leur faire confiance. Ils avaient très bien joué, mais Slaf n’avait pas marqué à sa première présence au Mondial.

« Je l’avais invité aux Jeux olympiques au mois de février suivant à Pékin. On connaît l’histoire. Il avait connu un tournoi incroyable. Il était pratiquement un héros pour les Slovaques après notre conquête de la médaille de bronze. »

Une transformation

Slafkovsky n’a pas juste connu une transformation physique avec la disparition de son sourire décoré de broches. Sur la glace, le numéro 20 trouve également ses repères à sa deuxième saison avec le CH. Utilisé à l’aile droite du premier trio avec Nick Suzuki et Cole Caufield, il vit ses meilleurs moments dans la LNH avec 12 points (sept buts, cinq passes) à ses 11 derniers matchs.

Ramsay s’attendait à le voir fleurir plus tôt que tard.

« Je ne suis pas surpris, non. Je suis impressionné, oui. J’avais parlé à Vinny Lecavalier avant le repêchage de 2022 et je lui avais dit que ce jeune ferait exactement tout ce que l’équipe lui demanderait. Plus tu lui en donnes, meilleur il sera. Il a un immense désir de s’améliorer et des habiletés formidables.

« Je le vois depuis longtemps. Il est un gros ailier de puissance. Toutes les équipes cherchent des attaquants dans ce moule, a-t-il continué. Il grimpe les échelons à Montréal, comme il l’avait fait avec l’équipe nationale. Au départ, je l’utilisais à l’aile du quatrième trio. Après quelques matchs, les gros noms de l’équipe venaient me voir pour jouer avec le jeune. »

Ramsay a profité d’un trou dans son horaire la semaine dernière pour regarder le match du Canadien contre les Capitals mardi dernier à Washington. Ce soir-là, Slafkovsky a marqué deux buts dans un même match pour une première fois.

« Je n’ai pas juste noté les deux buts, il a réalisé plusieurs bons jeux », a mentionné l’homme de 72 ans qui dirige la formation slovaque depuis la saison 2017-18. « Il a réalisé de bonnes lectures, il a bien joué défensivement, il a réussi de bonnes passes. J’attendais de le voir sortir de sa coquille. J’avais vu plusieurs matchs où il jouait bien, mais il ne transformait pas ses actions en un but ou une passe. Il n’avait pas de point. Malgré cela, il était l’un des meilleurs joueurs de l’équipe très régulièrement.

« Quand tu réalises les bonnes choses, tu sais que les buts suivront, a-t-il enchaîné. Il joue maintenant avec Suzuki et Caufield. Il sait qu’il doit saisir cette occasion. Il voit ça comme un honneur de patiner au sein du premier trio. Pour Suzuki et Caufield, je crois que c’est un cadeau de jouer avec un gros ailier comme Slaf. »

ANA@MTL: Slafkovsky amasse un troisième point

Un travaillant

Aux yeux de Ramsay, Slafkovsky a le bon équilibre entre le talent naturel, les habiletés et le désir de s’améliorer.

« Juraj a toujours eu ce côté travaillant, il voulait faire des exercices de plus sur la glace, mais aussi en gymnase. J’avais dit à Juraj assez rapidement qu’il devait apprendre à décocher ses tirs plus rapidement. La puissance et la force étaient là, mais pas la dégaine. Je lui disais qu’il en aurait besoin chez les pros. Les gros joueurs ont souvent besoin d’un peu plus de temps. Je vois une amélioration à cet effet.

« Il donne toujours son meilleur effort. Je l’ai vu grandir comme jeune joueur et comme jeune homme. J’espère que les Canadiens continueront à lui confier de grosses responsabilités. Il ne décevra pas son équipe. Il peut en prendre. Il sera un favori parmi les partisans. »

Slafkovsky avait les yeux brillants quand on lui a dit qu’on s’était entretenu avec Ramsay.

« Je reste en contact avec Craig, on se texte encore, a-t-il répliqué. Il a eu une grande influence pour moi. Il m’a aidé à changer mon jeu, à un moment où j’en avais tellement besoin. À 16 ans, il m’a fait confiance. Je pouvais jouer avec ma liberté, il me faisait tellement confiance. Je jouais en supériorité numérique avec l’équipe des hommes. Et c’est vrai qu’il me disait toujours de décocher plus de tirs. »

Il y a des trucs qui ne changent pas trop. Slafkovsky a aussi entendu cette même recommandation de la bouche de Martin St-Louis, Suzuki ou Caufield.

En 2004, Ramsay occupait un poste d’adjoint à John Tortorella quand le Lightning a gagné la première de ses trois conquêtes de la Coupe Stanley. St-Louis et Lecavalier étaient les moteurs offensifs de l’équipe. Près de 20 ans plus tard, les trois hommes gravitent encore dans le milieu du hockey.

Mais St-Louis n’a pas cogné à la porte de Ramsay pour mieux cerner Slafkovsky, surtout l’an dernier et lors des premières semaines cette saison.

« Non, je n’ai pas parlé avec Martin depuis longtemps, a confié Ramsay. J’aurais aimé recevoir un appel de Marty, je le connais depuis tellement longtemps. Ce n’est toutefois pas à moi de lui dire comment travailler ou coacher. S’il veut me parler, il a les ressources pour me trouver rapidement! S’il veut des informations, il peut toujours me téléphoner. Ça me fera plaisir. Je regarde toutefois Slaf et je me dis qu’il est sur le bon chemin. Martin a fait du bon travail avec lui. »

Et St-Louis a souvent dit qu’il ne cherche pas à se faire influencer par une autre personne avec l’un de ses joueurs, qu’il préférait porter un regard frais.