BRIGHTON, Massachusetts – Jim Montgomery n’entendait pas à rire sur le coup. Mais maintenant que de l’eau a coulé sous les ponts, l’entraîneur des Bruins de Boston s’esclaffe quand on lui pose la question brûlante, dans un corridor adjacent au vestiaire de son équipe.
A-t-il, oui ou non, sorti son français du dimanche lors d’une interaction animée avec les arbitres Frédérick L’Écuyer et Francis Charron lors du quatrième match de la série face aux Panthers de la Floride?
« Je pense que c’est assez évident », a-t-il admis en riant de bon coeur, lors d’une entrevue en français avec LNH.com.
Hors de lui après une contestation de but n’ayant pas tourné à son avantage, le pilote montréalais s’est fait prendre en flagrant délit par les caméras qui le filmaient en gros plan. Ceux qui savent lire sur les lèvres auront distingué une insatisfaction marquée et quelques mots d’église typiquement québécois.
On peut sortir le gars du Québec, mais pas le Québec du gars. C’est du moins ce qu’ils disent.
Depuis ce cocasse épisode, Montgomery a eu quelques autres discussions animées avec les officiels. Il s’est même permis quelques démonstrations de plongeon derrière son banc pour illustrer ce qu’il reproche de plus en plus aux joueurs des Panthers.
« Le hockey des séries fait ressortir les émotions et le message que je veux passer est important. Il y a des choses qui deviennent évidentes avec les reprises vidéo », a-t-il justifié, plus sérieusement.
Il n’y a plus aucun doute, l’entraîneur est aussi impliqué dans le match que les joueurs devant lui.
« Jim peut générer de l’émotion de plusieurs façons, a fait remarquer le défenseur Charlie McAvoy. Il devient facilement émotif. On peut voir à quel point le sort de l’équipe lui tient à cœur. On se bat pour notre vie dans ce vestiaire en ce moment. L’émotion est pure, elle est saine et elle est bonne. »
Les chances que le niveau d’émotions diminue dans cette série sont assez minces. Les Bruins ont évité l’élimination une première fois au cinquième match, mardi, et ils tenteront de forcer la tenue d’un match ultime vendredi au TD Garden.
Même s’il peut sembler perdre le contrôle quand on le voit enguirlander à peu près tout ce qui bouge avec véhémence et que son teint rougit lentement, l’entraîneur sait ce qu’il fait. Il a joué la game et il en est à sa sixième saison derrière le banc d’une équipe de la grande ligue – sa troisième participation aux séries.
Au même titre qu’une grosse mise en échec en plein centre de la patinoire, il est conscient qu’il peut infuser de l’énergie à ses ouailles, à sa manière.
« Les joueurs se nourrissent de l’énergie, et elle vient parfois de l’entraîneur, a expliqué Montgomery. Il n’est pas rare que les joueurs répondent et qu’ils se mettent à jouer avec la même énergie que j’ai pendant un match. »
Montgomery fait deux pierres d’un coup. Il laisse sortir un peu de frustration, et il appuie sur les bons boutons. Parfois même, la frustration peut être un bon moteur. On se souviendra que c’est un appel douteux à l’endroit de Jakub Lauko qui avait réveillé les Bruins dans le troisième match de la série.
« C’est bien de le voir réagir ainsi derrière le banc, a lancé le jeune Mason Lohrei. Il est tellement passionné. Il aime la game et il se soucie beaucoup de nous tous. On sait qu’il sera toujours derrière nous. Après ça, c’est très facile pour les gars de sauter sur la glace et de jouer dur pour lui. »
Enfin du temps
Pour la première fois depuis les 28 et 29 avril, les Bruins ont obtenu deux jours de pause entre deux matchs – une séquence de huit rencontres en 15 soirs. Ça ne laisse pas beaucoup de temps libres. Et surtout pas de temps où le hockey n’occupe pas toutes nos pensées quand on est un passionné comme Montgomery.
Ce dernier a profité de cette « longue » pause pour se changer les idées en assistant à un évènement à l’école de sa fille à son retour à Boston, mercredi.
« Ça m’a permis de reprendre mon souffle, a-t-il dit. J’ai pu passer du temps avec la famille. Si nous avions joué ce soir (jeudi), il n’y avait aucune chance que j’aille à l’école de ma fille. J’aurais été présent physiquement, mais ma tête aurait été ailleurs.
« Il faut trouver du temps pour décrocher un peu. Pour moi, c’est le matin et le soir avant de me coucher; les moments avec ma femme et mes enfants; les coups de téléphone avec mes amis. C’est très important. »
Ce l’est effectivement pour un homme qui passe son temps à générer de l’énergie derrière son banc. Le vrai travail reprend dans quelques heures.