David Savard_Vitor Munhoz_NHLI via Getty Images

MONTRÉAL - Il serait facile de ne voir que le côté négatif de la campagne 2022-2023 des Canadiens, mais ne pas se pencher de façon plus approfondie sur cette saison serait injuste.

David Savard](https://www.tricoloresports.com/fc/srvc0158-chandail-replique-2017-savard-58.html?utmsource=Canadiens&utmmedium=link&utmcampaign=CHCcontent&utmcontent=FR-0425-DavidSavardReplicaJersey)
Bien entendu, la troupe de Martin St-Louis a subi de nombreuses pertes, impactant le rendu sur la glace comme dans le vestiaire. L'équipe aurait assurément aimé pouvoir effacer puis reprendre certains duels, et il ne fait aucun doute qu'elle aurait voulu pouvoir compter sur bon nombre de joueurs malheureusement blessés pour un calendrier complet.
Mais ce n'est qu'une partie de l'histoire.
Malgré un contexte parfois défavorable, le Tricolore est parvenu à cocher plusieurs cases d'un plan élaboré en présaison : développer ses jeunes talents, poursuivre son processus de relance et trouver son identité en tant que club de hockey.
On peut dire que c'est mission accomplie.
Le mouvement jeunesse battait son plein et des signes encourageants ont démontré que la culture d'équipe a continué de s'implanter à chaque entraînement et à chaque match.
« Ils ont accepté le plan; dès la mise au jeu, ils sont à fond dedans », a expliqué le gardien Jake Allen au sujet des jeunes joueurs de l'équipe après la victoire de 3 à 1 du 28 février contre les Sharks de San Jose. « Ce n'est pas toujours parfait, ce n'est pas toujours beau, mais ils se relèvent tout de suite après une erreur, ils gardent la tête haute et ils continuent de jouer avec intensité. Ils ne perdent pas de temps à être frustrés, à bouder ou à faire la moue. Je pense que nos jeunes sont très matures, ici. »

Arber Xhekaj_Kaiden Guhle_François Lacasse_NHLI via Getty Images

Du personnel d'entraîneurs aux joueurs, le groupe de leadership ont fait un travail incroyable pour créer un environnement permettant à tous de contribuer dans la meilleure ligue de hockey au monde, peu importe leur niveau d'expérience. Plusieurs ont attribué avec raison le crédit à Martin St-Louis et à des joueurs comme le capitaine Nick Suzuki et son adjoint Brendan Gallagher.
Mais certains vétérans comme David Savard, un véritable héros de l'ombre dont l'apport a parfois été sous-estimé, ont joué également un rôle important dans la création de cet environnement.
« Il faut donner beaucoup de crédit à des gars comme Savvy, cette année, a expliqué Allen. Il garde vraiment ce groupe uni. Il joue de très grosses minutes, il ne reçoit pas de fleurs, il ne reçoit pas de récompenses, mais il garde le groupe uni. Il fait en sorte que les gars soient décontractés et détendus, et je crois que, s'il n'avait pas été là cette année, les choses auraient pu être très différentes. Je crois qu'il est une pièce très importante du casse-tête. »
Le quart-arrière d'expérience, dont la saison s'est terminée à la fin du mois de mars en raison d'une blessure au genou, a mené les Canadiens au chapitre des tirs bloqués avec 176 en 62 matchs et s'est classé au huitième rang de la Ligue dans cette même catégorie parmi tous les patineurs à la fin de la saison. Et seul son coéquipier à la défense Mike Matheson le devançait par sa moyenne de temps de jeu chez les Canadiens.
« Il fait un excellent travail pour désamorcer les situations difficiles, que ce soit par son maniement de bâton, avec son jeu physique ou, dans le pire des cas, en boquant un tir », a décrit Jack Johnson, défenseur de l'Avalanche du Colorado et ancien coéquipier de Savard avec les Blue Jackets de Columbus. « Peu importe ce dont il s'agit, il peut le faire, et il le fait très bien et efficacement. Bien positionner son bâton ou son corps ne fait pas lever les partisans de leur siège, mais c'est quelque chose que les entraîneurs et les coéquipiers apprécient. »

David Savard_Jack Johnson_Dave Reginek_NHLI via Getty Images

Les confrères actuels de Savard se sont fait l'écho des mêmes observations tout au long de la saison et, selon son instructeur Martin St-Louis, le natif de Saint-Hyacinthe apporte son lot de qualités intangibles.
« C'est dur à décrire », a mentionné St-Louis lors d'un point de presse, le 28 février dernier. « Savvy est un joueur incroyable. Je sais que certaines personnes disent qu'il n'est pas assez rapide, mais il faut faire attention à la façon dont on mesure la vitesse parce que son cerveau fonctionne à une vitesse très élevée. Savvy comprend où va le jeu et ses angles sont excellents. Il est conscient de l'endroit où se trouvent ses coéquipiers [sur la glace], et de l'endroit où est l'adversaire. Il est vraiment précieux pour l'équipe, et encore plus pour notre groupe de jeunes défenseurs. Il est le prolongement du personnel d'entraîneurs et il est dans les tranchées avec eux. C'est vraiment génial. »
Ce n'est donc pas surprenant que les médias montréalais aient nommé Savard récipiendaire du trophée Jacques Beauchamp-Molson 2022-2023 remis annuellement au joueur des Canadiens qui a joué un rôle dominant en saison sans avoir reçu d'honneur particulier.
Ses multiples contributions depuis son arrivée avec la Sainte-Flanelle est immesurable. Son soutien inconditionnel envers la recrue défensive Kaiden Guhle en est un exemple. Le 28 février dernier, lorsque le jeune de 21 ans a marqué à son retour au jeu, après s'être remis d'une blessure au bas du corps subie à la fin décembre, Savard a réagi comme un fier papa.
« Je l'ai regardé et il criait et il avait le plus gros des sourires au visage, a dit Guhle lors d'un point de presse d'après-match à San Jose le 28 février. C'est agréable d'être entouré de gars comme lui. Il me dit de garder les choses simples. Je lui ai fait quelques mauvaises passes, mais il a été le premier à me dire de ne pas m'en faire. Il est vraiment génial. »

Tout ça fait partie du travail d'un bon vétéran et, tôt dans sa carrière, Savard a eu la chance d'apprendre de quelques joueurs bien établis dans la Ligue comme Derick Brassard, même si ce dernier n'a que trois ans de plus que son homologue québécois. Savard, âgé de 32 ans, a également également reconnu le mérite de ses anciens coéquipiers Antoine Vermette et Fedor Tyutin, parmi tant d'autres, pour l'avoir aidé à s'adapter à la vie dans la LNH.
« Dans ma carrière ou dans ma vie en tant que telle, peu importe où je jouais, j'ai toujours pensé que c'était important de trouver le moyen d'amener tout le monde dans le groupe et d'avoir un groupe qui se tient, et je pense que ça part de là, a affirmé Savard. J'ai eu de bons vétérans qui ont fait la même chose quand je suis arrivé [dans la Ligue]. Parfois, on entend des histoires où certains vétérans font la vie dure aux recrues, mais ça n'a jamais été mon cas. J'ai toujours eu de bons vétérans qui m'ont intégré au groupe et qui m'ont bien traité, et j'essaie de faire la même chose à mon tour. […] Si l'on se sent à l'aise dans le vestiaire et à l'extérieur de la glace, ça se voit sur la patinoire, et je pense que c'est ce qui importe. »
Après avoir cumulé dix saisons d'expérience avec Columbus, Savard s'est amené au sein du Lightning de Tampa Bay en 2020-2021, où le groupe avait une confiance inébranlable envers tous les gars de l'équipe et envers le plan de match établi.
« Je pense que tout le monde poussait dans la même direction, tant lors des bons matchs que des mauvais. Le plan de match ne changeait jamais. Les gars restaient concentrés sur ce qu'ils devaient faire. Si on avait une mauvaise période, les gars revenaient [dans le vestiaire] et, sans dire qu'ils ignoraient ce qui venait de se passer, ils se disaient : "Ce n'est pas grave, ce sont des choses qui arrivent et on continue de travailler ensemble." Et le message était le même de la part des entraîneurs. »
Bien que les Canadiens aient encore du pain sur la planche avant de devenir prétendants à la coupe Stanley de manière constante et récurrente, il existe indéniablement certaines similarités entre la description que fait Savard du Lightning et l'édition actuelle de l'équipe. Des vétérans aux recrues, le Tricolore a fait preuve de caractère et de courage lors de matchs remportés à l'arraché, malgré un retard d'un ou de plusieurs buts, ou lors de défaites où l'effort et la détermination étaient à l'honneur.

David Savard_Vitor Munhoz_NHLI via Getty Images

Ce n'était pas toujours beau et ça n'avait pas à l'être.
Ces petites victoires à court terme façonneront les fondations du succès de l'équipe pour les années à venir.
Créer un environnement gagnant est plus facile lorsque des joueurs ayant connu des cultures d'équipes gagnantes en font partie. Ces leaders, assumant leur important rôle, peuvent ensuite transmettre leur sagesse à la prochaine génération de joueurs.
David Savard s'inscrit dans cette catégorie de leaders.
« Mon but reste le même : essayer de gagner une autre coupe Stanley. J'essaie juste de remplir un rôle qui aide l'équipe, et je pense que ça change chaque année, a-t-il expliqué. Je pense que la clé pour rester dans la Ligue nationale, c'est de s'adapter au meilleur de ses capacités au moule de l'équipe et au rôle qui nous est donné. C'est ce que j'essaie de faire, ici. On sait qu'on est jeunes et c'est à mon tour de transmettre les connaissances que j'ai apprises à travers les années. […] Si l'on veut gagner une coupe Stanley, ce sont les jeunes qui vont devenir dominants et on a besoin d'eux. Il faut leur transmettre le plus [de connaissances] possible et, en faisant ça, tout le monde en bénéficie. »