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Chaque mercredi pendant la saison 2018-19, LNH.com s'entretient avec un intervenant du monde du hockey pour discuter de leur opinion sur l'état de ce sport, de leur vie et de leur carrière, en plus de revenir sur l'actualité.
Cette semaine, cinq questions avec Owen Nolan.

CINQ QUESTIONS AVEC... Olivier Fortier | Dany Dubé | Gilles Courteau | Dominique Ducharme
Owen Nolan a joué 1200 matchs dans la LNH, jusqu'au début des années 2010, inscrivant 885 points en saison régulière, tout en totalisant 1793 minutes de pénalités. Premier choix au total des Nordiques de Québec au repêchage 1990, le robuste ailier droit natif de Belfast, en Irlande du Nord, a porté les couleurs de l'équipe jusqu'à sa délocalisation au Colorado en 1995. Il est passé aux Sharks de San Jose dans l'échange du défenseur Sandis Ozolinsh au début de la saison 1995-96. Il a passé la majeure partie des huit saisons suivantes chez les Sharks, agissant même comme capitaine de l'équipe entre les années 1998 et 2003. Les Maple Leafs de Toronto l'ont obtenu dans une transaction avant la date limite en 2002-03. Après avoir passé une saison complète à Toronto, il a successivement porté les couleurs des Coyotes de Phoenix, des Flames de Calgary et du Wild du Minnesota. Âgé de 47 ans et établi à San Jose avec sa famille, Nolan demeure une figure fort populaire auprès des partisans des Sharks, et il s'est prêté au jeu des cinq questions avec LNH.com dans le cadre du Match des étoiles de la LNH qui a eu lieu à San Jose dernièrement.
Bonjour Owen, en premier lieu comment se passe ton après-carrière en Californie? On constate que les partisans des Sharks te portent toujours dans leur cœur.
C'est toujours spécial pour moi d'interagir avec les amateurs. Ça me permet de les remercier pour tout le soutien qu'ils m'ont apporté pendant ma carrière. Je ne pouvais pas le faire comme je l'aurais voulu quand je jouais parce que nous sommes dans notre grosse bulle de joueur.
Pour ce qui est de mon après-carrière, je ne peux pas être plus heureux. Ma famille adore San Jose. J'y brasse des affaires en étant propriétaire de deux restaurants. Je m'implique également dans le hockey de mon fils Dylan, avec deux anciens joueurs de la LNH. Curtis Brown est l'entraîneur de l'équipe, Evgeni Nabokov et moi sommes ses adjoints. Nous avons un bon groupe de parents, j'ai un plaisir fou.
Évidemment, à San Jose, on n'a pas oublié l'exploit que tu as réalisé au Match des étoiles 1997 présenté ici. Te parle-t-on souvent du geste quelque peu arrogant que tu as posé en pointant du doigt l'endroit où tu allais loger la rondelle sur une échappée devant Dominik Hasek, avant de l'envoyer directement à l'endroit annoncé?
Il y a encore des gens qui me disent que ça demeure un de leurs moments préférés au hockey. Je n'avais jamais expérimenté un tremblement de terre avant ce Match des étoiles 1997, mais j'ai cru après avoir marqué mon troisième but que la terre tremblait et que le toit de l'amphithéâtre s'effondrerait.
On me parle tout le temps de ce but qui était mon troisième du match, mais on oublie que j'avais réalisé un record de la LNH pour un Match des étoiles en marquant mes deux premiers buts en l'espace de huit secondes de jeu.
J'ai réalisé un record de la LNH, ce qui est une source de fierté pour n'importe quel joueur, mais ce dont on se souvient c'est d'un moment.
Je voulais simplement amuser les gens en faisant ça. J'ai su rapidement que je n'aurais pas fini d'en entendre parler.

Tu as connu une longue et fructueuse carrière. De quoi es-tu le plus fier?
J'accorde peu d'importance aux statistiques. J'ai essayé de préconiser un style complet. Si, pour un match donné, ma robustesse était requise, je jouais de façon plus robuste. Si, pour un autre match, on avait besoin d'attaque, je mettais l'accent sur l'attaque. Si je devais me battre, je laissais tomber les gants. J'ai toujours voulu ajouter l'ingrédient du moment dont mon équipe avait besoin. Dans les années 1990, la LNH était une zone de guerre. Ça jouait très dur, ça n'a absolument rien à voir avec le hockey d'aujourd'hui. On essayait de survivre. J'ai toujours pensé à ce que je pouvais faire afin d'aider mon équipe à gagner. Je pouvais préconiser tous les styles et je faisais les ajustements pendant le déroulement des matchs. J'ai toujours fait passer les succès de mes équipes avant mes succès personnels.
Tu aurais pu gagner la Coupe Stanley si l'Avalanche du Colorado ne t'avait pas échangé aux Sharks au début de la saison 1995-96, la saison où l'équipe a savouré sa première conquête de la Coupe Stanley. Mais tu peux te targuer d'avoir aidé le Canada à mettre fin à une disette de 50 ans sans médaille d'or olympique en 2002. Est-ce une grande source de fierté?
Je conserverai un souvenir indélébile de ma participation avec l'équipe canadienne aux Jeux olympiques de Salt Lake City. D'être choisi pour faire partie de l'équipe regroupant les meilleurs joueurs de son pays, c'était un honneur suprême qu'on m'a fait. J'avais peine à le croire quand je me suis retrouvé dans le même vestiaire que les Joe Nieuwendyk, Mario Lemieux et les tous autres. Nous étions les meilleurs de notre pays et nous affrontions les meilleurs joueurs de tous les autres pays, et nous avons tout gagné.
Le plus mémorable pour moi, ç'a été les derniers moments du match de la médaille d'or. J'avais un bon sentiment avant l'affrontement contre les États-Unis. J'avais donc planifié la veille du match d'amener ma caméra dans le vestiaire de l'équipe. Je pensais que je pourrais filmer les derniers moments du match, si l'occasion se présentait bien entendu. Avec quelques minutes à jouer au match, je suis allé la chercher. Je ne me souviens pas si j'ai enlevé mon casque, mais j'ai commencé à filmer les gars au banc. Nous menions 5-2, j'étais confiant que nous n'allions pas bousiller l'avance. L'entraîneur Pat Quinn a appelé mon nom pour que je saute dans l'action, mais je lui ai répondu poliment que je ne pouvais pas parce que je filmais. Après notre conquête, j'ai continué de filmer les célébrations sur la glace. J'ai fait ça pour moi, tout simplement. J'ai montré la vidéo à mes coéquipiers, mais je n'ai jamais fait de copie. La vidéo est chez moi, je ne l'ai pas visionnée depuis un bout de temps. C'est pour que mes enfants voient un jour ce que leur père a fait pendant sa carrière.
Quels souvenirs gardes-tu de tes débuts dans la LNH à Québec?
Sur le plan hockey, je me souviens que ç'avait été une première saison très difficile en 1990-91. J'ai marqué trois buts et totalisé 13 points en 59 matchs. Je voyais peu d'action et je me disais que si je n'étais pas pour jouer et amasser beaucoup de points, j'allais faire ma marque d'une autre façon. Je frappais donc tout ce qui bougeait et je laissais tomber les gants. Je me disais que tant qu'à rester assis sur le banc des joueurs, j'irais m'asseoir au banc des punitions et au moins mon nom figurerait sur le sommaire du match. L'objectif derrière ça était de me créer plus d'espace pour ma deuxième saison. Je me suis battu contre des hommes et j'en ai eu plein les bras. J'apprenais à la dure. À ma deuxième saison, j'ai réussi 42 buts et on disait que c'était fou la différence qu'une saison pouvait faire. Ça n'avait rien à voir. J'avais beaucoup plus d'espace et de temps pour faire des jeux à ma deuxième saison parce que j'avais fait ma place à ma première saison.
Tout a commencé à Québec pour moi, mais j'ai aimé jouer pour toutes les équipes pour lesquelles j'ai évolué pendant ma carrière. Ce n'est toutefois pas un hasard si notre famille a élu domicile à San Jose! Ç'a été spécial de jouer pour des équipes canadiennes parce que les amateurs sont de véritables passionnés. Ce n'est pas pour rien que le hockey est le sport national du Canada.
C'est avec les Nordiques que je me suis lié d'amitié avec des joueurs comme Adam Foote et Mike Ricci. J'ai pu renouer avec Mike Ricci chez les Sharks. Avec ses cheveux longs et son sourire édenté, Mike a été pour l'organisation la version originale de Brent Burns. C'était tout un personnage. Il vient au haut de la liste de mes coéquipiers préférés. J'ai plein d'anecdotes avec lui.