HALIFAX - On pourrait croire que Vinzenz Rohrer a hérité du titre de capitaine de la formation autrichienne par défaut, simplement parce qu'il est le seul joueur repêché de son équipe. Un peu comme au hockey mineur, où le meilleur joueur se voit attribuer un rôle de leader parce qu'il marque des buts.
CMJ : Vinzenz Rohrer, l'homme au coeur de lion
L'espoir des Canadiens occupe un rôle clé au sein de la formation autrichienne qui connaît un difficile tournoi
Une petite discussion de quelques minutes avec l'espoir des Canadiens de Montréal suffit amplement pour comprendre que la lettre « C » qu'il porte sur son chandail n'est pas qu'une parure. Et dans un tournoi aussi difficile que celui que connaît l'Autriche, il sait que son rôle est plus important que jamais.
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La petite nation, promue dans le groupe mondial en 2020, a encaissé 20 buts en deux matchs, contre la Suède et la Tchéquie, et n'a toujours pas touché la cible. Ça ne risque pas de s'améliorer en soirée, jeudi, face au Canada.
« Nous ne sommes évidemment pas aussi bons que la plupart des équipes ici, il faut se l'avouer », a amorcé l'attaquant après la défaite de 9-0 contre les Tchèques. « Mais si nous voulons tenter de rester dans le coup, il faut avoir notre mentalité "cœur de lion". Sans ça, nous n'avons absolument aucune chance.
« Si nous respectons cette identité, il est possible d'accomplir de belles choses. Et je ne dis pas ça pour bien paraître. Il y a déjà eu des surprises dans ce tournoi, et je ne crois pas que nous sommes bien plus mauvais que certaines de ses petites nations. »
Malgré leurs insuccès, on ne pourra pas reprocher à Rohrer et ses coéquipiers de baisser les bras. En retard 8-0 contre la Tchéquie, en fin de troisième période, les Autrichiens bloquaient encore des tirs et ont tout tenté pour inscrire au moins un but. Ils ont quand même cogné à la porte malgré leur faible total de huit lancers.
Et cet effort n'était pas étranger au discours que Rohrer a livré dans le vestiaire, insatisfait du rendement des siens, au deuxième entracte.
« C'est quelque chose que je n'avais jamais vu auparavant, a raconté l'entraîneur Kirk Furey. Il a dit au groupe que nous avions le choix : soit nous plions bagage parce que c'est difficile, soit on décide de se battre. Ça en dit long sur son caractère.
« C'est un plaisir de le côtoyer, il a le cœur d'un lion. C'est un jeune qui n'abandonne jamais. Il est prêt à tout pour l'équipe et son énergie nourrit tout le monde autour. »
L'attitude de Rohrer et de ses coéquipiers a gagné le cœur des partisans d'Halifax. Ils ont entonné des cris d'encouragement et ont applaudi à tout rompre pour chaque lancer, chaque tir bloqué et chaque arrêt.
« Au début, on ne savait pas trop s'ils riaient de nous ou s'ils avaient pitié de nous, a lancé Rohrer. On a compris après qu'ils appréciaient nos efforts et qu'ils voyaient que l'on continuait à se sacrifier, qu'on ne baissait pas les bras. Le score final n'est pas beau, mais le sentiment était plutôt plaisant. »
Pour bien comprendre l'état d'esprit de Rohrer et de ses coéquipiers, il faut oublier la perspective nord-américaine que nous avons de ce tournoi. L'Autriche est loin d'avoir un bassin de talent aussi imposant que celui des grandes puissances, mais le simple fait d'évoluer dans le groupe mondial est un exploit en soi.
L'expérience acquise en se mesurant aux meilleurs de leur groupe d'âge est une victoire, et l'objectif principal est surtout d'éviter la relégation - de retour après deux ans d'absence. Ce n'est pas que le capitaine n'aime pas gagner, c'est seulement une question de gestion des attentes.
« C'est toute une chance pour les gars qui viennent de l'Autriche, a renchéri celui qui porte les couleurs des 67's d'Ottawa depuis l'année dernière. Ils peuvent voir à quel point ce tournoi est important pour les Canadiens, et qu'il fait en quelque sorte partie de la culture ici. C'est une expérience unique.
« C'est aussi une belle expérience personnelle pour moi. En tant que leader, je dois mettre l'accent sur les aspects positifs et m'assurer que tout le monde garde le moral. J'apprends beaucoup à travers ça. »
Dans les hauts, et surtout les bas de ce tournoi, le choix de troisième ronde du dernier repêchage ne perd surtout pas de vue l'importance de cette participation au CMJ dans son pays natal, et l'influence que son groupe peut avoir sur le développement du sport en Autriche.
« Les choses s'améliorent, on l'a vu avec les choix au repêchage des dernières années - Marco Rossi, Marco Kasper, Timo Nickl et moi, a-t-il conclu. C'est bizarre de dire ça après avoir encaissé 20 buts en deux matchs, mais notre but est d'inspirer la prochaine génération autrichienne qui regarde ça à la maison. »