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RICHMOND HILL, Ont - Lorsque Jordan Binnington a quitté son domicile de Richmond Hill pour se présenter au camp d'entraînement des Blues de St. Louis en septembre dernier, c'était à titre de quatrième gardien dans l'organigramme de l'équipe.

Dix mois plus tard, c'est en étant au sommet du monde du hockey qu'il est revenu chez lui, avec l'étiquette du petit gars du coin dont la persévérance lui a permis de devenir un héros au sein de sa communauté.
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C'est avec la Coupe Stanley que le gardien a effectué son retour, vendredi matin. Il en a profité pour prendre une photo devant l'affiche qui accueille les gens dans cette municipalité située au nord de Toronto. Sous les mots « Ville de Richmond Hill, population : 208 000 », on a récemment ajouté une deuxième affiche sur laquelle on peut lire : « Lieu de naissance du champion de la Coupe Stanley Jordan Binnington ».
« C'est moi ça! », a lancé le gardien en soulevant la coupe, sourire au visage.
Un sourire qui n'allait pas quitter son visage de toute la journée. Parce qu'après tout, il n'a aucune raison de le perdre.
Le gardien vient de connaître une semaine occupée.
Mercredi, il était à Los Angeles afin de prendre part à la cérémonie des trophées ESPY, qui récompense les meilleurs athlètes du monde du sport. Les Blues ont remporté le titre de la plus spectaculaire remontée après être passés de la dernière place du classement de la LNH au matin du 3 janvier pour finalement remporter la Coupe Stanley, et ainsi devenir la première équipe à accomplir un tel exploit après les 30 premiers matchs de la saison.
Puis, jeudi, le portier a célébré son 26e anniversaire. Son cadeau : la chance de pouvoir partager la Coupe Stanley le lendemain avec sa famille, ses amis et les résidents de Richmond Hill qui n'ont jamais cessé de croire en lui.
« C'est une semaine plutôt folle. J'essaye d'en profiter au maximum. »

Binnington, qui a remporté son premier départ dans la LNH 3-0 le 7 janvier face aux Flyers de Philadelphie, a maintenu un dossier de 24-5-1 avec une moyenne de buts accordés de 1,89, un pourcentage d'arrêts de ,927 et cinq blanchissages à sa première saison. Il est devenu le premier gardien recrue à remporter 16 parties en séries éliminatoires lors de la même année.
Au fil du périple des Blues vers la Finale, les gens ont découvert un gardien calme et réservé. C'était tout le contraire, vendredi.
Habituellement stoïque, Binnington a laissé ses émotions parler durant le défilé matinal au Richmond Green Park. Il laissait des cris de joie s'échapper à de multiples reprises alors qu'il soulevait la Coupe au-dessus de sa tête pendant que lui et sa conjointe Cristine Prosperi se promenaient dans une voiture décapotable devant des centaines d'enfants qui agitaient des ballons bleus et jaunes en l'honneur des Blues.
Le maire Dave Barrow a par la suite remis à Binnington les clés de la ville. Le seul autre athlète à avoir eu droit à un tel honneur est le triple champion du monde de patinage artistique Elvis Stojko.
« En séries, j'entendais que tout Richmond Hill m'appuyait et ça veut dire beaucoup pour moi. De rejoindre les gens et d'avoir une influence positive sur une communauté comme celle-ci, c'est très spécial pour moi. »

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Parmi ceux qui étaient derrière le gardien, il y a le programme de hockey mineur de Vaughan. Binnington en a fait partie pendant sept ans, tout d'abord avec les Rangers, puis les Kings.
C'est pourquoi, une fois les festivités terminées au Richmond Green Park, il a transporté la Coupe au complexe sportif où il a grandi. Il a permis aux joueurs actuels des Kings de prendre des photos avec le trophée, une façon pour lui de remercier l'organisation, devant ses anciens entraîneurs qui retenaient leurs larmes.
Lorsqu'il avait huit ans, Binnington a pris la décision de devenir un gardien plutôt qu'un attaquant. C'est l'entraîneur des Rangers Mike Vallescuro qui lui a donné son premier essai dans le demi-cercle. Le premier lancer qu'a reçu Binnington l'a frappé directement sur la tête. Il n'a pas grincé.
« C'est à ce moment que j'ai compris qu'il aurait du succès à cette position, a souligné Vallescuro. Mais à quel point? C'est quand même surréel de le voir aujourd'hui prendre des photos avec la Coupe. »
À ses côtés, David Franco hochait la tête. L'entraîneur-chef de l'école de gardiens Franco Canadian, qui a travaillé avec des anciens de la LNH comme Curtis Joseph, ne pouvait compter toutes les heures qu'il a passé dans cet aréna à travailler avec Binnington. Aujourd'hui, ce long travail portait ses fruits.
« Quand Jordan était un enfant et que j'ai commencé à lui enseigner, il pleurait lorsqu'il accordait un but. Il était compétitif à ce point », a raconté Franco. « Et maintenant, c'est moi qui ai les yeux humides en voyant à quel point il s'est rendu loin. »